Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | A Gaza le plan de paix, une sombre comédie!
28 octobre 2025Abu Amir décrit avec une ironie mordante dans un texte du 27/10 :«La pièce de théâtre de la paix = 11 délégués qui gèrent la trêve depuis une colonie illégale !»
Voilà une scène burlesque qui mérite le prix du «Meilleur comique politique en temps de catastrophes» ! Israël annonce fièrement, avec une supervision américaine tout aussi prestigieuse, l’arrivée de 11 envoyés militaires issus de 11 pays, dont la mission «noble», comme ils la décrivent, consiste à consolider le cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Une scène diplomatique solennelle! Si ce n’était que leur quartier général se trouve sur une terre volée, au sein d’une colonie illégale appelée «Kiryat Gat» ! Quelle ironie ! Ils viennent au nom de la paix pour s’asseoir sur l’ombre même de l’occupation, parlant de droit international depuis un bâtiment construit sur ses ruines ! Comme si l’on accueillait un comité de lutte contre la corruption dans le siège d’une mafia professionnelle !
Pour rendre la scène encore plus grotesque, Israël a signé un accord visant à ouvrir le passage de Rafah aux voyageurs et à garantir la liberté de mouvement. Mais rien n’a été ouvert sauf les carnets de calcul politique, et seule une porte a été actionnée : la porte des prétextes ! Les malades attendent leur voyage vers les soins, et les voyageurs attendent la porte vers la liberté, tandis qu’Israël marche au-dessus de toutes les clauses sans la moindre honte. Quant à l’article sur l’ouverture des points de passage commerciaux et l’entrée des camions humanitaires, il a été traité avec la logique du «mettez-le au frigo jusqu’à ce qu’il pourrisse». Toute aide qui entre doit être légère comme une plume et passer par un décapsuleur sécuritaire nommé «vérification sécuritaire» !
La comédie noire se déploie ainsi chaque jour davantage. Chaque matin, Israël proclame son attachement strict aux clauses qui garantissent uniquement sa sécurité et ses droits : récupérer ses prisonniers vivants pour exhiber son statut de «victime», et récupérer ses morts pour affirmer qu’«elle ne laisse personne derrière». Comme si elle était un ange de miséricorde affligé du sort de ses combattants. Mais où se trouve sa miséricorde lorsqu’il s’agit des droits des Palestiniens ? Où sont les clauses de l’accord garantissant la reconstruction, les médicaments et la nourriture ? Où est le droit d’une mère d’embrasser son dernier enfant resté sous les décombres ? Israël parle de «droits» comme un crocodile parlerait de «végétarisme». Personne ne la croit, sauf ceux qui préfèrent fermer les yeux par confort.
Israël déclare avec arrogance que «la sécurité passe avant tout». Mais la sécurité de qui ? Celle de l’occupation ou celle des propriétaires légitimes de la terre ? À chaque fois que l’occupation prononce le mot «sécurité», de nouvelles chaînes s’ajoutent au Palestinien, et un nouveau terme s’ajoute au dictionnaire du siège, un de ces prétextes ingénieusement fabriqués au-dessus de chaque accord.
Quant à «l’ouverture des points de passage» célébrée comme une grande victoire historique, elle s’est révélée être un bouton ON/OFF entre les doigts d’un petit officier derrière un écran : son humeur passe avant le passage des gens. Et lorsque les organisations internationales évoquent la nécessité de faire entrer des bulldozers à Gaza pour sortir les corps ensevelis, Israël bâille et répond : «Nous allons étudier la question», comme si les victimes n’étaient que des dossiers en attente sur un bureau bureaucratique ennuyé par la hiérarchie des priorités. Les bulldozers qui ont détruit les maisons sont arrivés en quelques minutes, mais lorsqu’il s’agit de sauver des vies, ils ne trouvent plus le chemin ! Que le sang palestinien est bon marché dans les calculs de l’occupation, et qu’il est difficile pour lui de voir la lumière depuis sous les pierres du bombardement !
