Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | La tragédie des gazaouis qui remontent dans le Nord

28 janvier 2025
Route côtière

Le 28 Janvier Abu Amir envoie ce texte sur le chemin du retour vers le Nord : un choc

Souffrance après souffrance

Au milieu de scènes de destruction et de dévastation, les habitants déplacés sont retournés dans le nord de Gaza par la route Al-Rashid, endurant un long et épuisant voyage qui a ajouté une nouvelle douleur à leurs 15 mois de souffrances incessantes. Ces personnes, qui ont dû faire face à des conditions difficiles de déplacements forcés, de tueries et de crises récurrentes, se sont retrouvées confrontées à une réalité encore plus dure, avec des villes rayées de la carte et des zones entières réduites à l’état de décombres.

Scènes de destructions, le choc

Au cours de leur trajet de retour, ils ont été stupéfaits par l’ampleur des destructions. Des zones entières, telles que la Cité des Prisonniers et la Cité Al-Zahraa au nord de Nuseirat, n’existaient plus sur la carte. Des dizaines de corps décomposés ont été découverts dans ces zones, reflétant de manière poignante l’immense tragédie humanitaire laissée par la guerre. Les gazaouis ne reconnaissaient pas les rues qu’ils connaissaient autrefois ; le nord de la bande de Gaza semblait avoir été déchiré par des ouragans impitoyables, laissant des zones entières en ruines.

Cette destruction est apparue comme un message clair d’Israël aux habitants : « Réjouissez-vous de votre retour, et voyons comment vous allez vivre au milieu de cette dévastation ». Israël est bien conscient que la transformation du nord de la bande de Gaza en une zone invivable obligera les habitants à migrer à nouveau vers le sud, où les conditions ne sont guère meilleures.

Le chemin du retour : Souffrance sans fin

Le voyage de retour vers la ville de Gaza a été lui-même un nouveau chapitre de souffrance. Les femmes, les personnes âgées et les enfants ont parcouru de longues distances à pied, mettant une journée entière pour atteindre la ville de Gaza. Les enfants incapables de marcher, les personnes âgées et les malades avaient besoin d’une assistance constante, ce qui rendait le voyage très pénible.

Un rapatrié a raconté son calvaire, déclarant qu’il avait commencé son voyage à 10 heures du matin et qu’il n’avait atteint la ville de Gaza qu’à 17 heures. Il a dû porter ses enfants et sa mère malade, s’arrêtant plusieurs fois pour reprendre des forces.

Pour ceux qui retournaient dans le nord de la bande de Gaza, la souffrance était aggravée par la distance, qui dépassait les 20 kilomètres.

Nord de la bande de Gaza : Une situation invivable et un chaos imminent

Israël sait qu’en détruisant le nord de la bande de Gaza de cette manière, la vie y est pratiquement impossible. Les services et infrastructures essentiels sont quasiment inexistants, ce qui complique encore la survie. Avec la raréfaction des ressources de base, on s’attend à voir apparaître des signes de conflits entre les habitants, ce qui conduira à un chaos généralisé dans la région.

Ce phénomène avait déjà commencé dans les parties méridionales de Gaza avant le cessez-le-feu, avec une augmentation des vols, des altercations armées et des disputes entre les habitants. Alors que les personnes déplacées retournent dans le nord de la bande de Gaza, on craint que ce chaos n’y réapparaisse, entraînant une nouvelle crise humanitaire qui viendrait s’ajouter aux souffrances actuelles de la population.

Tout indique que de nombreux habitants seront inévitablement contraints de migrer à nouveau vers le sud, sans aucune perspective d’amélioration dans le nord de la bande de Gaza, ce qui rend l’avenir encore plus incertain et catastrophique.

Les pêcheurs et les difficultés du retour

Les pêcheurs sont également pris dans cette scène tragique. Zakaria Bakr, porte-parole des pêcheurs de l’Union des comités de travail agricole (UWAC), a décrit le pénible voyage d’Al-Zawayda à la ville de Gaza le long de la route côtière. Le voyage a duré plus de 11 heures à pied, les pêcheurs ayant ramené leurs familles, y compris les enfants, les malades et les personnes âgées, dans leurs maisons endommagées. Malgré les destructions, ils ont préféré rester dans leurs maisons plutôt que dans des tentes.

Zakaria Bakr a souligné l’ampleur catastrophique des destructions dans la ville de Gaza, à tel point qu’il ne pouvait pas reconnaître de nombreux quartiers qu’il a traversés sur le chemin du retour. Néanmoins, de nombreux pêcheurs ont insisté pour rentrer chez eux, s’accrochant au peu qu’il restait de leur vie.

Le flux continu de personnes déplacées

Malgré tout, le flux de personnes déplacées se poursuit le long des routes d’Al-Rashid et de Salah al-Din, beaucoup espérant atteindre leurs quartiers détruits. Alors que certains préfèrent rester dans les parties méridionales de la bande de Gaza, en attendant que la situation s’éclaircisse, d’autres choisissent d’affronter la dure réalité du nord de la bande de Gaza.

Cette tragédie humanitaire appelle une intervention internationale urgente pour sauver les habitants d’une véritable catastrophe qui menace leur avenir et leur vie quotidienne. Ce qui se passe au nord de la bande de Gaza est un crime à tous points de vue, et laisser les habitants seuls face à leur destin est une tache sur la conscience du monde.

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