Archives - Politique 2 mai 2014

La Valls de l’austérité

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Renzi incontra il primo ministro francese Manuel Valls

Pris de panique après l’hécatombe électorale des municipales, François Hollande a décidé de nommer Manuel Valls à la tête de Matignon. Lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, cet ambitieux n’y a pas été par quatre chemins pour nous expliquer que le changement, on allait définitivement se le prendre dans les dents.

Seules les chaines de désinformations en continu, les experts de l’expertise et autres professionnels du néant ont interprété la promotion de celui qui voulait « déverrouiller les 35h » comme une nouvelle étape du quinquennat. Mais n’a-t-on jamais vu un tournant rectiligne ? Bien loin de constituer une quelconque inflexion à la politique menée depuis deux ans, sa nomination ne fait que confirmer l’obstination du gouvernement à se fourvoyer dans le néolibéralisme et l’austérité sans fin.

Une politique de droite assumée

Après avoir prouvé qu’il était tout à fait capable de faire pire que Brice Hortefeux et Claude Guéant réunis à propos de l’intégration des Roms, Manuel Valls tient également à nous assurer qu’il n’a rien à envier à la droite quant à sa soumission aux ordres de Bruxelles et au grand patronat. À ce titre, rien n’a manqué : 12 milliards d’euros de baisse d’impôts pour les entreprises, suppression de la contribution sociale de solidarité des sociétés, 50 milliards d’euros de coupes budgétaires d’ici la fin de quinquennat, etc. Il ne mène pas cette politique par pur plaisir de voir souffrir les pauvres, mais car en bon capitaliste, il croit dur comme fer à l’absurde doctrine selon laquelle l’offre crée la demande et qu’il faut donc se plier aux exigences des entreprises en espérant qu’elles veuillent bien nous rétribuer généreusement quelques cacahuètes en retour. Un tel aveuglement est condamnable lorsque l’on prétend se faire le garant de l’intérêt général, mais peut être encore mis sur le dos d’une erreur d’analyse.

En revanche, là où l’affaire commence sérieusement à ressembler à une arnaque en règle, c’est lorsqu’il prétend faire augmenter les salaires… en les baissant ! Il a en effet annoncé que « dès le 1er janvier 2015, les cotisations salariales seront diminuées pour les salaires au niveau du SMIC pour procurer 500€ par an de salaire supplémentaire [soit 40€ par mois] ». En vérité, les cotisations salariales ne sont que du salaire différé appartenant au travailleur et lui permettant de vivre dignement : c’est-à-dire pouvoir aller chez le médecin en cas de maladie, s’assurer une retraite pour ses vieux jours ou bien encore être rémunéré en cas d’accident grave. Faire l’économie au travailleur pauvre de participer à cette solidarité commune lui donnera effectivement l’illusion de gagner 40€ de plus par mois, soit une misère, mais c’est en réalité autant d’argent qu’il devra forcément reverser d’une manière ou d’une autre, que ce soit sous forme d’impôt en plus ou de services publics en moins, puisque la loi oblige l’État à rembourser à la Sécurité sociale tout manque à gagner d’un allègement des cotisations salariales. Ce qui était autrefois pris en compte par la communauté tout entière sera donc désormais uniquement à la charge du travailleur qui devra se débrouiller seul pour payer sa retraite, ses soins de santé et l’éducation de ses enfants, et ce dans le cadre d’une privatisation grandissante des services publics. Hourra !

Tel est le contenu de l’odieux « pacte de solidarité » dont se targue le Parti prétendument socialiste. Comment ne pas être désorienté face à une telle trahison ? Pour ces gens chez qui rien n’a de sens et tout s’équivaut, protéger le système des retraites signifie reculer son âge de départ, sauver l’enseignement supérieur rime avec privatisation, augmenter les salaires revient à les baisser, et être de gauche peut s’accorder avec mener une politique de droite. Le résultat d’une telle confusion, c’est la résignation des nôtres devant l’austérité. À l’heure où les attaques se succèdent et les déceptions se décuplent, nous nous devons de répéter inlassablement qu’un autre monde est possible.

Jules Panetier

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