Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Gaza dans l’humiliation de l’attente
1 mars 2025Abu Amir envoie le 1er Mars, jour prévu pour la deuxième phase de l’accord signé le 19/01/25, un texte qui dit les gémissements des opprimés dépassant le mur du silence : Gaza sous l’ombre de la mort lente entre froid glacial, soif, faim et humiliation de l’attente
Gaza n’est plus seulement un champ de bataille marqué par les bombardements et la destruction, mais elle est devenue une scène quotidienne d’une tragédie interminable. Ses habitants n’ont pas besoin de missiles et de bombes pour sentir la mort rôder autour d’eux, car la soif les ronge, la faim les affaiblit et le froid glacial emporte leurs enfants, tandis que l’attente de l’aide humanitaire se transforme en humiliation quotidienne. Les hommes et les femmes patientent de longues heures dans des files interminables pour obtenir de la nourriture et de l’eau, certains s’évanouissent d’épuisement, d’autres rentrent les mains vides. Le désespoir et la frustration s’accumulent, érigeant un mur invisible qui les sépare de tout espoir d’un avenir meilleur.
Un hiver mortel sous les tentes : quand le froid devient un tueur silencieux
Au cœur des camps de déplacés dispersés à travers Gaza, des milliers d’enfants dorment sous des tentes déchirées qui ne leur offrent aucune protection contre le froid glacial. Pas de chauffage, peu de couvertures, et même pas de vêtements adaptés pour se prémunir contre l’air glacial qui s’infiltre dans chaque recoin, comme s’il voulait leur voler leur dernier souffle. Le froid n’est plus une simple rigueur hivernale, mais un tueur silencieux qui fauche les corps fragiles déjà affaiblis par la faim et la peur.
Oum Hassan, mère de quatre enfants ayant fui le nord de Gaza après la destruction de sa maison, raconte d’une voix tremblante et un regard vide :
“Je n’ai plus rien pour protéger mes enfants de ce froid meurtrier. Chaque nuit, nous nous entassons sous les quelques couvertures que nous avons, mais cela ne suffit pas. Mon plus jeune fils ne pleure même plus, il est devenu silencieux, et cela me terrifie plus que ses cris. Dois-je attendre de le retrouver mort dans mes bras ?”
La soif à Gaza : une crise de l’eau qui étrangle le nord
La soif n’était pas au départ une arme de guerre, mais elle est aujourd’hui une bataille quotidienne pour les habitants de Gaza, notamment dans le nord, où les bombardements israéliens ont détruit les réservoirs d’eau, les puits et les stations de dessalement. Chaque jour, des milliers de personnes quittent leur abri à la recherche d’eau potable, traînant leurs enfants avec eux dans des files d’attente interminables qui s’étirent sur des centaines de mètres, espérant remplir quelques récipients avec une eau souvent insalubre, mais qui, au moins, leur permet de survivre un peu plus longtemps.
Abou Mohammed, un habitant de Beit Lahia, témoigne en attendant son tour dans une longue file d’attente :
“Nous pensions que la guerre était terminée, mais la soif est une autre guerre, et nous n’avons aucune arme pour nous défendre. Je suis ici depuis l’aube et je n’ai toujours pas réussi à obtenir un seul litre d’eau. Les enfants pleurent, les femmes supplient et les vieillards s’effondrent d’épuisement. Si cette situation continue, nous mourrons tous avant qu’une solution ne soit trouvée.”
Files d’attente pour le pain et la nourriture : une humiliation quotidienne
L’accès à un simple morceau de pain n’était pas un défi à Gaza avant la guerre, mais aujourd’hui, il est devenu un combat pour les habitants épuisés. Chaque matin, d’interminables files se forment devant les boulangeries, où hommes et femmes attendent durant des heures, certains s’endorment à même le sol d’épuisement, tandis que d’autres quittent la queue sans rien obtenir après que les stocks se soient épuisés avant leur tour.
Oum Sami, une veuve ayant perdu son mari et ses enfants sous les décombres, raconte en larmes :
“Cela fait trois jours que je viens ici et je n’ai pas pu obtenir un seul morceau de pain. Je reste debout des heures, puis je rentre chez moi les mains vides. Parfois, je suis obligée de fouiller dans les poubelles à la recherche de miettes de pain rassis. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelle est cette vie ?”
Mendier devant les ONG : une dignité perdue et des larmes qui ne cessent de couler
La mendicité n’est plus un choix à Gaza, mais une nécessité imposée par la souffrance. Des milliers de familles autrefois autonomes sont aujourd’hui contraintes de faire la queue devant les associations caritatives, espérant recevoir un sac de riz ou une bouteille d’huile.
Abou Iyad, un homme ayant perdu sa maison et son travail, raconte avec amertume en faisant la queue devant une ONG : “Avant, je travaillais et je subvenais aux besoins de ma famille avec dignité. Aujourd’hui, je frappe aux portes et je supplie pour de l’aide. Je reste debout des heures, et parfois je rentre sans rien. Pour la première fois de ma vie, je tends la main aux gens. Mais que puis-je faire ? La faim est impitoyable et je ne peux pas voir mes enfants pleurer sans réagir.”
L’accord d’échange : des promesses creuses et une désillusion meurtrière
Au milieu de cet enfer quotidien, l’accord d’échange qui devait apporter un soulagement s’est avéré être une illusion décevante. Alors que les habitants de Gaza espéraient que cet accord changerait leur réalité, il n’a fait qu’aggraver leur frustration. Son opacité et le non-respect de la plupart de ses clauses en font une manœuvre politique qui n’a apporté aux Gazaouis que davantage d’attente et d’humiliation.
Khaled, un jeune homme ayant perdu toute sa famille dans les bombardements, exprime son désarroi :
“Nous pensions que cet accord allait nous libérer de cet enfer, mais il n’a rien changé. Nous avons l’impression d’être des pions sur un échiquier, manipulés par des négociations politiques, pendant que nous mourons lentement ici.”
Se déplacer : une mission impossible dans une ville en ruines
Même se déplacer à l’intérieur de Gaza est devenu une épreuve insurmontable. Les routes sont détruites, jonchées de débris, et les ambulances ont du mal à se frayer un chemin, retardant ainsi l’arrivée des blessés et des malades à l’hôpital, ce qui entraîne des décès évitables.
Samir, un jeune homme ayant perdu sa mère faute de soins, raconte avec douleur :
“Si une route avait été dégagée, peut-être que ma mère serait encore en vie. Mais ils nous ont enfermés dans un piège, nous empêchant de sortir et même de circuler à l’intérieur de notre propre ville. Nous sommes des prisonniers dans notre propre maison, et la mort nous guette à chaque instant.”
Désespoir et frustration : un avenir incertain et des âmes épuisées
Après plus de 15 mois de guerre, les habitants de Gaza n’ont plus la force de supporter davantage. Chaque jour qui passe sans amélioration renforce leur sentiment d’abandon et d’impuissance. Les bombardements ont cessé, mais la souffrance persiste, plongeant toute la population dans une tragédie prolongée sans issue visible.
Abou Youssef, un homme d’une cinquantaine d’années ayant perdu sa maison et son emploi, déclare d’une voix empreinte de tristesse :
“Nous avons donné nos vies, nos maisons, nos rêves, et nous n’avons rien reçu en retour, sauf plus de faim, de soif et de frustration. Nous n’avons plus rien à offrir, et nous ne pouvons plus endurer davantage. Même la patience a ses limites.”
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