L’espace Schengen, cette grosse blague
22 décembre 2019L’espace Schengen, cette grosse blague.
J’ai du mal à saisir ce qu’il reste de la liberté de circulation quand des myriades de militaires scrutent les moindre recoins de l’aéroport de Toulouse. Je veux bien que les gens flippent à cause du risque d’attentat qu’on nous pend au nez dans les médias manière qu’on se mette à paranoïer sur notre voisin dans un délire de contrôle panoptique, mais là, je comprends vraiment pas pourquoi il y en a autant. Ils ont pas l’air stressés les gonzes, ils sont là, posés, l’arme à la main, à mater les voyageuses qui passent devant eux.En même temps, ils ont pas l’air d’avoir autre chose à foutre…
Arrivés aux fouilles, une espèce de condé/stewart me lance un regard inquisiteur à la vue des stickers anticapitalistes et antifascistes collés sur mon ordinateur, pendant que mon acolyte de (road) trip passe sous un portique métallique quelques mètres devant moi.
« Vous allez où monsieur ?
– A Berlin !
– Pourquoi faire ? Pour travailler ?
-Non c’est les vacances!
– Alors pourquoi vous y allez ?
-Pour écouter de la techno ! »
Là le mec se détend, esquisse un sourire et lâche «Berlin…j’y étais en 79 j’ai vu un concert de Pink Floyd la bas, c’était un des meilleurs moments de ma vie !
« Oh, c’était l’année de sortie de The Wall, vous avez du vous régaler ! Je suis pas né à la bonne époque… »
Là, le type commence à rigoler et se fend d’un « Allez, bonnes vacances jeune homme ! » . Court moment de soulagement après ce mini- interrogatoire avec un flic mélomane. Je dis court, car il reste la dernière étape à passer , le fameux moment où l’on découvre si l’on est fiché S ou pas : L’embarquement.
Parce qu’évidemment, j’ai oublié de vérifier la validité de mon passeport -périmé depuis 3 mois – avant de partir, et les deux faces de ma carte d’identité tiennent avec un bout de scotch. Alors, évidemment, mes papiers sont emmenés sans moi dans une salle je ne sais où par une femme qui doit « en référer à sa supérieure ». Petit moment de stress, puis on la voit revenir. « Bon, pour cette fois c’est ok, mais pensez à faire refaire vos papiers à votre retour ». Bien madame.
Dix minutes plus tard, nous voilà dans l’avion, parés à décoller.
Le plus dingue dans tout ça, c’est que malgré toutes leurs politiques de contrôles sécuritaires, ils ont même pas capté mon maigre stock de plantes locales planquées dans le fond de mon sac à dos.
Par contre, pour traverser la frontière germano-belge en Flix-bus, il suffit de montrer la couverture du passeport français pour qu’il vous laisse passer sans même l’ouvrir pour vérifier sa validité (et heureusement), alors qu’encore une fois, les sacs contiennent quelques paradis artificiels ramenés de Berlin, et ça passe sans problème !
Enfin, c’est pas pour tout le monde ; les deux hommes noirs derrière nous se sont vu ouvrir et vérifier attentivement le même passeport français par les chauffeurs de bus.
C’est bien ce que je disais, l’espace Schengen, ce espace censé offrir la libre circulation dans l’union européenne à tous citoyen européen, se retrouve mis à mal par ses contradictions sécuritaires
La morale de cette histoire est la suivante : Il est plus facile de passer une frontière quand on est un petit bout de plante combustible que quand on est un humain. Et vive l’Europe !
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