Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Dans un horizon bouché Gaza attend prudemment
24 juillet 2025Le 24 Juillet Abu Amir explique Gaza que des rumeurs de cessez-le-feu émergent au milieu de la faim, du chaos et d’un horizon bouché.
Au milieu de discussions de plus en plus intenses sur un possible accord de cessez-le-feu, les habitants de la bande de Gaza vivent des moments mêlés d’anxiété et de peur. L’espoir d’échapper à la machine de guerre se confronte à une réalité amère et une souffrance grandissante qui font de chaque jour un cauchemar renouvelé. Depuis deux ans, plus de deux millions de Palestiniens subissent le blocus, les bombardements, la faim et le chaos sécuritaire, sans qu’aucune solution réelle ne se profile pour leur rendre la vie qui leur a été arrachée.
Une attente sans confiance
Des informations font état d’efforts internationaux et régionaux intensifs, menés par des acteurs comme l’Égypte, le Qatar et les États-Unis, en vue d’un apaisement global. Mais dans la rue gazaouie, ces nouvelles sont accueillies avec une prudence mêlée de scepticisme. Les expériences passées ont laissé des cicatrices : promesses non tenues, accords non appliqués, trêves rompues avant même que l’encre n’ait séché.
Un habitant du quartier de Tuffah, à l’est de Gaza, déclare :
« Nous ne croyons plus que ce que nous voyons et vivons. Combien de fois nous a-t-on dit qu’une trêve était conclue, et dès le lendemain, nous sortions encore des corps de sous les décombres ? Nous voulons une paix réelle, pas une simple pause dans les combats. »
La faim frappe à toutes les portes
Dans ce contexte complexe, les habitants de Gaza se retrouvent démunis. La famine est devenue une réalité palpable qui touche tous les foyers sans exception. Les images de mères pleurant leur impuissance à nourrir leurs enfants, ou d’hommes tués devant les centres de distribution d’aide américaine sans même y accéder, sont devenues monnaie courante.
Selon les rapports des Nations Unies, plus de 80 % des habitants de la bande souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, dans un contexte de pénurie catastrophique de produits de base, de destruction des marchés et d’interruption totale des chaînes d’approvisionnement.
Un habitant de Rafah témoigne :
« Nous ne rêvons plus d’électricité, ni de travail, ni même d’Internet. Notre plus grand souhait est désormais un repas simple pour nos enfants ou de l’eau potable. Voilà notre réalité. »
Insécurité et chaos menaçant la paix civile
Comme si la faim ne suffisait pas, le territoire est plongé dans un vide sécuritaire dangereux. L’État de droit est absent, remplacé par le chaos et des groupes armés. Les vols et agressions se multiplient, le marché noir prospère. La menace ne vient plus seulement du ciel, mais aussi du climat de peur qui règne dans les rues et les quartiers.
Les forces de sécurité, lorsqu’elles sont présentes, sont épuisées, et parfois elles-mêmes ciblées. Des habitants du nord de la bande ont signalé des cas de pillage d’aides humanitaires, de cambriolages de maisons abandonnées, d’extorsions imposées par des groupes armés contrôlant certaines zones.
Un système de santé effondré, une détresse psychologique aggravée
Les hôpitaux sont au bord de la rupture, souffrant d’un manque aigu de médicaments et de carburant pour les générateurs. Les médecins travaillent sans relâche dans des conditions presque impossibles.
Sur le plan psychologique, la situation est critique. Les cas de dépression, de traumatismes et d’anxiété collective explosent, notamment chez les enfants et les femmes. Les écoles ont été transformées en centres d’hébergement surpeuplés et insalubres, et dormir dans les couloirs est devenu banal.
Une jeunesse sans avenir ni perspectives
Dans ces conditions, les jeunes de Gaza luttent pour conserver un brin d’espoir. Les opportunités sont inexistantes, le chômage atteint des niveaux records, et l’émigration n’est plus une idée mais un rêve partagé. Cette génération ensevelie sous les décombres n’entrevoit aucun avenir, seulement la crainte d’un lendemain pire.
Le cessez-le-feu : solution ou simple répit ?
Aussi important soit-il, un cessez-le-feu ne suffira pas. Les habitants savent que seule une solution globale peut résoudre la crise en profondeur :
• Levée totale du blocus,
• Reconstruction réelle,
• Liberté de circulation et entrée des aides sans entrave,
• Rétablissement de la sécurité intérieure et de l’État de droit,
• Fin des pratiques portant atteinte à la dignité humaine, droit à une vie digne.
Attendre le salut ne suffit plus
Les habitants de Gaza n’attendent pas simplement la fin des bombardements, mais une véritable libération d’un quotidien devenu insupportable. Ils ont besoin de plus qu’une trêve : ils ont besoin de justice, de dignité, et d’une vie qui mérite d’être vécue.
En l’absence de cela, l’attente continuera d’être marquée par la méfiance, et la prudence restera plus forte que l’espoir, quelles que soient les promesses faites.
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