Répression post-Karnaval : Jambo libéré, Sylvain maintenu en détention (mars 2017)
Les militants anticapitalistes et antiautoritaires de Montpellier connaissent bien la répression : un jeune homme condamné à 2 mois de prison ferme avec mandat de dépôt pour une accusation d’outrage niée, une jeune femme condamnée à 1 an de prison avec sursis pour un tag, deux jeunes militants condamnés à 6 mois de prison avec sursis pour s’être débattu pendant qu’ils se faisaient matraquer ; alors que tous avaient des casiers judiciaires vierges.
Le vent semble tourner : le procureur réclamait 100h de travaux d’intérêts généraux pour un militant qui avait reconnu avoir marqué une inscription au feutre sur du mobilier urbain, et il a finalement écopé d’une amende avec sursis. Le juge a reconnu la nullité de sa garde à vue (il est illégal de placé en garde à vue une personne dont la peine prévue pour son chef d’inculpation est inférieure à un an d’enfermement). Aujourd’hui, le procureur a réclamé respectivement 10 mois de prison ferme avec mandat de dépôt et 6 mois de prison ferme plus quatre avec sursis pour Jambo et Sylvain, interpellés pendant le Karnaval des Gueux et notamment accusés de violences volontaires sur policier. Sauf que les dossiers des policiers ne tenaient pas la route : l’un affirmait s’être fait attaqué à coup de batte de base-ball pour finalement revenir sur sa version quelques heures plus tard, un autre affirmait que l’un des inculpés était meneur d’une émeute alors que rien ne corroborait cette version, une commissaire s’était constituée en tant que partie civile alors qu’elle a reconnue s’être fait mal au bras toute seule, etc. Sylvain et Jambo ont finalement été relaxé pour l’accusation de violences volontaires sur policier, mais respectivement condamnés pour d’autres chefs d’inculpations (dont la rébellion) à 10 mois de prison dont 7 avec sursis et 6 mois de prison dont 5 avec sursis (ça faisait un mois que Jambo était en prison, il a donc été libéré le jour même du procès), plus 1200€ d’amende pour chacun d’entre eux.
Ne soyons pas dupes : la « justice » bourgeoise est bel et bien au service du maintien de l’ordre. Alors comment interpréter ce « tournant » judiciaire ? Il n’est pas possible de livrer une analyse approfondie seulement quelques heures après le délibéré, mais on peut légitimement considérer que par cette décision , les juges ont voulu signifier aux policiers qu’ils avaient besoin que les dossiers qu’ils instruisent donnent au moins l’illusion de respecter le droit bourgeois pour pouvoir prononcer des condamnations sévères, et ce d’autant plus que les médias dominants locaux (dont Midi Libre !), sont plus méfiants qu’auparavant vis-à-vis des versions policières. Cette nouvelle tendance judiciaire vis-à-vis des militants peut être exceptionnelle ou bien plus pérenne, nous le verrons lors du délibéré du 20 avril 2017 concernant un jeune homme accusé d’outrage sur la base du simple témoignage d’un policier, et qui risque, selon le procureur, trois mois de prison ferme sans mandat de dépôt.
Il ne s’agit pas de mendier aux juges de bien vouloir être gentils, mais de profiter du fait que, cette fois-ci, la police a été désavouée par la « justice » pour argumenter publiquement en faveur d’une société débarrassée de l’état d’urgence, des oppressions racistes et sexistes de la police, de l’horreur des prisons, etc. Nous pouvons nous réjouir de ces décisions, mais nous ne devons pas oublier que nous n’avons pas obtenu la relaxe et surtout, que nous parlons ici de militants, et que bien d’autres personnes, non-militantes, continuent de se faire broyer par la « justice », loin des caméras et sans bénéficier de la solidarité collective. C’est à eux que nous devons penser aujourd’hui. Bientôt nous constituerons un comité de surveillance des comparutions immédiates. Mur par mur, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons.
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