La «légèreté» israélienne ne s’arrête jamais : elle tente sans cesse de faire passer le blocus pour une «mesure sécuritaire civilisée», et présente la destruction comme une «conséquence secondaire regrettable mais nécessaire à la paix». Les observateurs internationaux sont assis dans leurs bureaux, dans cette même colonie symbole d’un crime permanent, buvant leur café en rédigeant : «La situation est sous surveillance». Quelle surveillance ? La surveillance d’une mort qui se renouvelle chaque jour ? Ou d’une trêve sans âme et de clauses sans vie ? La présence de ces délégués n’a rien changé sur le terrain, si ce n’est d’ajouter quelques sièges de spectateurs dans le théâtre de l’occupation.
Pendant qu’Israël s’emploie quotidiennement à trouver des failles juridiques pour saboter l’accord, comme elle l’a toujours fait dans chaque négociation, le monde s’interroge sur l’utilité de cette mascarade interminable : pourquoi défendre uniquement les droits d’une partie, tandis que ceux de l’autre sont jetés sous la table ? Pourquoi l’échange de prisonniers est-il une priorité absolue, alors que les corps des enfants palestiniens attendent une quelconque pitié ? Pourquoi le monde traite-t-il l’occupation comme un enfant gâté qui pleure et obtient tout ce qu’il veut ? Comment mettre sur un pied d’égalité celui qui a initié les frappes et celui qui s’est retrouvé piégé entre le feu et le mur ?
Israël ne veut pas d’un accord: elle veut une reddition. Elle ne veut pas un cessez-le-feu: elle veut un arrêt total de la vie. Elle veut que le monde croie que la victime s’est trouvée «contrainte» de bombarder, et que le bourreau est celui qui mérite compassion, argent et soutien militaire.
Depuis l’annonce du plan Trump, l’objectif majeur n’était pas d’instaurer la paix, mais d’ancrer l’occupation dans la légitimité internationale, d’élargir la table des colonies au détriment des assiettes palestiniennes vides. En réalité, Israël ne voit dans l’accord que des opportunités à transformer en nouvelles zones clôturées de barbelés et de murs. Quant à toutes les clauses humanitaires, elles ne sont à ses yeux que des «poésies» qui n’ont pas leur place dans le dictionnaire du contrôle. Elle parle de «développement de Gaza» tout en empêchant l’entrée d’un seul camion de lait infantile sans inspection stratégique durant des semaines, puis célèbre le fait d’avoir «laissé l’aide passer» ! Quel grandiose générosité qui permet juste de survivre pour que le monde se lasse de réclamer des droits.
La paix dont Israël chante les louanges est une paix bâtie sur les ruines : le silence des tombes, la sécurité du geôlier et l’impunité du colon. Israël veut ses droits entiers, parfaits, immédiats. Les Palestiniens, eux, se voient répondre : «pas maintenant», «peut-être plus tard», «nous étudierons le sujet», «nous réexaminerons la procédure». Comme si le Palestinien vivait dans une salle d’attente sans fin, une main tenant son numéro d’appel et l’autre enterrant ceux qui lui restent. L’occupation veut être juge, partie et bourreau… puis convaincre le monde qu’elle est le seul saint de l’histoire.
Alors demandons haut et fort : qu’en est-il des droits des Palestiniens dont rien n’a été exécuté ? Qu’en est-il de la liberté de mouvement ? Du traitement des blessés ? De l’entrée des médicaments ? De la recherche des disparus ? De la guérison des cœurs avant la reconstruction des pierres ? De la vie avant la mise en scène ? De ces êtres humains dont les noms ne figurent dans aucun communiqué de presse ? Pourquoi le temps devient-il flexible lorsque cela concerne l’occupation, et pourquoi les décisions sont-elles immuables lorsqu’il s’agit des Palestiniens ? Pourquoi, pour le Palestinien, le temps devient-il dur et les décisions liquides ?
Quoi qu’elle fasse, quelles que soient les couches de maquillage politique que l’occupation tente d’étaler sur son visage, la vérité demeure claire : si Israël tient à récupérer ses prisonniers et ses morts, le Palestinien a des droits vivants qui continuent de saigner, des morts que les clauses ne couvrent pas, une souffrance ignorée par tous les articles, et le droit à une vie complète, non pas une demi-vie sous surveillance. Que l’occupation garde ses clauses et protège ses intérêts… mais qu’elle n’oublie pas que sur cette terre vit un peuple dont les droits ne peuvent être enterrés ni sous un accord incomplet ni sous les décombres. »
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :
ARTICLE AGORA SUIVANT :
