Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | A Gaza, la faim autre visage de la destruction
27 octobre 2025Le 26 Octobre un rapport humanitaire sur la dégradation continue des conditions de vie dans la bande de Gaza et le rôle des équipes de l’UJFP dans l’aide quotidienne
Bien que le bruit des canons se soit tu et que l’odeur de la poudre commence à se dissiper dans l’air du territoire, la douleur demeure présente dans chaque coin de Gaza. La guerre est terminée, oui, mais ses traces subsistent comme une malédiction éternelle refusant de s’effacer. Les habitants vivent d’un espoir différé, et leurs rêves les plus simples s’évanouissent au premier poste de contrôle ou à la première porte fermée. La paix n’est pas encore arrivée, et la souffrance n’a pas cessé ; elle a simplement changé de forme, passant des bombardements qui tuaient les corps à la faim qui dévore les âmes.
Dans les camps surpeuplés et les ruelles étroites remplies de tentes blanches déchirées, les gens marchent la tête baissée, traînant leurs pas sous le poids des jours. Leurs yeux racontent l’histoire sans mots : celle d’un peuple qui attend quelque chose dont il ignore l’heure de sa venue. Ici, la patience est devenue la langue de la vie, et la survie un art que seuls les habitants de Gaza maîtrisent.
La poursuite de la tragédie humanitaire malgré la fin de la guerre
La guerre est finie… mais la mort rôde encore sous d’autres formes. Les points de passage commerciaux s’ouvrent et se ferment au gré des humeurs israéliennes, comme si la vie de plus de deux millions de personnes dépendait d’un caprice. Les rares camions autorisés à entrer ne transportent qu’une fraction d’aides, insuffisante pour couvrir les besoins de la population. Et dès que ces aides atteignent les institutions locales, commence le chaos de la distribution : la justice se dissout dans la poussière de la foule.
Les gens font la queue des heures durant, sans savoir quand viendra leur tour — ou s’ils en auront un. Le tableau est douloureux : visages épuisés, mains tendues, cœurs suspendus à un reste d’espoir. Chaque boîte de nourriture, chaque sac de farine est devenu un trésor pour lequel on se bat. Dans cette confusion, l’organisation disparaît, la transparence s’efface, et les droits se perdent dans la cohue.
L’Agence de secours des réfugiés, autrefois dernier espoir des pauvres et des déplacés, demeure silencieuse. Elle n’a pas encore repris pleinement son rôle humanitaire ni distribué les aides tant attendues. Elle semble, elle aussi, victime de la bureaucratie et de la paralysie internationale. Les familles regardent ses centres fermés avec tristesse : « Où êtes-vous ? N’est-il pas temps de revenir ? »
Des marchés pleins… et des poches vides
Ironie tragique : les prix des denrées alimentaires ont baissé par rapport à la période de guerre. Mais qui peut acheter ? Le chômage s’est propagé comme une traînée de feu, et les revenus se sont presque totalement évanouis. Le père de famille s’arrête devant l’épicier, contemple les produits avec impuissance, puis repart les mains vides. La faim est devenue une routine quotidienne, et le repas un rêve lointain.
Les commerces regorgent de marchandises, mais les clients se font rares. Personne n’a les moyens. Les ouvriers ayant perdu leur emploi n’ont plus que l’attente pour ressource. Pas de salaires, pas d’aides, pas d’horizon. Cette cruelle contradiction — l’abondance des biens face à l’impossibilité de les acheter résume tout : Gaza affamée au milieu des marchés ouverts.
Les files sans fin… et l’eau insuffisante
Du nord au sud de la bande, des files interminables de déplacés s’étendent devant les centres de distribution d’eau et de nourriture. Des enfants au visage couvert de poussière, des femmes portant des seaux vides, des hommes brandissant leurs cartes d’attente. Les heures s’écoulent lourdement ; l’eau distribuée est rare et insuffisante, et la nourriture ne calme que temporairement la faim.
Mendier est devenu un phénomène quotidien alarmant. Des milliers de personnes arpentent les rues non pour demander de l’argent, mais du pain. Hommes, femmes et enfants se tiennent devant les boulangeries et les petites boutiques, murmurant d’une voix brisée : « Un shekel… juste pour acheter du pain pour mes enfants. » Dans les marchés, de jeunes enfants stationnent devant les étals de falafels, suppliant du regard avant même de parler, quémandant une bouchée pour calmer leur faim. La faim est devenue un autre visage de la destruction, aussi cruel que la guerre elle-même.
