Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Les équipes de l’ UJFP poursuivent leur travail vital

2 septembre 2025
Soutien psychologique crédit photo UJFP

Compte rendu hebdomadaire du travail essentiel de soutien psychologique : les équipes arrivent toujours à maintenir les deux ateliers 31/08 et 1/09

Dans la bande de Gaza, où les camps s’étendent comme une mer de tentes, des milliers de femmes vivent suspendues entre une attente sans fin et une peur constante. Chaque tente abrite une histoire de perte, chaque ruelle poussiéreuse porte une douleur silencieuse, et chaque visage féminin raconte une lutte quotidienne pour survivre dans une guerre qui leur a volé la maison, la sécurité, le pain et même les rêves les plus simples de sérénité. Là-bas, la tente n’évoque que la fragilité de la vie, la nuit n’apporte qu’un froid interminable ponctué d’explosions, et le matin ne signifie que de longues files d’attente.

Au milieu de ce tableau catastrophique, les équipes de l’UJFP poursuivent leur travail vital. Elles savent que les femmes, au cœur de ce drame, ne sont pas seulement des victimes passives, mais bien les piliers de la résilience. C’est dans ce contexte qu’a été organisée une atelier intitulée « La santé des femmes en temps de crise : conseils pratiques pour le bien-être physique et psychologique »Vingt femmes déplacées de la ville de Deir al-Balah y ont participé, parmi des milliers d’autres réfugiées.

L’animatrice a expliqué les objectifs de l’atelier : « Nous sommes ici pour vous, afin d’apprendre ensemble comment prendre soin de nos corps et de nos esprits dans ces conditions. » Les femmes ont senti que cet espace leur appartenait, libre de toute exigence, rempli seulement d’écoute.

L’animatrice leur a demandé de fermer les yeux, de respirer profondément et de laisser chaque poids se dissiper à l’expiration. Une femme a déclaré après l’exercice : « Je n’avais pas entendu ma respiration depuis des mois. » Une autre a ajouté : « C’était la plus longue minute de paix de ma vie. »

Devant elles, quelques objets simples avaient été disposés : du savon, des conserves, des bouteilles d’eau. L’animatrice a expliqué comment maintenir l’hygiène malgré le manque de ressources, et comment utiliser les conserves pour préparer des repas nutritifs. Une femme, étonnée, a dit : « Je n’avais jamais pensé à ajouter de la farine de lentilles au pain sec pour le rendre plus nourrissant. » Une autre a ri et ajouté : « Ce soir, j’essaierai de préparer une soupe avec une boîte de haricots plutôt que de la servir telle quelle. »

La voix du corps : dans l’activité suivante, l’animatrice leur a demandé de se mettre en cercle. Les exercices d’étirement ont commencé. Une femme âgée a éclaté de rire : « Mes jambes avaient oublié ce mouvement depuis longtemps. » Une jeune femme a respiré profondément et dit : « J’ai l’impression de sortir d’une cage. » Les rires ont résonné, et les corps fatigués semblaient, l’espace d’un instant, libres. La scène ressemblait à une danse collective, lente, de liberté dans une petite salle.

Dehors, des explosions lointaines se faisaient entendre, mais à l’intérieur de la salle régnait une paix inattendue. Une jeune fille a dit après l’exercice : « Je me suis imaginée dans un jardin… J’ai entendu le chant des oiseaux au lieu du bruit des bombardements. » Les femmes ont souri, certaines avec des larmes. Un instant court, mais qui ressemblait à une résistance différente : par la sérénité.

