Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Briser le mur du dénuement pour les pêcheurs de Gaza
17 septembre 2025Une des dernières actions de l’ UJFP à Gaza le 17 Septembre concernait les pêcheurs : tenter de les secourir au mieux!
Les pêcheurs de la bande de Gaza vivent une réalité tragique où se croisent la brutalité de la guerre, la précarité de l’existence et l’absence des conditions élémentaires de vie. Héritiers d’un métier transmis de père en fils, ils se retrouvent aujourd’hui pris entre des vagues déchaînées d’un côté et les mesures d’occupation et de blocus de l’autre. La pêche, qui constituait leur seule source de subsistance, est désormais entravée par les interdictions et les poursuites. Des milliers de familles se sont ainsi retrouvées dans une pauvreté extrême, où la faim et la privation sont devenues des réalités quotidiennes. La souffrance des pêcheurs ne se limite plus à la rareté des revenus : elle s’étend aussi au déni des droits fondamentaux de leurs enfants, tels que l’éducation, la santé ou même le simple accès aux vêtements.
La guerre à Gaza a laissé des cicatrices profondes dans toutes les composantes de la société, mais les pêcheurs comptent parmi les catégories les plus touchées. Leur interdiction d’accéder à la mer, la confiscation de leur matériel et de leurs embarcations ainsi que la destruction du secteur de la pêche les ont rendus incapables de subvenir aux besoins de leurs familles. Les conséquences se lisent sur leurs enfants, souvent vêtus de haillons et de chaussures usées, qui rentrent parfois chez eux le ventre vide. Dans cet environnement hostile, les pêcheurs sont passés de producteurs de nourriture à familles dépendant des aides et colis alimentaires.
Lors de la dernière réunion tenue il y a quelques semaines entre les équipes de l’UJFP et un groupe de pêcheurs dans la région de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza, les voix des pêcheurs se sont élevées en appels déchirants. Ils ont supplié l’équipe de poursuivre ses efforts pour les soutenir et nourrir leurs familles. Ils ont demandé des vêtements pour leurs enfants et des colis alimentaires capables d’apaiser la faim qui les ronge. Leurs paroles ressemblaient à un cri de détresse humanitaire urgent, reflétant l’ampleur de la catastrophe dans un horizon économique et social complètement bloqué.
L’UJFP n’a pas tardé à répondre à ces appels. Le 17 septembre, ses équipes sur le terrain ont lancé une initiative visant à distribuer 600 pièces de vêtements aux enfants de pêcheurs dans le centre de Gaza. Le lieu choisi pour la distribution fut la plage de Deir al-Balah, où des centaines de pêcheurs et leurs enfants attendaient avec impatience un rare moment de joie au milieu de l’obscurité qui les entoure.
À l’arrivée des équipes, la surprise fut grande : des centaines d’enfants et de familles s’étaient alignés, emplis d’espoir de recevoir un vêtement neuf. L’équipe commença à trier les habits et à organiser l’espace, mais la scène se transforma rapidement en chaos avec l’afflux d’un grand nombre d’enfants dont les noms ne figuraient pas sur les listes officielles des pêcheurs. Certains venaient de l’école voisine, d’autres du camp de Deir al-Balah.
Ces enfants attendaient leur tour, certains pleurant à chaudes larmes, d’autres s’accrochant à l’espoir de rentrer chez eux avec un habit pour couvrir leur corps. Cette scène illustrait clairement l’ampleur de la détresse collective à Gaza, où les besoins ne se limitent pas à une catégorie particulière mais touchent tous les enfants démunis.
Face à cet afflux massif, les équipes ont dû suspendre la distribution pendant une heure afin de rétablir l’ordre. Le travail reprit ensuite selon les listes établies pour les enfants de pêcheurs, et se poursuivit jusqu’à épuisement des besoins des enfants présents. Cependant, près de 200 enfants provenant des zones de Nuseirat et Zawaida n’ont pas pu accéder au site à cause de l’encombrement et de l’instabilité sécuritaire. Après une longue attente, il fut décidé de distribuer les vêtements restants aux enfants de l’école et des zones avoisinantes.
Le moment de réception des vêtements fut bouleversant : les visages des enfants s’illuminèrent d’une joie innocente et sincère, exprimant leur gratitude pour cette aide arrivée à un moment critique. Ceux qui sont repartis avec un vêtement neuf ont emporté aussi le souvenir d’une journée différente, une journée où, ne serait-ce que temporairement, le mur du dénuement fut brisé. Quant aux pêcheurs, ils ont exprimé leur profonde reconnaissance envers les équipes de l’UJFP, considérant cette initiative comme un geste d’une grande valeur et d’une rapidité exemplaire, tout en réitérant leur appel à poursuivre ce soutien afin de préserver la dignité de leurs familles.
Cet épisode ne fut pas une simple distribution de vêtements, mais un témoignage vivant de l’ampleur de la crise humanitaire qui frappe la bande de Gaza, et plus particulièrement les pêcheurs. La bousculade d’enfants, y compris de ceux qui n’étaient pas concernés par l’initiative, a montré à quel point les besoins sont immenses et généralisés. Les larmes qui ont coulé chez certains et les sourires apparus après la distribution ont incarné la contradiction quotidienne que vivent les enfants de Gaza entre privation et bonheur éphémère.
La souffrance des pêcheurs de Gaza n’est pas une série d’histoires passagères, mais une tragédie quotidienne qui exige des interventions urgentes et organisées. L’action de l’UJFP n’est qu’une étape sur un long chemin de soutien nécessaire. Les enfants privés aujourd’hui de vêtements manquent aussi de nourriture, et les familles plongées dans la misère ont besoin d’un approvisionnement régulier pour atténuer le poids du blocus.
Cette initiative a laissé un impact positif profond dans le cœur des pêcheurs et de leurs enfants, mais elle a aussi mis en lumière l’ampleur d’un besoin beaucoup trop large pour être couvert par une seule action. La poursuite de ces efforts et leur extension sont une nécessité humanitaire et morale, pour redonner leur dignité à cette catégorie oubliée et faire en sorte que les enfants de Gaza ne restent pas prisonniers de la privation et de la douleur.
Lien vers les photos et vidéos
https://drive.google.com/file/d/17Oy3tIVIxEBK4PJMH44Ut7rtkUJ9xSiY/view?usp=drivesdk
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