Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Gaza: violations de la trêve et pressions politiques internationales

11 décembre 2025
Gaza aujourd'hui crédit photo UJFP

Un texte d’ Abu Amir le 9 Décembre au soir qui témoigne d’ un horizon ouvert sur l’inconnu avec des violations perpétuelles de l’accord de cessez le feu.

Les violations militaires israéliennes de l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza se sont poursuivies mardi, lorsque l’armée israélienne a ciblé une série de zones résidentielles et d’infrastructures civiles dans un territoire qui traverse l’une des phases les plus complexes depuis le début de la guerre. Les attaques ont inclus des opérations de destruction massive de maisons et d’immeubles d’habitation, parallèlement à des bombardements aériens intensifs et à de violentes frappes d’artillerie ayant visé l’est de la ville de Gaza et Rafah. Par ailleurs, les vedettes militaires israéliennes ont ouvert le feu au large de Khan Younès, suscitant la crainte des habitants qui n’ont pas encore retrouvé la moindre forme de calme.

Dans le quartier de Chajaiya, à l’est de Gaza, les forces israéliennes ont fait exploser un engin piégé dans l’une des rues, provoquant d’importants dégâts dans le périmètre de l’explosion. Des avions de combat ont également bombardé les quartiers de Tuffah et de Zeitoun, tandis que des véhicules militaires israéliens ont ouvert le feu près de l’axe Morag, au nord de Rafah. Pendant ce temps, le ciel du sud de la bande de Gaza connaissait un survol intensif de l’aviation israélienne, accompagné de nouvelles opérations de destruction d’immeubles résidentiels à l’est de Khan Younès.

Selon des sources médicales, une femme a été tuée et six déplacés ont été blessés lors des bombardements sur les zones orientales et septentrionales de Gaza. Un autre Palestinien est décédé des suites de ses blessures après une frappe ayant visé une maison à Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza, selon l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa. Par ailleurs, la Défense civile de Gaza a annoncé avoir réussi à extraire 113 corps des décombres des habitations détruites depuis la veille, illustrant l’ampleur d’une catastrophe humanitaire qui ne cesse de s’aggraver face aux capacités limitées de recherche et de sauvetage.

Sur le plan politique, des médias israéliens ont révélé que les États-Unis avaient adressé ces derniers jours plusieurs messages à Tel-Aviv, dans lesquels le président Donald Trump exprimait son refus du maintien de l’armée israélienne sur la “ligne jaune” à l’intérieur de Gaza, ainsi que son opposition à une présence israélienne sur plus de la moitié du territoire. Selon ces rapports, Trump pourrait demander à l’armée israélienne d’effectuer un nouveau retrait dans le cadre de la deuxième phase du plan américain visant à mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.

Les mêmes sources indiquent que Trump insiste pour pousser Israël à avancer dans son plan politique, mais que sa mise en œuvre dépendra des résultats de sa rencontre prévue avec le Premier ministre israélien Netanyahou à la fin du mois. En Israël, un vaste débat s’est ouvert après le retrait de l’armée vers la “ligne jaune” autour de l’idée d’un “nouveau mur de Berlin”, certains anticipant un maintien prolongé des forces sur place. Toutefois, les déclarations de Trump ont bouleversé ces attentes, affirmant clairement le refus de l’administration américaine quant à cette démarche.

Selon ces rapports, l’administration Trump a été surprise par ce qu’elle a qualifié “d’engagement positif” de la part du Hamas à respecter ses promesses concernant la remise des dépouilles des soldats israéliens. Le mouvement serait parvenu à retrouver toutes les dépouilles sauf celle d’un seul soldat dont l’emplacement n’a pas encore été identifié. Des sources politiques estiment que Washington pourrait exiger un retrait de l’armée israélienne vers des zones plus proches des frontières et une réduction de son déploiement à l’intérieur de Gaza, tandis que l’armée israélienne reconnaît que les violations palestiniennes de l’accord ne sont pas nombreuses et que les tirs signalés sur la ligne jaune relèvent généralement de tentatives de collecte de renseignements de la part de membres du Hamas, et non d’opérations de combat organisées.

Le secteur le plus tendu reste toutefois celui des tunnels à Rafah, où sont regroupés des combattants du Hamas dont les mouvements continuent de représenter une sensibilité militaire pour Israël. Alors que les violations se poursuivent sur le terrain, des négociations internationales rapides se déroulent en parallèle afin de former un “Conseil international de paix” chargé de superviser un nouveau gouvernement de technocrates qui devrait être établi dans la bande de Gaza entre la mi-décembre et Noël. Des sources évoquent un accord préliminaire concernant les personnalités qui dirigeront cette phase, parmi lesquelles des figures proches du Hamas, du Fatah ou de l’Autorité palestinienne.

On travaille également à annoncer la formation d’une force internationale dans la bande de Gaza à la mi-janvier prochain, malgré l’hésitation de plusieurs pays à y participer, craignant une confrontation éventuelle avec le Hamas, surtout si leur mission devait inclure une tâche sensible telle que le désarmement offensif du mouvement. Les discussions en cours entre le Hamas, les États-Unis et les médiateurs régionaux — notamment le Qatar, l’Égypte et la Turquie — portent sur une proposition prévoyant la remise par le Hamas de ses armes offensives, comme les roquettes, en échange du maintien d’armes personnelles légères telles que fusils et pistolets. Les estimations sécuritaires israéliennes indiquent par ailleurs que la menace contre les localités de la périphérie de Gaza est “très faible”. Israël cherche, selon le rapport, à obtenir l’aval américain lui permettant une “liberté d’action contre le Hamas” dans Gaza, à l’image de ses opérations contre le Hezbollah au Liban. Toutefois, l’obtention de cette liberté dépend largement du niveau de confiance de Washington dans la progression du plan de Trump et dans la réussite des arrangements concernant le déploiement de la force internationale dans le territoire. Les rapports indiquent que Trump se montre optimiste quant à ces scénarios, malgré les complications politiques et militaires qui les entourent. Selon le plan américain, la bande de Gaza sera divisée en deux zones : la “vieille Gaza” à l’ouest, où le Hamas restera présent, et la “nouvelle Gaza” à l’est, qui sera sous supervision directe d’Israël, avec la construction de nouveaux quartiers financés par des pays du Golfe et le transfert d’une partie des habitants vers ces zones, dans le cadre d’une reconfiguration urbanistique et démographique du territoire.

Au milieu de ces développements militaires et politiques, les habitants de Gaza restent plongés dans la confusion et l’inquiétude, tiraillés entre les scènes de destruction incessante et les promesses politiques floues. Bien que la guerre soit terminée, la réalité quotidienne montre que le chemin reste long et que l’inconnu demeure le titre principal de l’avenir du territoire et de ses habitants, qui oscillent entre l’attente d’une véritable trêve et la préparation à une nouvelle escalade susceptible d’éclater à tout moment.

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