Mon histoire de résilience : Une femme qui avait perdu son mari a dit : « Quand je l’ai enterré, j’ai eu l’impression d’enterrer ma vie. Mais je me suis relevée parce que mes enfants avaient besoin de moi. » Une autre a parlé de son fils disparu : « Chaque jour, je mets de côté sa part de nourriture, comme si je refusais d’admettre qu’il ne reviendra pas. » Une femme âgée a déclaré : « Je vis de mes souvenirs… des photos de mes enfants et petits-enfants dispersés. Mais je souris à mes petits-enfants pour leur donner ce qui reste de mon âme. »

Une jeune femme déplacée du nord de Gaza a dit : « Je rêvais de terminer mes études universitaires… Aujourd’hui je rêve seulement d’une chaise sur laquelle m’asseoir sans peur. » Une fille d’une vingtaine d’années : « J’écris de la poésie la nuit… la poésie me rappelle que je suis encore humaine. » Quant à une mère de cinq enfants « Chaque soir j’invente une nouvelle histoire pour leur faire oublier le bruit des bombes. »

Chaque mot était comme un cri, chaque récit un miroir pour l’autre. Les femmes se regardaient, certaines pleuraient, d’autres se tenaient la main. La tente qui abritait l’atelier semblait soudain plus grande, comme si elle contenait toutes leurs âmes.

À la fin de la séance, l’animatrice est revenue à la phrase qu’elle avait choisie pour résumer toute l’expérience : « Je suis importante ! » C’était une proclamation collective : les femmes avaient retrouvé le sens de leur valeur. Une jeune femme : « Je pensais que mon corps ne méritait plus de soins, mais maintenant je sens que je respire à nouveau. » Une autre a ajouté : « Je me plaçais toujours en dernière position… aujourd’hui, j’ai appris que prendre soin de moi est le début pour sauver ma famille. » Une femme d’âge mûr a conclu : « Je me voyais comme une ombre dans le camp, mais je repars en me sentant avoir une place et une valeur. »

Cet atelier a confirmé que la santé des femmes n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour la survie de la communauté. Il a donné aux femmes des outils pratiques pour faire face aux pressions de la vie, un espace d’expression, et surtout, le sentiment qu’elles ne sont pas seules. Et même si la guerre continue d’encercler les camps, les femmes sont reparties plus solides, plus attachées à la vie. Chacune d’elles est retournée dans sa tente en répétant intérieurement : « Je suis importante… et ma santé est la base de la résilience de ma famille. »

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Deuxième atelier ville de Gaza

Les cercles de la tragédie s’élargissent jour après jour dans la ville de Gaza, et avec l’intensification de la guerre, la vie des femmes dans les camps de déplacés est désormais en jeu. Les mères portent leurs enfants d’une tente à une autre, errent dans de longues files à la recherche d’eau potable ou d’une bouchée de pain pour préserver la vie, tandis que la peur s’installe dans leurs cœurs chaque nuit glaciale, et chaque matin qui commence par des nouvelles de bombardements. Avec l’annonce de l’armée israélienne de son intention de pénétrer dans la ville de Gaza, la crise s’est aggravée : l’exode n’est plus une simple éventualité, mais une réalité amère qui pousse des milliers de femmes à quitter leurs tentes et à fuir vers l’inconnu. Leur seul rêve désormais… trouver un endroit sûr où dormir avec leurs enfants sans être réveillées par les bombes.

Au milieu de cet effondrement accumulé, les équipes de l’UJFP poursuivent leur travail vital de soutien psychologique. Une séance particulière intitulée « Confiance en moi dans les temps difficiles » a ainsi réuni vingt-cinq femmes de Gaza, venues d’horizons divers mais unies par une même souffrance.

L’animatrice a ouvert la séance par des mots d’accueil, un court exercice de relaxation a suivi : elle leur a demandé de fermer les yeux et de respirer profondément. Soudain, le vacarme du dehors a disparu un instant, et un silence profond a envahi la salle. L’une a dit : « Dans cette minute, j’ai senti que j’étais un être humain… pas juste un chiffre parmi des milliers de déplacés. » Une autre a ajouté : « J’ai senti que mon cœur pouvait encore battre malgré tout. »

Vint ensuite la première activité intitulée « Ma petite victoire ». Chaque participante devait raconter un petit accomplissement réalisé ces derniers jours. Une femme ayant perdu sa maison s’est levée et a dit : « Lorsque j’ai porté de l’eau sur une longue distance pour mes enfants, j’ai eu l’impression d’avoir vaincu toute la guerre. » Une jeune déplacée a raconté : « J’ai réussi à endormir ma petite sœur malgré les bombardements, je lui ai raconté une histoire de mémoire, et elle s’est endormie apaisée à mes côtés. » Même les actes les plus simples semblaient des batailles héroïques dans de telles conditions.

