Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Prendre soin de la santé mentale et physique

15 août 2025
L’espoir reste la corde de salut, et le soutien psychologique est la main qui s’y accroche pour qu’elle ne se rompe pas

C’est le propos de l’atelier hebdomadaire de soutien psychologique pour les femmes dans le camp des Amis de Deir-al- Balah le 14 Août, la force de résilience de l’intérieur. C’est totalement époustouflant de lire chaque semaine les ressources et les forces de vie mises en œuvre par ces équipes dans les situations auxquelles elles sont confrontées.

Au cœur des conditions difficiles vécues par les déplacés de la bande de Gaza, et parmi les tentes exiguës qui abritent la vie de centaines de familles, les équipes de l’UJPF poursuivent leur mission humanitaire, convaincues que l’être humain n’est pas seulement un corps, mais aussi une âme et un esprit qui nécessitent autant de soins que le corps a besoin de nourriture.
C’est dans ce cadre qu’a été organisé cette semaine un atelier exceptionnel intitulé Prendre soin de la santé mentale et physique : la force de résilience de l’intérieur , destiné à vingt femmes déplacées et résidentes du camp des Amis, à l’ouest de Deir al-Balah. Cet atelier se voulait une bouffée d’espoir et un espace sûr pour reprendre son souffle au milieu de la tempête.

Dès les premiers instants, il est apparu que cet atelier était un véritable voyage intérieur. Les participantes ont été accueillies avec des sourires sincères et des paroles chaleureuses, afin de briser le mur invisible d’anxiété qui les entourait. La séance s’est ouverte avec Mon corps et mon esprit , où il a été demandé à chaque femme d’exprimer en un seul mot l’effet physique que le stress exerce sur elle. Les voix se sont élevées : « maux de tête », « douleur au dos », « palpitations », « fatigue constante ». Chacune de ces réponses était une fenêtre ouverte sur un monde de souffrance silencieuse, souvent ignorée dans le tumulte de la survie quotidienne.
Après cette introduction, la séance a enchaîné avec l’activité Fenêtre sur ma santé . Les participantes, réparties en petits groupes, se sont assises face à face pour échanger leurs histoires de douleur et de défis. L’une a parlé de ses nuits blanches à répétition, une autre de la perte d’appétit depuis son déplacement, et une troisième des douleurs qui la surprennent chaque matin sans cause médicale apparente. Au fil de ces échanges, un sentiment de solidarité s’est installé, comme si chacune avait trouvé dans l’autre le miroir de sa propre souffrance.
Dans la partie pratique de l’atelier, l’équipe a animé la séance Respirer pour retrouver le calme . Les femmes, assises en cercle, ont vu les fenêtres de la tente se fermer pour laisser place à une lumière tamisée et à un silence complet. « Fermez les yeux… Inspirez profondément… Sentez l’air remplir votre poitrine… Expirez lentement, en laissant l’inquiétude sortir avec chaque souffle. » À mesure que l’exercice se répétait, toutes ont remarqué un changement : yeux clos, épaules détendues, visages retrouvant un peu de leur sérénité perdue.

L’atelier a également abordé ce que la formatrice a appelé La pharmacie de la nature , discutant avec les femmes de l’importance des aliments simples disponibles dans les camps, tels que les lentilles, les pois chiches et les légumineuses, et de la manière dont ces produits peuvent être des remèdes naturels soutenant la santé physique et améliorant l’humeur. Les participantes ont échangé des recettes maison pour préparer des repas nutritifs malgré la rareté des ressources, et ont noté des conseils pour maintenir un équilibre alimentaire en situation de déplacement.
Au milieu de la séance, un temps a été accordé au déchargement émotionnel. Les participantes ont été invitées à écrire sur un papier les pensées ou situations les plus lourdes pour leur cœur, puis à placer ces papiers dans une boîte surnommée La boîte des soucis . Dans un geste symbolique, la boîte a été fermée et éloignée, comme un message collectif disant que la douleur peut être laissée derrière soi, ne serait-ce que pour un instant.
L’une des femmes, visiblement épuisée« Je ne savais pas que le stress pouvait être la cause de mes douleurs. Aujourd’hui, j’ai eu l’impression de me sauver moi-même, simplement parce que j’ai appris à respirer et à prendre soin de mon esprit. » Une jeune femme dans la vingtaine a confié : « Aujourd’hui était différent. J’ai senti que je déposais une partie de mon fardeau et que je n’étais pas seule dans cette épreuve. »
La séance s’est conclue avec un Mot d’espoir , où chaque participante a prononcé un mot ou une prière exprimant son souhait. « paix », « santé », « sécurité », « patience », « retour ». Les voix oscillaient entre les larmes et les sourires, mais l’atmosphère générale était chargée de l’espoir que l’équipe avait cherché à semer dès le début.
L’expérience a prouvé que les femmes, malgré les pertes, la douleur et le déplacement, possèdent une force intérieure latente qui peut être ravivée par les soins et l’attention.
En temps de guerre et de déplacement, le soutien psychologique aux femmes n’est pas un luxe, mais une nécessité pour leur survie et celle de leurs familles. Des séances comme celle-ci, combinant décharge émotionnelle, éducation sanitaire et communication humaine, peuvent faire la différence entre l’effondrement et la résilience. Ce que nous avons vu au camp des Amis en est la preuve vivante : investir dans la santé mentale des femmes, c’est investir dans la force de toute la communauté.
Tout comme la nourriture nourrit le corps, la parole bienveillante, le conseil sincère, la musique douce et les exercices de respiration nourrissent l’âme et redonnent à l’être humain la capacité d’affronter demain, aussi sombre soit-il. Dans ces temps difficiles, l’espoir reste la corde de salut, et le soutien psychologique est la main qui s’y accroche pour qu’elle ne se rompe pas.
Lien vers les photos et vidéos
https://drive.google.com/drive/folders/1NIp_V5g5ZnhumIp31Y1uZKa2joxkCVqf

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