Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Après l’annonce d’un cessez le feu…
16 janvier 2025Abu Amir n’a pas tardé à nous envoyer son analyse sur les derniers développements dans la bande de Gaza qui font suite au cessez le feu
Dans un développement notable, il a été officiellement annoncé qu’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël entrera en vigueur dimanche prochain à 12h15. Cette annonce fait suite à d’intenses médiations régionales et internationales visant à contenir l’escalade et à mettre un terme au cycle de violence croissant dans le secteur.
Cependant, malgré cette déclaration de cessez-le-feu, Israël a ciblé des civils seulement cinq minutes après son entrée en vigueur, en s’attaquant directement aux équipes chargées de sécuriser l’aide humanitaire. Ce bombardement a causé plusieurs blessés de gravité variable, qui ont tous été transportés dans des hôpitaux locaux. Cette action a suscité la colère de la population palestinienne et soulevé de nombreuses interrogations quant à la volonté réelle d’Israël de respecter les termes de la trêve.
Par ailleurs, la bande de Gaza a connu des scènes de joie généralisée à l’annonce du cessez-le-feu : l’effervescence a gagné l’ensemble du territoire, et des foules immenses sont descendues dans les rues pour célébrer ce qu’elles considèrent comme une première avancée vers le calme. Néanmoins, et malheureusement, ces célébrations ont été marquées par des tirs nourris et indiscriminés, provoquant des dizaines de blessés parmi les mêmes participants, lesquels ont été transportés à l’hôpital pour recevoir des soins.
Sur un autre plan, des informations relayées par les médias israéliens indiquent que le Hamas reprendra le contrôle de la bande de Gaza lors de la mise en œuvre de l’accord d’échange prévu, et ce, jusqu’à ce qu’un autre dispositif prenne le relais. Il convient de noter qu’une des principales conditions de cet accord consiste en l’acheminement de 600 camions par jour dans le territoire, chargés d’aide humanitaire et de marchandises destinées aux commerçants, et ce dès le premier jour d’application du cessez-le-feu.
En ce qui concerne les coûts de la reconstruction, ils demeurent entourés d’incertitudes, aucune déclaration officielle n’ayant encore précisé l’entité qui en assumera la charge. Toutefois, certaines sources rapportent que des pays du Golfe, au premier rang desquels figure le Koweït, ont déjà exprimé leur volonté de participer à la reconstruction de la bande de Gaza dès le début de la guerre, ce qui a été plutôt bien accueilli dans les milieux locaux.
Alors même que l’espoir de voir la souffrance de la population palestinienne s’atténuer grandit, la question politique du retour de l’Autorité nationale palestinienne aux commandes de la bande de Gaza se complique davantage. En effet, un important différend oppose l’Autorité palestinienne d’une part, et l’Égypte et le Hamas d’autre part. L’Égypte a proposé la constitution d’un comité d’appui composé de personnalités indépendantes pour administrer Gaza, mais l’Autorité nationale a rejeté fermement cette proposition et insiste pour reprendre la gestion du territoire sans partage ni entité intermédiaire.
Concernant les passages, il a confirmé que le passage commercial de Rafah reprendra son travail à partir de dimanche prochain, pour recevoir des camions chargés d’aide humanitaire et de marchandises diverses. Toutefois, concernant le passage de Rafah pour les passagers, les informations restent contradictoires quant à la date exacte de sa réouverture. Des sources fiables indiquent que l’accord de 2005 sera rétabli, qui stipule que la gestion du passage de Rafah sera confiée à Israël et à l’Autorité nationale palestinienne, avec la présence d’observateurs internationaux.
Plus largement, je considère les déclarations de l’ancien président américain Donald Trump sur la « réalisation de la paix par la force au Moyen-Orient » comme un signal clair d’une volonté d’élargir la normalisation avec Israël, comme les accords de Camp David avec l’Égypte et les accords de Wadi Araba avec la Jordanie. . . À mon avis, l’Arabie saoudite pourrait être la prochaine étape de ce processus, compte tenu du soutien politique et médiatique croissant en faveur de la normalisation publique.De mon point de vue, la référence de Trump à « l’instauration de la paix par la force » représente une menace directe pour les peuples arabes, la bande de Gaza illustrant parfaitement ce qui peut advenir lorsqu’on utilise la force comme moyen d’imposer un règlement politique. Dans le même temps, je pense que les dirigeants et les responsables politiques de la région s’y préparent depuis longtemps, au vu des évolutions régionales et internationales rapides.
En définitive, la situation dans la bande de Gaza reste ouverte à de multiples scénarios, et la poursuite de la trêve dépend en grande partie du respect par chacune des parties des dispositions de l’accord, ainsi que de la capacité à administrer le territoire de façon unifiée et cohérente. Malgré tout, l’espoir subsiste qu’un cessez-le-feu, même partiel dans un premier temps, puisse mettre un terme à la souffrance humanitaire dans la région et ouvrir la voie à une solution globale et équitable pour l’ensemble de la question palestinienne.
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