Jules Panetier libéré sans convocation après une audition « libre » pour outrage et provocation à la rébellion

Le Poing Publié le 17 janvier 2019 à 20:15 (mis à jour le 25 février 2019 à 16:53)

Jules Panetier, journaliste au Poing et militant anticapitaliste, a été convoqué aujourd’hui au commissariat de Montpellier pour des accusations d’outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique et provocation à la rébellion. Il a été libéré sans convocation et il vous livre son témoignage :


« Libre ! J’ai été auditionné pendant quarante minutes par une policière. Pendant les vingt premières minutes d’entretien, la policière m’a demandé le nom de mes parents, celui de ma compagne, si j’avais un permis, un diplôme, etc. Je suis étonné qu’on me repose mille fois ces questions : je suis fiché S et j’ai déjà répondu à ces questions anodines lors de précédentes convocations. Pendant les vingt dernières minutes, la policière m’a demandé si j’avais outragé des policiers et provoqué à la rébellion lors de la matinée du 5 décembre, aux abords de l’établissement scolaire Jean Mermoz, au cours du mouvement de protestation des lycéens. Je me suis contenté de répondre que je n’ai outragé personne ce matin-là, ni provoqué à la rébellion. J’ai tout simplement fait mon boulot de journaliste : j’ai filmé les interpellations, et parlé avec des lycéens pour savoir pourquoi ils se mobilisaient. En réalité, ce sont des policiers de la compagnie départementale d’intervention qui m’ont insulté ce matin-là, m’empêchant ainsi de reporter les faits avec sérénité.

Après l’audition, nous avons attendu – moi et mon avocate – pendant plus d’une heure dans une “salle d’attente” car le substitut du procureur de la république de Montpellier ne souhaitait visiblement pas prendre de décision sans en référer à son supérieur, preuve que l’affaire est politique. Je suis ressorti sans convocation ultérieure, mais il n’est pas impossible que j’en reçoive une par la suite. Par ailleurs, une autre policière m’a informé que je serais bientôt convoqué dans le cadre d’une autre “affaire”.

Je remercie infiniment toutes celles et ceux qui, à l’appel de l’assemblée de Montpellier contre les violences d’État et pour les libertés, se sont rassemblées devant le commissariat pendant mon audition. Ce collectif – l’assemblée contre les violences d’État – dénonce depuis de nombreuses années le tournant de plus en plus autoritaire pris par notre société, et qui atteint désormais des proportions inacceptables comme l’attestent les gilets jaunes blessés par des tirs de LBD à Montpellier, ou ceux de Bessan injustement incarcérés. Face à la répression, la solidarité est notre arme : rendez-vous ce mardi 22 janvier 2019 à 19h30 au Barricade (14 rue Aristide Ollivier, Montpellier) pour la prochaine réunion de l’assemblée de Montpellier contre les violences d’État et pour les libertés, au cours de laquelle nous continuerons d’organiser la solidarité avec toutes celles et ceux qui sont injustement réprimés dans le cadre de mouvements sociaux. »

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