Le rôle des équipes de l’UJFP : un rayon d’espoir dans l’obscurité
Au milieu de cette tragédie, un rôle humain, celui des équipes de l’UJFP, qui poursuivent leur travail sans relâche dès les premières heures du matin, malgré la dureté des conditions et la pénurie de moyens,Ces anonymes commencent leur journée avec le feu de l’espérance, préparent de grandes marmites, cuisinent des repas chauds variés pour les familles déplacées qui attendent avec impatience.
Des zones côtières de Khan Younès jusqu’à Deir al-Balah, les volontaires transportent la nourriture comme un message de vie. Chaque repas distribué est une déclaration d’humanité disant : « Nous ne sommes pas seuls dans cet enfer. » Femmes et enfants patientent dans les files, et les visages s’illuminent lorsque les repas arrivent. L’odeur du riz et de la soupe se mêle aux larmes, transformant ce court instant en un rare moment de chaleur au milieu du froid et du manque.
Le don invisible… mais porteur d’espérance
Chaque marmite cuisinée, chaque repas remis à une famille déplacée, repose sur la générosité continue de personnes au grand cœur qui n’ont jamais abandonné leur devoir humain. Ces bénévoles croient que la bonté ne se mesure pas aux paroles, mais aux actes ; si modeste soit-elle, chaque contribution peut transformer la vie de milliers d’affamés. Grâce à ce soutien bienveillant, les équipes demeurent sur le terrain, travaillant sans répit pour maintenir la flamme de l’espoir allumée dans des cœurs usés par la faim mais encore habités par la foi en la compassion humaine.
Dans de telles conditions, l’action humanitaire n’est pas seulement un devoir, mais une nécessité vitale. Les déplacés, privés de leurs foyers, vivent aujourd’hui dans des camps dépourvus de tout : pas d’eau potable, pas d’électricité, pas d’intimité, ni de nourriture suffisante. C’est là que les efforts quotidiens de l’UJFP préservent la dignité humaine.
Les repas chauds distribués sont une véritable ligne de vie pour des milliers de personnes : la différence entre la faim et la survie, entre l’abattement et l’espérance.
Chaque marmite de nourriture signifie qu’une famille mangera ce soir, qu’un enfant dormira rassasié, qu’une mère ne pleurera pas sur la faim de ses petits.
Les équipes ne se contentent pas de distribuer ; elles organisent, identifient les familles les plus démunies et agissent sur le terrain malgré les risques et les difficultés de déplacement. Travailler chaque jour dans ces conditions exige une foi profonde dans la mission humanitaire et un courage comparable à celui des combattants sur le front. Ces volontaires sont devenus des symboles de résilience humaine, redéfinissant le sens de l’héroïsme dans un monde réduit en cendres.
Chaque repas distribué porte en lui une histoire : celle d’un enfant souriant pour la première fois depuis des semaines, d’une mère rendant grâce parce que ses enfants ont mangé chaud, d’un vieil homme levant les mains pour bénir les volontaires qui ne l’ont pas oublié. Ces instants d’humanité restent gravés dans la mémoire de ceux qui les vivent.
À Gaza, les gens n’ont pas besoin de paroles de pitié, mais d’actes concrets. La guerre terminée n’a laissé derrière elle que la douleur et la faim. Pourtant, certains persistent à créer l’espoir au milieu des ruines.
Les équipes de l’UJFP incarnent aujourd’hui le pouls de l’humanité dans un territoire épuisé par la tragédie. Elles prouvent que la générosité peut être plus forte que la destruction et que sauver une vie est une bataille aussi noble que n’importe quelle guerre. Oui, la bande de Gaza reste meurtrie. Mais tant qu’il y aura quelqu’un pour offrir un repas chaud avec un sourire, la vie continuera de s’accrocher à la terre.
Et tant qu’il y aura des âmes croyant que la bonté est un acte, non un mot, Gaza restera fière malgré la faim, l’humanité sera plus forte que la cruauté, et la compassion plus grande que le siège. Ici, au cœur de la destruction et du manque, chaque matin, l’espoir renaît d’une marmite bouillante, alimentée par la foi en l’Homme.
Lien vers les photos et vidéos
Fournir des repas au camp des agriculteurs
https://drive.google.com/drive/folders/1Uc12a7yDhiB4t1_cs9xZFmQRXw4hcexn
Fourniture de repas au camp d’Al Hilal
https://drive.google.com/drive/folders/1hlq49DFsgdzHbvSqOttXe_Ob9B28Bn2p
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