Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Les bombardements se sont tus, le soutien des Déplacé.e.s persiste!
18 octobre 2025Quand les canons se taisent et que la souffrance demeure: l’histoire des déplacés de Gaza. C’est le texte du compte rendu des actions de l’UJFP le 17/10
Malgré le silence des avions et l’arrêt des tirs, la guerre n’est pas terminée pour des milliers de déplacés dans la bande de Gaza. La guerre, partie du ciel, a laissé derrière elle une terre brûlée et des cœurs accablés de tristesse et de stupeur.
Avec l’annonce de la fin des hostilités et le retour de certains habitants vers les zones évacuées par l’armée israélienne, le choc fut immense : ils ne retrouvèrent pas leurs maisons, mais des amas de ruines s’étendant à perte de vue. Les rues étaient encombrées de décombres, et les maisons transformées en vestiges n’abritant plus que le vent et les souvenirs. Même ceux dont les habitations étaient encore debout partiellement ne purent y accéder facilement, car les rues étaient jonchées de pierres, de fils brûlés et de débris de guerre.
Le retour devint alors un rêve douloureux plutôt qu’un soulagement.
Parmi ces scènes terribles, la crise de l’eau est apparue comme l’un des défis les plus pressants. L’eau, source première de la vie, est devenue si rare que chaque goutte vaut de l’or. Les infrastructures détruites n’ont pas permis la reprise du pompage dans les zones sinistrées, rendant le retour synonyme de risque et de soif.
Les habitants se précipitaient vers des puits improvisés et des citernes mobiles, espérant y trouver un peu d’eau potable. Cette eau, souvent contaminée et mélangée à des résidus de bombardement, devint à son tour une source de souffrance sanitaire.
Face à cela, de nombreuses familles ont choisi de rester dans les régions centrales et méridionales, relativement plus stables. Des milliers d’entre elles ont décidé de ne pas revenir après avoir entendu, par leurs proches, l’ampleur des destructions dans la ville de Gaza. Ceux qui ont tenté de rentrer ont souvent rebroussé chemin vers le sud, vaincus par les conditions extrêmes et l’absence totale de services essentiels.
Malgré l’afflux de convois humanitaires et de vivres à travers les points de passage, l’aide restait insuffisante pour répondre à tous les besoins. L’économie paralysée et le taux de chômage record empêchaient les habitants d’acheter même les produits les plus basiques.La guerre n’a pas seulement laissé derrière elle des morts et des blessés, mais aussi une économie ruinée et une société plongée dans une pauvreté extrême.
Les familles se partagent désormais la nourriture comme elles se partagent la douleur.
Les longues files d’attente devant les camions d’eau, les centres de distribution alimentaire et les points d’aide sont devenues un élément banal du quotidien.
Au cœur de ce drame humanitaire, l’UJFP s’est distinguée par sa présence et son engagement. Depuis le début de la guerre, ses équipes travaillent sans relâche pour apporter une aide d’urgence aux déplacés, aux sinistrés dans toute la bande de Gaza.
Aujourd’hui encore, malgré la trêve, et compte tenu des conditions tragiques inchangées, l’organisation poursuit ses projets humanitaires pour alléger la souffrance des familles déracinées et privées de ressources.
Dans le camp d’Al-Fajr et les campements voisins à Mawassi Khan Younès, le projet de distribution quotidienne de repas chauds, continue. Ce programme vital représente une véritable bouée de sauvetage pour de nombreuses familles, en particulier celles avec des enfants, des malades ou des personnes âgées.
Nos efforts s’étendent également au camp du Croissant à Deir al-Balah, où les équipes préparent et distribuent régulièrement des repas chauds à des centaines de familles vivant sous des tentes provisoires. Ce projet a permis d’améliorer les conditions de vie et de réduire le fardeau quotidien des familles qui ont tout perdu.
Les témoignages des habitants traduisent une profonde gratitude et un espoir fragile.
