Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | A Gaza Israël déracine et assassine , jusqu’à l’enfance, ce n’est plus possible !

24 juillet 2025
Israël déracine l'enfance à Gaza

Le 23 Juillet Abu Amir écrit : les ceintures de feu, un incendie qui ne s’éteint ni sur les corps ni dans les cœurs des enfants . Notre silence est une complicité !!!
Quand les villes ferment leurs portes à la tombée de la nuit, les habitants de Gaza ouvrent les yeux sur un enfer sans fin. Ailleurs dans le monde, les enfants s’endorment bercés par des contes de fées et des rêves colorés, alors qu’ici, ils s’endorment au son des bombardements et se réveillent sous des pluies de feu tombant du ciel. Ce n’est ni une guerre éclair, ni une vague passagère de violence – c’est une vie entière redessinée sous le poids des flammes, où la peur devient une routine quotidienne, et où le bruit des avions devient aussi familier que les battements du cœur.
Ici, rien ne se construit… tout s’effondre : les maisons, les écoles, les âmes, et l’enfance. Les ceintures de feu larguées par les avions de l’occupation ne sont pas de simples bombes, mais des fouets de feu déchirant le ciel, transperçant les murs des maisons et des tentes, déclenchant les cris des enfants qui fuient leur sommeil pour se réfugier dans les bras de leurs mères. Il n’y a pas de temps pour comprendre, ni pour poser des questions – seulement des cris, de la panique, et de petits corps tremblants sous les couvertures.
Ce n’est pas un récit imaginaire, ni une scène dramatique tirée d’un film de guerre. C’est une réalité qui se répète chaque nuit, sous un silence mondial assourdissant. Et quiconque lit ces mots sans en ressentir le poids devrait se demander : combien d’enfants doivent encore crier pour que nous nous réveillions ? Combien de bombes doivent tomber avant que nous agissions ?
Une panique qui déracine l’enfance
Lors de l’une de ces nuits sans nom – car toutes les nuits ne forment plus qu’une seule –, une petite fille s’est réveillée, criant de terreur. Elle croyait que leur maison brûlait, que le ciel s’effondrait. Les bombes déchiraient l’air, et les ceintures de feu illuminaient l’obscurité de flammes dévastatrices. En larmes, elle courut vers sa mère, s’agrippant à sa taille de ses bras frêles, enfouissant son visage dans sa poitrine comme pour s’abriter du monde entier. Et sa mère… n’était qu’une femme essayant de ne pas s’effondrer, de peur que son enfant ne s’effondre entre ses bras. Voilà ce que m’a raconté une mère dans le camp d’Al-Fajr, alors que je passais entre les tentes. Cette scène ne se produit pas une seule fois… mais des centaines de fois en une seule nuit. Les bombardements ne cessent pas, les sons de la peur ne s’arrêtent jamais. Que dire alors de ceux qui n’ont même pas de murs, de ceux qui dorment sous des tentes déjà fissurées par la pluie, que dire d’elles sous les bombes ? Et que dire de ceux qui ont dormi sous les décombres d’une maison bombardée, et dont les alentours sont visés à nouveau aujourd’hui ? Ce dont nous parlons ici, ce n’est pas une scène temporaire – mais d’une vie entière devenue un enfer permanent, d’une enfance assassinée chaque nuit sous les yeux du monde.
Pas de lignes rouges… Tout le monde est sous le feu
Les avions de l’occupation ne cherchent pas des cibles, mais des vies à éteindre, une sécurité à transformer en illusion. Ils ne distinguent pas entre le corps d’un résistant et celui d’un nourrisson, entre une maison habitée et un abri bondé, entre une rue résidentielle et une ambulance. Le feu tombe sur tous, sur les vivants comme sur les morts à peine ensevelis. Les ceintures de feu, par leur pluie continue de flammes, sèment la terreur dans les âmes des enfants, paralysent les cœurs de leurs mères, et détruisent tout ce que l’on croyait être un refuge.
À chaque bombardement d’un quartier, ce ne sont pas des bilans militaires qu’on ouvre, mais les portes des cimetières ; les lits se retournent sur les enfants qui y dormaient, et des mères sont arrachées des décombres en hurlant, non pour la perte de leur maison, mais pour celle d’un morceau de leur cœur qui dormait dans un coin. Il n’y a ici aucun lieu sûr : ni maison, ni école, ni hôpital, ni tente. Le ciel ne pardonne pas, et la terre n’a plus de place.
