Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Comment supporter la vie quotidienne dans les tentes bondées ?

15 septembre 2025
Premier secours psychologiques pour les femmes. Crédit photo UJFP Gaza

L’équipe de l’UJFP n’a de cesse se s’occuper et de soutenir les citoyen.ne.s de Gaza en particulier les femmes dans ces situations de déplacements incessants 15/09

Au cœur des camps de déplacés, de plus en plus surpeuplés dans le centre et le sud de la bande de Gaza après les vagues d’exode récentes depuis la ville, les femmes vivent une souffrance complexe : perte du foyer, exiguïté de l’espace, absence d’intimité et effondrement des infrastructures. Ces tentes, censées être un refuge, se transforment en source quotidienne de pression psychologique, où disparaissent les espaces personnels et où l’âme s’étouffe dans la promiscuité, rendant la quête d’un « moment de calme » difficile à atteindre.

Dans ce contexte, les équipes de l’UJPF ont lancé une session particulière intitulée Premiers secours psychologiques pour la femme elle-même au camp Al-Durra dans la ville de Deir al-Balah. Vingt-cinq femmes déplacées, de tous âges, y ont participé, chacune cherchant une petite parcelle de paix au milieu de ce cumul de misères. Cette séance a constitué un espace sûr et temporaire, visant à fournir aux femmes des outils pratiques pour gérer l’anxiété et le stress, et redécouvrir leur force intérieure face aux épreuves du déplacement forcé.

Les psychologues ont accueilli les participantes par des mots chaleureux : « Nous sommes ici aujourd’hui pour créer ensemble un espace sûr, un instant rien que pour nous, au milieu de cette foule. » Les psychologues ont insisté : l’objectif n’était pas seulement de parler, mais d’offrir à chaque femme des outils concrets pour affronter les pressions quotidiennes de l’exil.

La psychologue a demandé à chaque femme de fermer les yeux et d’imaginer un lieu qui lui apporterait sérénité. Les murmures se sont élevés : l’une se voyait dans sa maison laissée derrière elle à Gaza, une autre imaginait la plage où elle aimait s’asseoir seule, une troisième décrivait une petite chambre où elle ressentait la tranquillité.

L’une des participantes a déclaré : « Je n’ai plus d’endroit où prier en paix… mais aujourd’hui je me suis imaginée dans un petit coin avec une tasse de thé, et je me suis dit intérieurement : c’est mon moment à moi. »

Le besoin vital d’un espace personnel, puis inviter chaque femme à partager une méthode pratique qu’elle utilisait pour se calmer.

Une jeune femme dans la trentaine, qui partage sa tente avec plus de dix personnes, a témoigné: « Je me sentais étouffer, mais quand j’ai essayé la respiration profonde en imaginant un lieu calme, j’ai eu l’impression de retrouver une partie de moi perdue. »

Les femmes découvraient qu’une simple minute de silence profond pouvait être un véritable sauvetage.

Ensuite, les psychologues ont distribué des feuilles et demandé aux femmes d’écrire une idée concrète pour obtenir un peu d’intimité au sein de la tente. « Je couvre mon lit avec un morceau de tissu », « Je me réveille avant tout le monde pour rester seule avec moi-même », « Je demande à ma sœur de surveiller mes enfants cinq minutes. »

Une mère en larmes : « Je pensais que prendre soin de moi était de l’égoïsme… mais aujourd’hui j’ai compris que ces quelques minutes me donnent la force de continuer ma journée. » Là résidait l’habileté des psychologues à contenir les émotions des participantes, transformant la douleur en créativité et en solutions réalistes.

Dans un moment touchant, la psychologue a invité chaque participante à prononcer une prière ou un souhait pour elle-même. La tente s’est emplie de voix discrètes perçant le silence : « Seigneur, donne-moi patience », « Seigneur, ouvre-moi une issue », « Ô mon Dieu, ramène-moi à ma maison. » L’apogée de la séance, retrouver la paix intérieure malgré l’injustice et la misère.

Entre les activités, les récits douloureux ont jailli. Une femme a parlé de la perte d’intimité même au moment de la prière. Une autre a décrit son impuissance face aux pleurs incessants de ses enfants à cause de la chaleur ou du froid. Une troisième a dit qu’elle ne distinguait plus le jour de la nuit, tant la tente était bondée et bruyante. Ces témoignages, un miroir de l’effondrement des infrastructures et de l’ampleur de l’oppression quotidienne subie par les déplacés.

Les psychologues, quand les sanglots ont éclaté, n’ont pas interrompu les participantes, mais les ont laissées pleurer, avant de ramener peu à peu le calme. Elles ont utilisé des techniques de respiration lente et de relaxation, réussissant à transformer la tente, l’espace d’un instant, en un lieu sûr. Leur présence était une force douce, rappelant aux femmes qu’elles restaient capables de résister.

La séance s’est conclue: « Notre bien-être psychologique commence par nous-mêmes, et c’est la clé de notre résistance et de notre don. » Les femmes sont sorties avec un visage marqué par un certain apaisement, comme si chacune emportait un petit coffre d’espérance, à ouvrir lors d’un prochain moment de faiblesse.

La séance a été un témoignage vivant que le soin de soi n’est pas un luxe, mais un droit fondamental et une condition pour continuer à donner, même au milieu de l’injustice, de la misère et de l’absence d’infrastructures.

Lien vers les photos et vidéos

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