Une mère, tenant son enfant affaibli dans le camp d’Al-Fajr : « Un repas chaud signifie pour nous un nouveau jour de vie. »
Ces mots résument la tragédie d’un peuple en quête de survie au milieu des ruines, et soulignent l’importance de la continuité de ces efforts humanitaires qui redonnent vie à ceux qui l’avaient presque perdue.
Mais au milieu de la faim et de la soif, une autre bataille fait rage — celle de l’éducation. Car si le corps a besoin de nourriture et d’eau, l’esprit a besoin de savoir et d’espoir pour se reconstruire.
L’UJFP a compris dès le début de la guerre que la reconstruction de l’humain commence par l’esprit avant la pierre. Ainsi, les centres éducatifs qu’elle soutient ont continué d’accueillir les élèves malgré les conditions difficiles.
Dans le camp d’Al-Fajr, des cours sont toujours assurés, en plusieurs sessions, pour accueillir le plus d’enfants possible. Les élèves s’assoient entre les tentes ou sous des abris de fortune, suivant leurs leçons avec enthousiasme malgré le manque de matériel pédagogique.
À l’ouest du camp de Nuseirat, l’école “Premier Pas” se dresse comme un phare d’espoir au milieu de l’obscurité. Cette école, soutenue par l’UJFP, accueille environ 905 élèves, de la maternelle jusqu’au baccalauréat. Plus de 22 enseignant.e.s y assurent l’ensemble des programmes scolaires malgré la faiblesse des moyens.
L’école ne se limite pas à l’enseignement académique : elle fait du soutien psychologique un pilier essentiel de sa mission. Trois psychologues y travaillent quotidiennement, accompagnant les enfants traumatisés par la guerre — peur, violence, dépression, isolement ou hyperactivité.
Leur action soutiennent aussi les parents, à travers des rencontres hebdomadaires consacrées aux difficultés vécues par leurs enfants. Ces séances permettent aux familles de mieux comprendre les souffrances psychologiques de leurs enfants et d’y répondre avec des méthodes éducatives adaptées.
Des associations locales, telles que le Croissant-Rouge palestinien, ont également organisé dans cette école des ateliers de sensibilisation aux dangers des restes d’explosifs et à la santé mentale des enfants. Ces activités éducatives créent un environnement plus sûr et plus stable, redonnant aux enfants le sentiment que la vie peut continuer malgré tout.
Une enseignante de l’école “Premier Pas” résume ainsi leur mission :
« L’enseignement ici ne se limite pas à donner des leçons, il s’agit de semer l’espoir dans le cœur des enfants. »
Cette phrase exprime l’essence même du message que portent ces initiatives éducatives et humanitaires à Gaza : construire l’avenir commence par protéger la jeune génération de la rupture psychologique et intellectuelle.
Les efforts de UJFP sur le terrain ne sont pas une simple aide d’urgence, mais un projet de vie global, redonnant aux déplacés leur humanité perdue et leur dignité.
Alors que l’odeur de la poudre flotte encore dans les ruelles de Gaza, un autre son s’élève des camps de fortune : celui d’enfants qui apprennent, de femmes qui résistent avec un sourire, et de bénévoles qui distribuent la vie à ceux qui l’ont perdue.
Ainsi, Gaza écrit un nouveau chapitre de résistance : après chaque guerre naît une volonté nouvelle, et après chaque destruction se lève une génération qui ne connaît pas la défaite.
Les murs se sont peut-être effondrés, mais l’être humain de Gaza ne s’est pas brisé.
Tant qu’il y aura quelqu’un pour semer l’espoir, partager un repas et ouvrir une école, Gaza continuera de battre au rythme de la vie, malgré tout.
Lien vers les photos et vidéos
Fournir des repas au camp des agriculteurs
https://drive.google.com/drive/folders/1Ho4K-QRH0u0-lRv41-vj_EUAHr9WbTK6
Fourniture de repas au camp d’Al Hilal
https://drive.google.com/drive/folders/1kbCS3bM6q_muf40P2LULZH1yLYmnW0ET
Programmes éducatifs
https://drive.google.com/drive/folders/1V9IJFa2_vylnTSeC77o2Vgqrx4vPe7ox
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