Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | La Patrie, c’est la Terre ou sa population?

18 septembre 2025
Atelier de soutien psychologique à Deir al- Balah crédit photo UJFP Gaza

Compte rendu de l’atelier de soutien psychologique pour femmes au camp de Al-Asdiqa’a dans la région de Deir al-Balah 18 Septembre. La patrie entre hier et aujourd’hui : la patrie est-elle la terre ou les gens ?

Cela reste incroyable de lire des compte rendus d’une telle intensité dans la situation que traverse Gaza!

À l’ouest de Deir al-Balah, le camp de Al-Asdiqa’a respire chaque jour les histoires de l’exil. Des femmes ayant perdu leurs maisons et leurs terres se retrouvent dans des tentes provisoires, bien loin de ce qu’elles ont laissé derrière elles. Le déplacement n’a pas seulement volé les pierres, mais aussi le sentiment de sécurité et d’appartenance, laissant ces femmes face à une inquiétude permanente et une douleur qui ne s’éteint pas.
L’atelier organisé par l’équipe
UJFP a ouvert une porte au dialogue et à la réflexion, transformant la tente en un espace sûr, accueillant à la fois les larmes et les sourires.

Mes souffles et mes mélodies… une porte vers le calme

Mon souffle… mon refuge – respiration profonde
La séance s’est ouverte par un exercice de respiration consciente. Les femmes, assises en cercle, ont posé leurs mains sur leur cœur, inspiré lentement et profondément, puis expiré en libérant toute tension et toute tristesse.

  • L’une a déclaré : « Je sens ma poitrine plus légère, comme si je m’étais débarrassée d’un poids qui m’écrasait depuis longtemps. »

  • Une autre a souri : « J’ai respiré comme si, l’espace d’un instant, j’étais de retour dans notre ancienne maison. »

La respiration a constitué le premier pont vers une préparation psychologique aux activités suivantes.

Mélodie de la patrie – la musique comme pont vers l’espoir
Après l’exercice de respiration, une douce musique s’est répandue dans la salle.

  • Une jeune femme a confié : « Cette musique m’a rappelé une nuit où je dansais avec mes sœurs avant la guerre. »

  • Une autre a ajouté : « Ces sons m’ont ramené une sensation de sécurité qui m’avait tant manqué. »

La musique a abattu les barrières, créant une énergie d’harmonie qui a transformé la salle en un sanctuaire pour l’âme. Les participantes ont eu le sentiment de dépasser les limites de la tente, comme si la mélodie avait bâti une patrie intérieure.

Ma boîte à souvenirs – évoquer le passé avec douceur
Un coffret symbolique a été ouvert et l’on a demandé aux femmes d’y déposer un mot représentant la patrie avant l’exil.

  • Une participante : « La patrie, c’est l’odeur du pain de ma mère. »

  • Une autre : « La patrie, c’est la mer que je voyais chaque matin. »

Chaque mot, chaque larme rapprochait les femmes, qui trouvaient du réconfort dans le partage du souvenir. La boîte n’était pas qu’un réceptacle de mots, mais un écrin pour leurs cœurs.

Carte de l’espoir – redessiner les frontières de la patrie
Une grande affiche a été placée au centre, portant la question :
« Où est ma patrie aujourd’hui ? »
Les femmes ont écrit tour à tour,

  • « Ma patrie est dans le sourire de ma voisine. »

  • « Je la vois dans le visage de ma petite fille. »

  • « Ma patrie est dans la prière inlassable de ma mère. »

Au fil du temps, l’affiche est devenue une mosaïque d’espoir, une carte nouvelle sans frontières géographiques mais faite de liens humains.

Ponts de résilience – un pays construit de mains entrelacées
Les femmes ont été réparties en petits groupes pour discuter :
« Comment pouvons-nous nous soutenir pour recréer un sentiment d’appartenance dans le camp ? »

  • Une femme : « Je croyais n’avoir plus de patrie après avoir perdu ma maison, mais je vous ai découvertes comme ma patrie quand vous êtes restées à mes côtés. »

  • Une jeune femme : « Les paroles que j’ai entendues aujourd’hui m’ont fait sentir que je ne suis pas seule. »

Les femmes ont découvert que la patrie pouvait se construire dans les relations humaines, à travers les mains qui se tiennent plus qu’avec des murs.

Poème de la patrie –
En clôture, chaque femme a écrit un mot ou une phrase sur la patrie. Ces fragments se sont assemblés en un poème collectif émouvant.

  • « La patrie, c’est le cœur de mes enfants. »

  • « La patrie, c’est vous quand vous tenez ma main. »

  • « La patrie commence dans le cœur, et la résilience se bâtit par l’amour. »

Quand le poème a été lu à haute voix, il a résonné comme un hymne commun. Les femmes ont applaudi avec ferveur, certaines riant de joie, d’autres pleurant intensément. Ce poème n’était pas qu’un texte, mais une guérison collective, restaurant la conviction que leurs voix pouvaient bâtir une autre forme de patrie.

L’atelier : un voyage de la douleur vers l’espoir

L’atelier a été une traversée psychologique complète.Chaque activité a représenté un échelon dans l’ascension de la douleur vers l’espoir. Chaque interaction a témoigné de la capacité des femmes à créer une patrie intérieure indestructible.

le soutien psychologique comme rempart en temps de guerre

Cet atelier a démontré que le soutien psychologique pour les femmes déplacées est une nécessité vitale. La guerre ne se limite pas à la destruction matérielle ; elle laisse aussi des cicatrices profondes dans l’âme.

La séance a prouvé que la patrie peut naître d’un souffle partagé, d’une mélodie, d’un mot écrit avec sincérité, ou d’une main serrée dans une autre.
De tels ateliers reconstruisent une identité déchirée, sèment l’espoir au milieu des ruines et confirment que la patrie commence dans le cœur et que la résilience se construit par l’amour.

Lien vers les photos et vidéos

https://drive.google.com/drive/folders/1KgQo6mG2Qyx1ZXt_D-YiKSswIdfbWucY

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