Chronique ” Gaza Uregence Déplacé.e.s”`| Initiative un hiver chaleureux dans quatre camps de Gaza

5 décembre 2025
Initiative " Un hiver chaleureux" à Gaza crédit photo UJFP

Les équipes persistent à rendre l’hiver chaleureux: quand le froid hurle dans les tentes de Gaza et que la compassion naît dans le cœur des donateurs/ 5/12

Dans des nuits où seul le hurlement du vent brisait le silence, frappant les parois usées des tentes, et dans des camps épuisés par la pluie et alourdis par la boue, est née l’initiative Un Hiver Chaleureux, lancée chaque hiver par UJFP, mais qui, cette fois, a vu le jour au cœur même de la guerre, au milieu des cris des veuves et de la douleur des enfants dormant à même le sol glacé, le ventre vide, les yeux levés vers le ciel comme s’ils imploraient sa miséricorde. Gaza s’enfonçait peu à peu sous les eaux de pluie et sous les cendres de la destruction, et les tentes tout au long de la bande de Gaza s’étendaient comme des livres ouverts sur des pages de souffrance. Dans ces instants où les mots deviennent impuissants devant la dureté du paysage humain, UJFP a décidé de porter la chaleur de ses propres mains et de s’avancer vers ce qui reste des terres occidentales du secteur, vers des camps dressés sur le sable, sans infrastructures, sans sécurité, sans rien sinon la volonté de survivre. Leurs habitants avaient été déplacés de force, leurs maisons détruites et leurs vies réduites en poussière ; ils se retrouvaient étrangers dans leur propre terre, se réfugiant dans une tente qui ne les protégeait ni de la pluie, ni du froid, ni de la peur. Et lorsque les pluies tombèrent violemment, les tentes cessèrent d’être des abris et devinrent des marécages où le froid pesait sur la poitrine comme une pierre. Les mères posaient leurs mains sur le corps de leurs enfants pour les protéger de la brutalité du vent, tandis que les pères regardaient le ciel, impuissants, n’ayant pour seule arme que la prière.

Au cœur de cette scène éprouvante, l’initiative apparut comme un souffle de vie, comme une main posée sur l’épaule des déplacés leur rappelant que l’humanité n’était pas morte, et que la chaleur pouvait revenir même lorsque les vents balaient tout sur leur passage. Le début fut dans les camps des agriculteurs déplacés de Khuza‘a, Abou Taïma et ‘Abassan, à l’est, qui s’étaient installés dans la zone côtière d’Al-Mawasi à Khan Younès, là où les vagues frappent le rivage avec la même intensité que la peur et la perte frappent leurs cœurs. L’équipe y a ciblé quatre camps surpeuplés de milliers de familles : le camp Al-Somoud, dont le nom reflète l’attachement des habitants à la vie malgré tout ; puis le camp Al-Baraka pour les orphelins, où les enfants ayant perdu leurs parents levaient les yeux vers le ciel comme s’ils cherchaient leurs visages dans les nuages ; ensuite le camp Al-Joud, où les gens, malgré la pauvreté et l’injustice, continuaient de partager un même morceau de pain ; et enfin le camp Al-Fajr, où chaque matin naît malgré la longueur et le poids de la nuit.

Au cours de cette mission, portant des centaines de bâches plastiques, 400 bâches ont été distribuées aux familles dont les tentes luttaient contre la pluie comme des navires percés au milieu d’une tempête. Chaque bâche était comme un acte de sauvetage, protégeant les enfants de l’eau qui s’infiltrait dans les couvertures et trempait leurs petits corps frêles. L’équipe ne s’est pas arrêtée là : elle a réparé et restauré des dizaines de tentes pour des femmes ayant perdu leurs maris et se retrouvant seules à lutter pour la survie de leurs enfants. Chaque fois que l’équipe entrait dans une tente pour la réparer, la femme levait les mains vers le ciel, en pleurant, et disait : « Quand nous vous voyons, nous savons que nous ne sommes pas seules. » Ces mots se mêlaient au son de la pluie et aux gémissements du vent, créant un moment humain inoubliable, un moment qui disait que la compassion est encore possible, et que la solitude qui avait envahi les déplacés depuis leur expulsion pouvait être percée d’une ouverture de lumière.

À chaque pas, l’équipe avançait dans la boue qui collait à leurs pieds et les alourdissait, comme pour leur dire que le chemin était difficile mais qu’il en valait la peine. Ils se déplaçaient entre les tentes comme s’ils portaient les cœurs des gens entre leurs mains, car chaque tente était une histoire, chaque histoire une blessure, et chaque blessure avait besoin d’un geste de guérison. Les prières des femmes ne cessaient pas, s’élevant comme un fil de lumière au-dessus de toute cette obscurité. Les mères lançaient des youyous malgré leurs larmes, souriaient malgré la douleur : « Vous êtes ceux qui nous redonnent le sentiment que nous avons encore de la valeur. »

Pendant ces longues heures passées dans les camps, il semblait que la chaleur ne provenait pas seulement des bâches distribuées, mais du sentiment que quelqu’un entendait la plainte des déplacés, les voyait, se tenait à leurs côtés. Cette initiative était bien plus qu’une aide hivernale ; c’était un message humanitaire adressé au monde entier : qu’à Gaza, il y a des cœurs qui battent encore, malgré tout, et que la solidarité n’est pas un mot, mais un acte qui se vit dans la boue, dans les larmes, dans la sensation que la vie s’est effondrée soudainement entre les mains des gens.

Et pourtant, tout ce qui a été accompli jusqu’ici n’est que le début du chemin. Cette campagne, dont l’étincelle a été allumée dans ces quatre camps, n’est que la première étape d’un long voyage ; elle se poursuivra chaque semaine en ciblant un nouveau camp, jusqu’à ce que la chaleur atteigne chaque tente grelottante, chaque enfant se cachant derrière sa mère pour fuir la pluie, chaque vieillard ayant perdu la chaleur de sa maison et de ses souvenirs. À chaque nouvelle étape, à chaque nouveau camp, le besoin de générosité se renouvelle, car la vérité que l’on ne peut ignorer est que vos dons sont ce qui apporte la chaleur aux corps de ces familles ; ce sont vos dons qui transforment un morceau de plastique en toit protégeant un enfant, qui transforment un geste humain en une vie entière.

C’est pourquoi, aujourd’hui, nous avons un besoin urgent de davantage de soutien, afin de poursuivre ce que nous avons commencé, pour qu’aucune tente ne reste sans couverture, qu’aucun enfant ne dorme sur un lit mouillé, qu’aucune mère ne soit forcée de ravaler ses larmes faute de pouvoir protéger ses enfants du froid de la nuit. À chaque don reçu, nous ressentons qu’une nouvelle main s’est tendue pour sauver un petit cœur de la froideur, et que l’humanité du monde n’est pas encore éteinte. Et lorsque l’équipe a quitté la dernière tente du camp Al-Fajr, le sol était encore boueux, le ciel toujours couvert, mais les visages des gens brillaient d’une nouvelle lumière : la lumière de l’espoir, de la chaleur née de la peur. L’initiative n’était pas simplement une bâche tendue au-dessus d’une famille, mais un véritable hiver chaleureux, un hiver qui rend à l’être humain son humanité et lui dit : Nous sommes avec vous… nous ne vous abandonnerons pas.

Lien vers les photos et vidéos

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