Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Aujourd’hui à Gaza Nuseirat était au coeur de l’enfer

29 octobre 2025
Bombardements sur Gaza le 28 Octobre

Une journée de bombardement à Gaza le 28 Octobre : quand les enfants se cachent dans les bras de leurs mères et que la mort s’éveille, encore un accord violé!

Il semble que le destin refuse d’accorder à Gaza un seul jour de répit. Comme si la tranquillité était devenue un rêve ajourné, impossible à atteindre. Depuis l’annonce du cessez-le-feu, les habitants n’ont jamais goûté au repos. L’occupation a violé l’accord des dizaines de fois, comme si de rien n’était. Chaque trêve n’est qu’une courte pause pour les canons et les missiles, non pour les gens. Et derrière chaque bref silence se cache une nouvelle tempête qui engloutit ceux qui restent en vie.

Dès l’aube de ce jour, le ciel s’est embrasé sous le feu des bombardements sur toutes les zones de la bande. Les bruits des roquettes, déchirant l’air comme des bêtes affamées à la recherche de leur proie, se sont gravés dans la mémoire. Aujourd’hui, Nuseirat était au cœur de l’enfer : les frappes n’ont pas cessé jusqu’aux premières heures du matin. La terre tremblait, les cris s’élevaient, les gémissements des blessés se mêlaient aux sirènes des ambulances qui ne se taisaient jamais. Gaza saigne sans relâche, la mort est devenue sa visiteuse permanente, qui ne part ni ne se lasse.

Les enfants se réfugient dans les bras de leurs mères, comme un oisillon dans son nid au milieu de la tempête. Les femmes s’accrochent à leurs maris, tremblantes au son des missiles qui sifflent avant de s’abattre sur les maisons, les déchirant et les réduisant en cendres. Pas une maison n’a été épargnée, pas une rue qui ne soit emplie de poussière et de fumée. Les camps ont tremblé, les tentes se sont dispersées, et les hôpitaux ne peuvent plus accueillir de nouveaux patients. Les couloirs sont pleins de corps, certains bougeant avec peine, d’autres déjà sans vie. Les morgues sont saturées, et les noms s’ajoutent sans fin aux listes des victimes.

Quel monde est-ce donc que celui dans lequel nous vivons ? Quels cœurs peuvent voir sans ressentir ? À chaque coin de Gaza, une histoire. Et dans chaque histoire, une douleur indicible. Des enfants nés au milieu des ruines sans jamais connaître le jeu ; des femmes qui disent adieu à leurs fils et leurs maris dans un silence couvert de larmes ; des vieillards qui lèvent les mains vers le ciel, non pour demander la victoire, mais pour implorer le repos, la sérénité, une paix devenue aussi lointaine qu’un rêve.

La nuit, quand tout semble dormir, Gaza reste éveillée. Elle ne dort pas, de peur que les bombes ne la réveillent d’un court rêve. Les mères fixent le visage de leurs enfants comme si elles les saluaient une dernière fois. Les hommes observent le ciel en silence, sachant que les frappes peuvent reprendre à tout moment, et que la mort n’a pas besoin de frapper avant d’entrer.

Dans les rues, on voit des jouets brûlés, des cahiers éparpillés, portant des lettres tracées par de petites mains qui ignoraient que la dernière leçon de la vie serait d’apprendre à mourir en paix. Les larmes ont séché sur les visages tant on a pleuré. Et toujours les mêmes histoires : « elle dormait», « il jouait », « elle préparait le petit-déjeuner». Les bombes ne distinguent ni le sommeil de l’éveil, ni l’enfant du vieillard.

Ô monde cruel ! Comme ton cœur est froid, comme tes yeux sont aveugles à la vérité. On nous tue chaque jour sous ton regard, pendant que tu comptes tes pertes économiques ou débats de tes affaires politiques, loin de toute humanité. Quant à nous, nos cris ne sont que des échos qui se dissolvent dans le vacarme d’un monde ayant oublié qu’à Gaza, vivent encore des êtres qui respirent la douleur à chaque instant.

Était-il écrit que nous devions vivre parmi les décombres ? Est ce notre destin que nous soyons privés des droits les plus simples : dormir en paix, boire sans crainte, lever les yeux vers le ciel sans appréhension ? Combien de fois devrons-nous mourir pour convaincre ce monde que nous sommes vivants ? Combien de fois devrons-nous pleurer pour mériter d’être vus comme des victimes, et non comme des chiffres ?

Nous ne demandons pas l’impossible — seulement un moment de silence, un instant pour enterrer nos peines et apaiser nos cœurs épuisés. Nous voulons pleurer comme les autres, sans bombes ni sirènes. Nous voulons vivre, ne serait-ce qu’un peu, loin de l’odeur du sang et de la poussière. Nous voulons entendre le rire d’un enfant sans qu’il soit interrompu par une explosion, voir le visage d’une mère sans poussière, ouvrir nos fenêtres sans craindre le ciel.

N’est-il pas temps ? N’est-il pas temps de nous reposer ? De poser nos têtes sur des oreillers immobiles ? De nous endormir sans rêver de la mort ? N’est-il pas temps de nous accorder ce droit à la vie dont on nous prive depuis tant d’années ?

Mais il semble que le monde ait choisi le silence — un silence plus cruel que la guerre elle-même, un silence qui nous tue à petit feu. Et pourtant, Gaza demeure debout, sans se briser, comme si elle était née pour résister, non pour se rendre. En elle, il y a assez de douleur pour éteindre toutes les étoiles, mais aussi assez de courage pour illuminer toute la nuit de la terre.

Oui, nous sommes fatigués, épuisés, mais nous continuons à rêver. Nous rêvons du jour où le soleil se lèvera sur Gaza sans être souillé de fumée, où les enfants retourneront à l’école en sécurité, où la vie reprendra son souffle, où la paix reviendra habiter les cœurs qui ont trop saigné.

Et jusqu’à ce jour, nous porterons notre douleur dans nos poitrines et nous écrirons — car l’écriture est devenue notre dernière arme, notre dernier cri face à ce monde sourd. Nous écrirons pour que Gaza ne soit pas oubliée, pour que les larmes des mères ne se perdent pas dans le vide, pour que l’histoire reste vivante malgré les ténèbres.

Ô Gaza, ô douleur du cœur, ô battement qui ne meurt jamais… Viendra un jour — même s’il tarde — où l’injustice sera levée, où les portes s’ouvriront à la lumière, où les rires des enfants retentiront de nouveau. Viendra un jour où la terre sera lavée des cendres de la guerre, où les oiseaux reviendront voler dans ton ciel sans peur. Et tu seras, comme toujours, belle, patiente, fière, invincible.

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