Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Gaza, la ville des tentes renaît des décombres
13 octobre 2025
Un texte d’Abu Amir le 13 Octobre : Gaza se prépare à revivre tandis que le monde poursuit sa colère contre les crimes de guerre israéliens.
Alors que la guerre à Gaza commence à s’essouffler, les scènes humaines déchirantes dominent le paysage. Des milliers de Palestiniens déplacés des régions centrales et méridionales du territoire sont retournés vers le nord et la ville de Gaza, pour découvrir leurs maisons réduites en ruines et leurs quartiers semblables à des zones sinistrées, où la vie semble s’être éteinte. Chargés d’espoir, les revenants tentent de retrouver les fragments de leur existence d’autrefois, mais beaucoup n’ont d’autre choix que d’ériger des tentes devant les décombres de leurs habitations détruites. Gaza s’est ainsi transformée en une véritable « ville de tentes », empreinte à la fois de douleur et de résilience. Ces anciens déplacés sont devenus des «citoyens des tentes », cherchant à reconstruire leur existence au cœur même de la destruction.
Au milieu de ces scènes poignantes, les autorités égyptiennes ont annoncé la réouverture officielle du poste-frontière de Rafah dans les prochains jours, invitant les Palestiniens désireux de rentrer à se préparer au voyage. L’ouverture du passage constituera une étape à la fois symbolique et pratique vers la reprise du mouvement humanitaire entre Gaza et le reste du monde. Le poste sera géré conjointement par l’Égypte et l’Union européenne, afin de garantir la transparence et la supervision internationale, tandis que l’administration civile sera assurée par la direction palestinienne relevant de l’Autorité nationale, sans participation d’aucune faction politique ou militaire. La circulation des civils de Gaza vers l’Égypte, puis vers l’étranger, sera facilitée sans limitation quotidienne du nombre de voyageurs, contrairement à ce qui se pratiquait auparavant.
Les noms des employés palestiniens travaillant au poste seront soumis à un contrôle et à une approbation sécuritaire préalable par les autorités israéliennes. L’Union européenne, l’Égypte et Israël assureront une coordination sécuritaire quotidienne directe, le personnel palestinien étant intégré au dispositif sur le terrain.
Les opérations d’inspection seront supervisées par des observateurs européens, afin d’empêcher la contrebande de produits interdits ou d’armes, et toutes les entrées et sorties seront enregistrées par des caméras reliées à la partie israélienne.
La priorité sera donnée, dans la première phase, aux malades, blessés, étudiants et personnes bloquées à l’étranger — une mesure humanitaire attendue depuis des mois par des milliers de Palestiniens. L’ouverture officielle du passage est prévue pour le 14 octobre 2025, un événement que beaucoup espèrent voir marquer le début d’une nouvelle ère de communication et de respiration après un long blocus.
Bien que la guerre soit terminée sur le plan militaire, ses cicatrices demeurent profondément ancrées dans la conscience des peuples libres à travers le monde. Le monde n’a pas oublié les massacres commis par Israël contre la population de Gaza, et les images de la destruction continuent d’inonder les écrans.
En Norvège, par exemple, un match de football entre les sélections israélienne et norvégienne a été précédé d’immenses manifestations devant le stade. Les manifestants brandissaient des drapeaux palestiniens et scandaient des slogans dénonçant le génocide à Gaza. Des pancartes exigeaient la traduction en justice des dirigeants israéliens pour crimes de guerre, tandis que les supporters norvégiens rejetaient ce qu’ils considéraient comme une tentative de « blanchir l’image d’Israël par le sport ». Certains joueurs eux-mêmes ont affiché leur solidarité en levant les bras ornés de brassards aux couleurs du drapeau palestinien avant le coup d’envoi — une scène poignante rappelant que la voix des peuples demeure plus forte que le silence des politiques.
Ces manifestations ne se sont pas limitées à la Norvège : elles se sont étendues à de nombreuses capitales européennes et mondiales. La colère populaire face à ce qui s’est passé à Gaza continue de croître. Les protestations ne sont plus de simples gestes de solidarité : elles se sont transformées en un mouvement mondial structuré, exerçant une pression sur les gouvernements pour qu’ils cessent toute coopération militaire avec Israël. Dans les rues, les universités et les stades, l’écho de Gaza résonne comme un appel humanitaire qui transcende les frontières.
Sur le terrain, dans la bande de Gaza, le mouvement Hamas se prépare à rétablir son contrôle sécuritaire après le retrait des forces d’occupation de plusieurs zones. Environ 7 000 membres de ses forces de sécurité ont été rappelés pour rétablir l’ordre et traquer les criminels et collaborateurs présumés, conformément aux ordres de mobilisation diffusés par appels et messages invitant à « répondre à l’appel du devoir national et religieux pour purifier Gaza ». Le mouvement a également nommé cinq nouveaux gouverneurs, tous issus de milieux militaires — certains ayant commandé des brigades de son aile armée —, chargés de restaurer la sécurité et d’organiser la vie civile dans les zones dévastées.
Mais la situation sur le terrain reste plus complexe qu’il n’y paraît. Dans certaines régions où l’on soupçonne la présence de corps de prisonniers israéliens, Israël a imposé des « zones de fermeture » : des secteurs où toute activité de reconstruction, de creusement ou de déblaiement est interdite, afin d’éviter la disparition de preuves ou l’ensevelissement des corps. La mise en œuvre de cette mesure sera supervisée par un « mécanisme conjoint » regroupant Israël, le Qatar, l’Égypte et les États-Unis — une initiative controversée, perçue par de nombreux Palestiniens comme une nouvelle forme de contrôle indirect du territoire.
Selon des estimations israéliennes, un grand nombre de corps de prisonniers devraient être récupérés d’ici lundi, mais l’opération pourrait durer plusieurs semaines, la localisation précise des corps étant difficile dans la bande. Israël comme le Hamas sont conscients que cette opération revêt à la fois une dimension politique et humanitaire : il ne s’agit pas seulement de récupérer des dépouilles, mais aussi d’imposer une nouvelle réalité sur le terrain, maintenant la présence israélienne dans les détails de la vie quotidienne à Gaza, malgré le retrait apparent de son armée.
Sur le plan politique, la ville égyptienne de Charm el-Cheikh se prépare à accueillir demain un sommet régional pour la paix, réunissant des dirigeants du Moyen-Orient et du monde entier.
Les Palestiniens espèrent que cette rencontre marquera le début d’un long chemin vers une paix juste, garantissant un cessez-le-feu permanent à Gaza, préparant la reconstruction et levant un siège imposé depuis plus de quinze ans. Alors que les regards se tournent vers cette station paisible de la mer Rouge, la voix tremblante des habitants de Gaza dans leurs tentes reste plus éloquente que n’importe quel communiqué politique — rappelant que la paix véritable ne naît pas des conférences, mais de la justice et de la dignité.
Parmi les ruines et les cendres, Gaza demeure le symbole d’une tragédiecontemporaine et d’un peuple indomptable.
Chaque tente dressée devant une maison détruite raconte l’histoire d’une famille ayant tout perdu sauf l’espoir.
Les enfants qui jouent aujourd’hui parmi les décombres deviendront peut-être demain les ambassadeurs d’une paix tant attendue.
Dans ce tableau, Gaza semble écrire un nouveau chapitre d’une histoire sans fin — celle d’une terre qui, chaque fois qu’elle est détruite, trouve la force de se relever encore.
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