Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Netanyahou sous protection et parrainage américain

1 juillet 2025
Vous vouliez détruire Gaza mais tous les peuples du monde sont devenus Gazaouis !

Dans ce texte du 1er Juillet Abu Amir fait une analyse de la posture actuelle de Netanyahou pris entre la continuité de la guerre à Gaza et sa mise en cause par la justice en Israël.

Dans un moment politique chargé et troublé tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se trouve à un carrefour décisif où se croisent politique et justice, guerre et intérêts personnels. Alors qu’il vacille sous la pression des tribunaux dans des affaires de corruption, Netanyahou reçoit un soutien rare – mais influent – de l’homme le plus puissant du monde actuellement : le président américain Donald Trump.
Trump, de retour à la Maison Blanche avec une impulsion populiste aussi forte que lors de son premier mandat, commence à exercer une influence directe sur la scène israélienne, non seulement en vertu de l’alliance traditionnelle, mais en tant qu’élément central dans une équation de sauvetage politique globale, qui pourrait aboutir au démantèlement du procès et à la réhabilitation de Netanyahou comme un leader “intouchable” en temps de crise.
Les déclarations récentes de Trump ont clairement révélé un changement stratégique dans la position américaine vis-à-vis des affaires de corruption impliquant Netanyahou. Le président américain a qualifié le procès de Netanyahou de “chasse politique” qui entrave des négociations vitales avec le Hamas et l’Iran, et nuit aux efforts de libération des otages. Est-il concevable – comme l’a dit Trump – qu’un Premier ministre soit contraint de passer ses journées au tribunal alors qu’il mène une guerre et des négociations existentielles sur plusieurs fronts ?
Dans ce contexte, Trump suggère une idée centrale : on ne peut pas juger un chef en temps de guerre. Cette approche rappelle la doctrine de “l’état d’urgence permanent”, souvent utilisée pour justifier la suspension de l’obligation de rendre des comptes, et qui accorde aux dirigeants une grande marge pour échapper au contrôle judiciaire.
Dans un développement encore plus audacieux, Trump a agité la menace de suspendre l’aide militaire à Israël si le procès de Netanyahou se poursuivait. Un ton inédit de la part de Washington envers Tel-Aviv, mais qui révèle l’importance du pari américain sur la personne de Netanyahou en cette phase critique. Comme si Trump disait : pas de soutien militaire sans accord politique, et pas d’accord sans protection de l’allié.
Ce type de pression américaine intérieure redéfinit la relation entre Washington et Tel-Aviv, imposant aux institutions israéliennes une nouvelle équation : justice ou soutien. Il est fort probable que les institutions militaire et politique israéliennes n’oseront pas risquer de perdre la Maison Blanche dans une telle conjoncture.

Netanyahou… de prévenu à “homme d’État indispensable”
Avec le soutien de Trump, Netanyahou commence à sortir progressivement de la zone des accusations, il est de nouveau présenté à l’opinion publique israélienne comme “l’homme de la situation”, le seul capable de protéger la sécurité nationale, de mener les négociations sensibles avec le Hamas et l’Iran, et de conclure un accord d’échange d’otages. Il s’agit d’un processus de “recyclage politique” en douceur, orchestré par Trump à travers ses déclarations, ses médias, et son poids international.
Ainsi, le procès devient une carte que l’on peut reporter ou neutraliser au nom des priorités nationales et sous prétexte de préserver l’unité du front intérieur.
Et alors que les signes se multiplient indiquant que Netanyahou est en voie d’échapper aux poursuites internes grâce à la protection politique que lui offre le président américain Donald Trump, une question centrale se pose : cette protection s’étendra-t-elle à l’arène internationale ?

Bien que les États-Unis ne disposent pas de pouvoir juridique direct pour faire annuler les accusations contre lui devant la Cour pénale internationale, ils disposent de suffisamment d’outils d’influence politique et diplomatique pour entraver tout processus judiciaire à son encontre. Par la pression sur la Cour, l’usage du veto au Conseil de sécurité, ou même en discréditant la légitimité de la Cour elle-même – comme l’a déjà fait l’administration Trump – Washington peut vider toute initiative internationale de sa substance. Et si un accord régional plus large venait à voir le jour, le maintien de Netanyahou au pouvoir pourrait être présenté comme une partie des équilibres nécessaires, en échange d’un apaisement ou d’un réalignement des priorités. Ainsi, la protection américaine ne se limiterait pas au procès israélien interne, mais pourrait s’étendre à une couverture internationale complète empêchant toute reddition de comptes, et posant les bases d’un nouveau modèle : celui d’un dirigeant qui ne peut être jugé
que lorsqu’il perd sa couverture politique, et non lorsque sa culpabilité est prouvée.

Vers la fin de la guerre à Gaza ?
Au milieu de toutes ces transformations, beaucoup se demandent : la guerre à Gaza touche-t- elle à sa fin ? En réalité, les négociations autour d’un accord d’échange d’otages font effectivement bouger les lignes, et une pression internationale – menée par les États-Unis – s’exerce pour mettre fin à la guerre d’une manière qui sauve la face d’Israël et ouvre une phase de transition, redessinant les équilibres politiques dans la région.
Mais le plus grand défi réside dans la nature des objectifs – déclarés et non déclarés – du gouvernement israélien. Entre la volonté d’en finir avec la guerre et la peur d’un effondrement politique dès l’arrêt des opérations, Netanyahou vit un dilemme complexe : arrêter la guerre pourrait rouvrir la voie aux poursuites, tandis que la poursuivre épuise l’armée, le peuple et l’État.
Entre ces deux options, la sortie de la guerre ne viendrait peut-être pas d’un accord final, mais d’un “cessez-le-feu temporaire” sous couverture américaine, permettant une accalmie momentanée, et offrant à Netanyahou l’occasion de réorganiser ses cartes judiciaires et politiques.
Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas un simple soutien traditionnel américain à Israël, mais une ingérence directe d’un président américain dans le cours de la justice d’un État allié, afin de protéger un dirigeant politique allié. Alors, Netanyahou échappera-t-il à son procès ? Il est probable que oui, du moins à court terme.
Et la guerre prendra-t-elle bientôt fin ? Peut-être, mais à la manière américaine – non pas pour instaurer la paix, mais pour préparer un règlement qui assure le maintien des alliés en place, même au prix du droit et de la justice.

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