L’injustice ne réside pas uniquement dans les bombardements, mais dans le fait que l’on s’y habitue. Qu’un enfant s’habitue à porter un linceul comme d’autres portent un cartable. Que les pleurs des enfants au son des bombes deviennent une scène “normale”, sans étonner personne, ni susciter la moindre compassion. Que les sirènes deviennent comme une berceuse du soir, et que se cacher sous une table devienne un rituel nocturne. Qu’on demande à la victime de se taire pour ne pas déranger son bourreau, et de convaincre le monde de son humanité pour que son sang mérite d’être mentionné.
Ici, il n’y a pas de lignes rouges : tout sang est permis. Aucun droit international respecté, aucun accord honoré, aucune institution protectrice. Tout dépend du caprice d’un avion qui décide qui vivra et qui sera enterré. Les ceintures de feu redessinent le quartier non selon une logique militaire, mais une logique d’extermination silencieuse : destruction délibérée des foyers, des souvenirs, des familles, et de toute foi en la vie. Ainsi, la peur devient la langue maternelle, la terreur la première leçon de l’enfance, et le silence le seul refuge pour un peuple dont l’âme est broyée chaque jour sous les chenilles de l’indifférence.
Des cicatrices indélébiles, même après le silence des bombes
Chaque nuit laisse une marque indélébile. L’enfant qui se réveille en hurlant à chaque cauchemar ne pourra jamais oublier. La fillette qui s’accroche à sa mère toute la nuit ne redeviendra jamais la même. Même si les avions se taisent un instant, les blessures psychologiques restent profondes, impossibles à soigner. Troubles du sommeil, peur des bruits, perte de toute sensation de sécurité, effondrement de la confiance en la vie elle-même — autant de blessures invisibles qui rongent l’enfance de l’intérieur.
Une psychologue de nos équipes témoigne :
« Le plus douloureux, c’est que lorsqu’un enfant entend le bruit d’un avion, il ne demande pas “qu’est-ce que c’est ?”, mais “allons-nous mourir maintenant ?” »
Votre silence est une complicité dans la souffrance
Si ce texte ne vous touche pas, alors quelque chose s’est brisé en vous. Car ces enfants ne meurent pas seulement sous les bombes, mais aussi sous le silence du monde, sous la froideur des écrans, sous le défilement banal de l’information sans frisson dans le cœur. Ces ceintures de feu qui s’abattent chaque nuit sur leurs âmes ne s’éteindront que lorsqu’elles embraseront la conscience de ceux qui lisent.
Nous ne demandons pas grand-chose
Nous ne voulons ni conférences, ni communiqués de condamnation. Nous n’attendons pas de longs discours sur la « situation humanitaire » en langage froid et neutre. Nous voulons seulement que le monde ouvre les yeux sur une vérité ensevelie sous les décombres chaque nuit. Nous voulons que vous sachiez — simplement que vous sachiez — ce que signifie grandir en se cachant des bombardements, apprendre les noms des avions avant d’apprendre l’alphabet, vivre chaque nuit comme si c’était la dernière.
Nous voulons que vous voyiez, ne serait-ce qu’un instant, comment un enfant se colle à sa mère dans le noir, tremblant non pas de froid mais du bruit d’un avion, se réfugiant dans ses bras comme s’il implorait d’échapper à une mort qu’il ne voit pas, mais dont il sent déjà l’ombre approcher. Nous voulons que vous imaginiez le son des cris d’enfants dans le silence nocturne, ce silence brisé uniquement par les explosions, le verre éclaté, et l’écho des âmes arrachées sans avertissement.
Nous ne demandons pas des miracles. Nous réclamons simplement un droit élémentaire, qui paraît insignifiant à ceux qui le possèdent : le droit de vivre. Être traités comme des êtres humains. Que nos enfants dorment la nuit sans que le ciel ne s’embrase au-dessus de leurs têtes. Que nous n’ayons plus peur de la nuit, ni de la lumière, ni de l’ombre, ni du silence. Nous voulons élever nos enfants dans leurs rêves, pas dans leur peur. Que l’enfance ait une place à Gaza, au lieu d’être piégée entre la peur et les décombres. Ce ne sont pas là de grandes exigences, mais le strict minimum que mérite toute humanité. Nous ne cherchons pas votre pitié, mais votre éveil. Une conscience vivante dans un monde où les cris se multiplient sans plus jamais être entendus. Un instant où l’on se met à la place d’un enfant à Gaza, pour ressentir, ne serait-ce qu’un instant, toute la douleur qu’il traverse avant que le matin n’arrive.
Le cri de nos enfants dit tout
« Laissez-nous vivre, juste vivre en paix. »
Cette phrase n’est pas une supplique, mais un témoignage d’un siècle d’injustice, une plaie ouverte que le silence ne peut guérir.

 

 

 

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