Puis vint l’activité « Je suis forte parce que… ». Les femmes devaient écrire des phrases commençant par ces mots. L’une a écrit : « Je suis forte parce que j’ai quitté ma ville sans abandonner ma dignité. » Une autre : « Je suis forte parce que, malgré l’exode, j’ai appris à mes enfants à sourire. » Une jeune fille a dit : « Je suis forte parce que je n’ai pas laissé la guerre voler mon rêve de devenir enseignante. » Les mots semblaient se transformer en armes invisibles les protégeant de la défaite intérieure.

L’activité la plus touchante fut « Histoire de résilience ». Assises en cercle, les femmes ont commencé à raconter leur histoire. Une mère de trois enfants a dit : « J’ai quitté ma maison sous les bombes, emportant seulement mes enfants et quelques photos. Je leur répète chaque jour que nous reviendrons, même si ma voix tremble de peur. » Une autre a ajouté : « Le plus difficile, c’est la question de ma fille : Maman, quand est-ce qu’on rentre à la maison ? Je n’ai pas de réponse, alors je la serre dans mes bras et je pleure en silence. » Une femme âgée a témoigné : « Quand j’ai appris que l’occupation allait envahir la ville, j’ai senti que toute ma vie s’effondrait. Mais j’ai rassemblé mes forces, pris ce qu’il me restait et j’ai marché avec les autres… chaque pas était une bataille avec mon cœur. »

L’un des moments les plus beaux fut l’activité « Nos empreintes », où chaque participante devait laisser l’empreinte de son doigt sur une toile collective. Une petite planche s’est transformée en une mer de couleurs, chaque empreinte représentant une trace unique. L’une des femmes, les larmes aux yeux, s’est arrêtée devant la toile et a dit : « Même si la guerre vole tout, elle ne pourra pas effacer mon empreinte. » Une autre a ajouté : « Je sens que je fais partie d’une image plus grande, et que nous ne sommes pas seules. » Ce geste simple avait la force d’un rituel collectif, confirmant que chaque femme laisse une marque indélébile.

La séance n’aurait pas été complète sans les témoignages révélant la profondeur de la douleur. « Je pensais être faible, mais quand j’ai réalisé que j’avais survécu aux bombardements avec mes enfants, j’ai compris que j’étais plus forte que je ne l’imaginais. » Une autre a dit : « Cette rencontre m’a redonné confiance. En écoutant les histoires des autres, j’ai compris que la force n’est pas de retenir ses larmes, mais de se relever chaque matin malgré elles. » Une femme ayant perdu son mari a ajouté : « Parfois, je crois que je ne peux plus continuer, mais quand je regarde le visage de mes enfants, j’entends une voix intérieure me dire : tu peux encore. »

À la fin de l’atelier, les visages semblaient différents, comme sortis d’une expérience de purification intérieure. L’animatrice a conclu par un message profond : « La confiance en soi n’est pas un sentiment passager, c’est un mur qui vous protège au milieu de l’effondrement. » Les femmes sont parties plus attachées à elles-mêmes, avec un sentiment nouveau de valeur et de capacité, répétant dans leur cœur : « Je suis forte, et ma confiance en moi est ma survie. »

Cette séance a prouvé que, quelles que soient la dureté des épreuves, elles ne peuvent éteindre la lumière intérieure si l’on donne aux femmes l’espace pour parler, se confier et recevoir du soutien. La confiance en soi qui est née dans cet atelier n’était pas un luxe, mais une arme face à une guerre sans pitié. Grâce à l’échange et à la participation, un sentiment profond d’appartenance et de solidarité a été construit, confirmant que la plus forte des confiances est celle qui jaillit du cœur de la souffrance, et que la femme palestinienne, malgré le poids de la douleur, de l’exode et de la privation, est capable de résister si une main lui est tendue.

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