Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Dans les camps de Déplacé.e.s, continuer à prendre soin de soi
27 septembre 2025C’était le thème développé dans l’atelier de soutien psychologique hebdomadaire autonomiser les femmes déplacées pour bâtir l’équilibre intérieur et familial 26/09
Dans la dure réalité de la guerre et du déplacement, les femmes vivant dans les camps subissent des pressions immenses qui dépassent les limites humaines. Dans des lieux comme le camp Al-Asdiqaa à Deir al-Balah, on observe quotidiennement des mères plaçant les besoins de leurs familles avant tout, même au détriment de leur santé physique et psychologique. Les responsabilités accumulées, la peur de l’avenir et la précarité sont autant de facteurs qui rendent la femme déplacée vulnérable à l’épuisement émotionnel, mental et physique. Dans ces conditions, l’idée de « prendre soin de soi » leur semble être un luxe inaccessible, alors qu’en réalité, elle constitue une condition essentielle pour continuer et pour résister.
C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’équipe de l’UJFP, la rencontre était un espace sûr qui a permis à 20 femmes – mères, travailleuses et jeunes – d’exprimer leurs souffrances et de réfléchir à de simples solutions pour retrouver un certain équilibre dans un quotidien accablé de défis.
La session a commencé par une introduction symbolique intitulée :La batterie d’énergie . Les femmes, assises en cercle, ont été invitées à évaluer leur niveau d’énergie sur une échelle de 1 à 10. Les réponses sont venues, hésitantes : « 3 », « 2 », « 4 ». Cet exercice était un miroir sincère reflétant l’ampleur de l’épuisement quotidien. C’est ici qu’une prise de conscience a émergé : oui, leur énergie est à bout, et il faut la recharger. Ce moment a aussi créé un sentiment de solidarité : chacune a compris qu’elle n’était pas seule, que son fardeau était partagé par d’autres.
Vint ensuite l’activité Qui vient en premier ? Ou « Comment donner à partir d’un verre vide ? » Le dialogue s’est transformé en une réflexion sincère. Beaucoup de femmes ont reconnu qu’elles se plaçaient toujours en dernier, considérant que le temps qu’elles s’accorderaient à elles-mêmes serait volé à leurs enfants. La discussion les a amenées à reconsidérer cette vision : si leur « verre » personnel reste vide, elles ne peuvent plus soutenir les autres. Chaque participante a écrit sur un petit papier trois choses simples qu’elle pourrait faire chaque jour pour elle-même : « boire une tasse de thé tranquillement », « respirer profondément pendant cinq minutes », « m’asseoir en silence avec moi-même ». Ce fut un tournant : comprendre que prendre soin de soi n’est pas de l’égoïsme, mais une responsabilité.
Un exercice pratique a ensuite été proposé : Cinq minutes pour moi . Les participantes ont été invitées à fermer les yeux, à respirer profondément et lentement, en contractant puis relâchant progressivement leurs muscles. Dans la tente, un silence particulier a régné, habité par des respirations synchronisées et des gestes simples. L’effet fut immédiat : des visages détendus, des voix apaisées. Elles ont alors découvert qu’un court moment de respiration pouvait devenir une soupape de sécurité dans un quotidien saturé de pressions.
À la fin de la séance, un moment particulièrement marquant a eu lieu : l’écriture du pacte collectif . Chaque femme a rédigé une promesse pour elle-même :
« Je m’accorderai 10 minutes chaque jour », « Je ne considérerai pas mon temps personnel comme de l’égoïsme », « Je ferai de ma sérénité un cadeau à ma famille ». Ces engagements portaient une force symbolique, ils étaient un filet de soutien collectif reliant les participantes entre elles.
Les voix des femmes – Témoignages vécus
Une travailleuse a confié :« Je pensais que prendre soin de moi était du temps perdu pour mes enfants. Aujourd’hui, j’ai compris que mon irritabilité venait de mon manque d’attention envers moi-même. Je vais commencer par pratiquer la respiration. »
Une mère de plusieurs enfants a déclaré :« Quand je suis calme, la maison est calme. Je n’avais jamais imaginé que ma sérénité puisse être une forme de soin pour ma famille. »
Et une jeune femme a partagé :« Dans ce camp, je me sens perdue, mais l’idée de créer un petit espace rien qu’à moi, même dans une tente, m’a donné un nouvel espoir. Je mérite de prendre soin de moi. »
Cette rencontre a représenté une reconstruction de la perception de soi pour ces femmes. Elles en sont sorties avec la conviction profonde que le soin de soi n’est pas un luxe, mais un investissement dans la force et la résilience de la famille. Les activités interactives ont favorisé la confiance, et les histoires partagées ont permis à chacune de se reconnaître dans les autres, renforçant ainsi le sentiment d’appartenance.
L’atelier a démontré que le changement commence par de petits pas. Semer une idée aussi simple que « Tu mérites de prendre soin de toi » peut ouvrir de nouvelles voies de résilience et d’endurance. En quittant la tente, les femmes portaient avec elles un nouvel engagement : se mettre sur la liste des priorités, non pas contre leur famille, mais pour elle. Cette rencontre fut une lueur dans un long tunnel, et un message clair : prendre soin de soi dans les camps n’est pas un luxe, mais une nécessité pour survivre et résister.
Lien vers les photos et vidéos
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