Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Gaza, Le soutien psychologique, la pierre angulaire de la vie !

17 août 2025
Rire même provisoirement dans les ateliers de soutien psychologique

Rapport détaillé sur l’atelier hebdomadaire de soutien psychologique pour les femmes déplacées dans le camp Al-Isra – ville de Gaza le 16 Août

Malgré les bombardements violents qui ne cessent depuis plusieurs jours, malgré le fracas des explosions qui ébranlent les fondations de Gaza jour et nuit, et sur fond de nouvelles concernant les déplacements massifs des habitants des quartiers est et nord de la ville, malgré aussi l’état d’alerte et la peur qui se lisent sur les visages des familles, les femmes du camp Al-Isra ont tenu à assister à cet atelier qui leur apportait un peu de lumière au milieu de l’obscurité de la guerre. Leur arrivée à la tente ressemblait à une procession de résilience : des visages épuisés, des yeux chargés d’histoires sans fin de pertes d’êtres chers et de rêves envolés dès la première bombe.

L’atelier Nous sommes ensemble : un espace sûr pour le soutien psychologique , organisé cette semaine par les équipes de l’UJPF, a été une parenthèse spirituelle et sociale qui a redonné aux participantes un sentiment d’appartenance et de sécurité, ne serait-ce que pour quelques heures. Vingt-cinq femmes déplacées se sont réunies dans la tente, chacune portant une histoire douloureuse

La séance a débuté par un accueil chaleureux qui a apporté un sentiment de sérénité malgré le grondement des avions au-dehors. Une musique douce a été diffusée pour adoucir l’atmosphère. Les femmes se sont assises en cercle, et l’animatrice leur a demandé de citer une chose ou une personne qui leur procure un sentiment de sécurité. Certaines ont évoqué les souvenirs des maisons qu’elles avaient laissées, d’autres ont parlé d’êtres chers tués, mais dont la mémoire restait une source de force.

La séance s’est poursuivie avec l’activité Le cercle de sécurité , qui a ouvert la voie à une expression sincère des émotions. Les voix des femmes résonnaient dans la tente, portant la douleur de la perte et l’amertume de l’exil. Une mère a raconté le moment où elle a dû fuir sa maison sous les bombes, portant son nourrisson dans les bras sans savoir si elle allait survivre. Une jeune femme a parlé des longues nuits passées sous la tente, pleurant en silence pour ne pas inquiéter sa mère malade.

Puis est venu l’activité Lettre à moi-même , où chaque participante a reçu une feuille pour y écrire ses souhaits, un message de courage destiné à son propre esprit. Certaines lettres étaient trempées de larmes, mais d’autres portaient des mots de force, de détermination, comme si les femmes tentaient de convaincre leur cœur que demain serait meilleur, si long que soit le chemin de la nuit.

Un autre moment marquant fut celui de la respiration consciente . Les femmes ont fermé les yeux : inspirer profondément et expirer lentement, pour essayer d’apaiser le stress et les tremblements provoqués par les explosions proches. Ce fut un instant de silence partagé, rythmé par des respirations synchronisées, comme si elles puisaient ensemble le même oxygène qui les ramenait à la vie.

Pour ajouter une dimension de légèreté, chaque participante a été invitée à partager une blague afin d’instaurer une atmosphère joyeuse. Les rires timides qui ont éclaté ont suffi à briser, même provisoirement, le mur de tristesse.

Dans la dernière partie de l’atelier, l’activité Nous sommes ensemble a permis aux participantes de partager les leçons tirées de la crise. Une vieille dame a déclaré : « La guerre nous a pris beaucoup, mais elle nous a appris que l’amour entre nous est la seule chose qu’aucune bombe ne peut détruire. » Une jeune femme ayant perdu sa maison a ajouté : « J’ai appris que la résilience ne consiste pas seulement à survivre, mais à être capable de rire malgré les ruines. »

Chaque témoignage raconté dans la tente était une preuve du sort injuste des civils à Gaza, et de la force de ses femmes qui portent à la fois le poids de la famille et celui de la patrie. Au moment de la clôture, l’animatrice a demandé aux participantes de se lever, de se donner la main et de répéter d’une seule voix : « Nos voix sont le carburant de notre résilience, ensemble nous sommes plus fortes. » La scène était si émouvante que des larmes se sont mêlées aux sourires.

Cet atelier montre encore une fois que le soutien psychologique n’est pas un luxe en temps de guerre, mais une nécessité pour rester debout face à l’effondrement. Les femmes qui y ont participé sont reparties avec dans le cœur de petites graines d’espoir, et peut-être aussi la conviction nouvelle qu’elles ne sont pas seules dans ce combat acharné.

Dans ces circonstances tragiques, où la perte est devenue un langage commun entre les femmes de Gaza, où la douleur habite les âmes avant les corps, le soutien psychologique reste la pierre angulaire de leur capacité à affronter la vie. C’est la forteresse qui les protège de la brisure totale, le pont qui reconstruit la confiance en soi et dans la communauté. Les femmes qui ont participé à cet atelier sont retournées dans leurs tentes en portant un seul message : même au milieu de l’injustice, de l’exil et de la perte, il y a toujours une petite place pour l’espoir et une plus grande encore pour la solidarité. Car lorsque les mains s’entrelacent et que les âmes se rencontrent, la résilience devient un choix collectif qu’aucune guerre ne peut anéantir.

Lien vers les photos et vidéos

https://drive.google.com/drive/folders/1fUpxOAhsTFRFg5Pb6E2H7h_JUygrKN_V

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