Universités : débat sur la rétention des notes pendant que la mobilisation continue

La mobilisation obstinée de la communauté scientifique et universitaire contre le projet de loi de programmation de la recherche s’est à nouveau illustrée ce mardi 24 novembre à Montpellier. Étudiants, enseignants-chercheurs, assistants de laboratoire, professeurs : dans un contexte peu favorable, beaucoup étaient réunis, pour relayer l’appel national.
Une manifestation, déclarée auprès de la préfecture, a pu se dérouler sans encombres, débutant à 14h à l’université Paul Valéry pour se terminer symboliquement devant le rectorat, rue de l’université.
Mobilisés contre ce projet de loi, enseignants chercheurs et étudiants se sont d’abord réunis devant la bibliothèque universitaire de Paul Valéry en une petite ‘assemblée générale’. Ceci dans le but de délibérer sur les moyens d’actions à mettre en œuvre pour lutter contre le projet L.P.R. Chaque proposition a été débattue et votée à main libre, afin d’affirmer la volonté d’inscrire le débat dans un cadre démocratique. Parmi les propositions retenues ; l’appel à la grève administrative, le tractage intensif, l’appel à signer le courrier national pour une nouvelle délibération des parlementaires, reprise des assemblées générales tous les mardis à 12h, journées de grève nationale.

Une mesure cependant, ne fait pas l’unanimité et provoque une discussion plus mouvementée : faut-il, oui ou non, pratiquer la rétention de notes sur l’ensemble des élèves, y compris ceux en première année ? Sur cette question, les syndicats étudiants semblent espérer un peu de compréhension quant à la situation exceptionnelle qui caractérise la rentrée des premières années. Ces derniers craignent que la rétention des notes favorise l’ accroissement du décrochage scolaire, rendant ainsi la mesure contre-productive. Cette vision n’est pas partagée par tous et le débat se termine sur la résolution d’inclure les étudiants de première année à la discussion, lors de la prochaine assemblée générale mardi prochain.
Le combat se fera avec eux, le but n’est pas de risquer de s’en aliéner un bon nombre, mais au contraire de rassembler étudiants, chercheurs, et titulaires autour de la cause commune.
Les manifestants se retrouvent ensuite à la fac des sciences , tandis que beaucoup viennent grossir les rangs au fur et à mesure du circuit. François, enseignant chercheur a Montpellier s’est exprimé sur les raisons qui l’ont poussé à venir ici aujourd’hui : « On a beaucoup de revendications qui vont bien au delà de cette loi. Aujourd’hui, c’est une journée de mobilisation nationale à l’appel de l’intersyndicale et des collectifs en lutte contre la L.P.R. ». Selon lui, c’est « toute la loi qui va dans le mauvais sens » pour encore approfondir les défaillances déjà existantes d’un système qui ne fonctionne pas.

Tous s’indignent pour les même raisons, ils craignent la mise en concurrence des chercheurs les uns par rapport aux autres, conséquence naturelle de l’augmentation des financements par projets que prévoit la loi L.P.R. En effet, les projets financés devront répondre à une logique de rendement sur court terme. Cela explique par exemple que les projets sur le coronavirus aient été stoppés quelques mois avant la crise sanitaire en France, car jugés, ”peu rentables”. Appliquer une optique de rentabilité à la recherche va avoir des conséquences très dangereuses pour l’avenir, pour la santé des individus aussi.
Le projet de loi prévoit également la multiplication des ”CDI de projets”, et la ”baisse des titularisations” ce qui impactera grandement le statut des chercheurs, et favorisera la paupérisation d’une population pourtant essentielle au bon fonctionnement d’une société.
François précise que le loi impactera aussi les étudiants, « on va mettre les étudiants en concurrence pour rentrer à l’université, alors que ça devrait être un droit pour tous. Le projet de loi cherche également à criminaliser les luttes étudiantes et des personnels de l’université. » En effet, un amendement du projet de loi permet la pénalisation de l’acte de « pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement supérieur dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ». Un délit qui pourra être sanctionné à hauteur de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Le gouvernement a bien conscience que l’université participe grandement à l’élaboration d’une identité politique, partagée par bon nombre d’étudiants et d’enseignants, en opposition avec les prérogatives autoritaires de l’état. Permettre la criminalisation des luttes étudiantes c’est se débarrasser d’une contestation informée, éclairée, capable de rallier à sa cause d’autres tranches de la société. Finalement, « c’est quoi le message qu’on donne aux jeunes ? Travaille, consomme et ferme ta gueule ».

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