Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | A Gaza , l’éducation: un pilier dans la construction de l’identité

24 novembre 2025
Ecole des premiers pas crédit photo ujfp Gaza

Compte rendu le 24 Novembre des actions éducatives qui brillent dans les tentes de Gaza

L’éducation dans la bande de Gaza constitue l’un des visages les plus marquants de la résilience humaine palestinienne. Depuis de longues décennies, elle demeure un pilier essentiel dans la construction de l’identité, la protection de la conscience collective et un moyen indispensable pour forger un avenir meilleur pour des générations nées au milieu du blocus et des guerres. Conscients que le savoir est la première arme face aux tentatives d’effacement et d’ignorance imposée, les Palestiniens ont su préserver leur place parmi les peuples les plus instruits du Moyen-Orient, en proportion de leur population, malgré un long parcours d’occupation de la Nakba à aujourd’hui.

Avec le déclenchement de la dernière guerre, qui a duré plus de deux ans et provoqué une destruction massive du système éducatif, des centaines d’écoles se sont effondrées sous les bombardements, d’autres ont été transformées en centres d’hébergement pour les déplacés, et des milliers d’enfants ont été contraints d’interrompre leur scolarité. Un tableau qui menace d’égarer toute une génération et d’aggraver les pertes éducatives. Malgré cela, les familles n’ont pas cédé à cette réalité. Elles se sont mobilisées pour trouver des alternatives susceptibles de sauver leurs enfants de l’ignorance : les tentes ont été transformées en classes de fortune, les livres et cahiers rescapés ont été rassemblés, et les enseignants ont poursuivi leur mission dans les camps de déplacement, avec des moyens très modestes mais une détermination inébranlable.

Parmi les initiatives nées au cœur de cette catastrophe figurent les efforts des équipes de l’UJFP, qui ont dès les premiers jours de l’agression créé des centres éducatifs dans différentes zones de déplacement, depuis le camp Al-Fajr dans les Muwasi de Khan Younès, en passant par le camp Al-Azza au sud de Deir al-Balah, le camp Al-Amal à l’est, le camp Al-Asdiqa à l’ouest, le camp de la municipalité au centre de la ville, jusqu’à un centre important à l’ouest de Nuseirat. Ces centres n’étaient pas seulement des lieux d’apprentissage, mais des espaces de vie eux-mêmes : ils restituaient aux enfants un peu de sécurité volée par la guerre, leur offraient la possibilité d’apprendre et de continuer, et ouvraient devant eux une petite fenêtre vers un avenir meilleur.

Avec les vagues successives de déplacement, certains de ces centres ont cessé de fonctionner, mais deux d’entre eux poursuivent toujours leur travail : le centre du camp Al-Fajr dans les Muwasi de Khan Younès, et celui de l’ouest de Nuseirat. Ils offrent un enseignement ainsi qu’un soutien psychologique et social à des centaines d’enfants privés de leurs écoles, de leurs maisons et de leurs jeux, et qui ont perdu une part de leur enfance qu’aucune chose ne pourra remplacer.

Dans ces tentes, les enfants reçoivent des cours de lecture et de calcul, participent à des activités récréatives et à des séances de décharge émotionnelle qui les aident à surmonter les traumatismes, leur rendent la capacité de sourire et leur font sentir que la vie ne s’est pas arrêtée. Voir ces enfants marcher sur de longues distances avec des cahiers déchirés et de vieux cartables est un témoignage vivant de la vénération que les Palestiniens portent au savoir et de leur conviction qu’il constitue la première ligne de défense pour l’avenir.

La mobilisation de la communauté autour de ces initiatives, ainsi que le dévouement des enseignants et des bénévoles qui poursuivent leur travail malgré les dangers, reflètent la capacité de ce peuple à transformer la douleur en force et la destruction en nouveau départ. Alors que la reconstruction des écoles demandera de longues années et que la réforme des programmes nécessitera des plans d’envergure, l’éducation de l’enfant demeure une mission urgente qui ne peut souffrir d’attente, car les premières années de la vie sont le fondement du développement intellectuel et psychologique.

D’où l’importance de soutenir et de maintenir ces centres, qui ne constituent pas de simples initiatives temporaires, mais de véritables lignes de sauvetage protégeant une génération entière du gouffre de l’ignorance. L’histoire retiendra toujours que Gaza – malgré les blessures et la destruction – ne s’est jamais détournée de sa mission éducative. Elle a continué de créer la vie sous les tentes et d’allumer la lumière du savoir au cœur de l’obscurité, affirmant au monde que l’éducation n’est pas un acte secondaire, mais un combat pour la survie, la dignité, et l’expression authentique de la résilience d’un peuple qui ne se brise pas.

Lien vers les photos et vidéos

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