Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Quand les rêves d’enfance sont brisés
26 novembre 2024Brigitte Challande journaliste montpelliéraine recueille quotidiennement depuis le début du génocide en cours à Gaza des compte rendus, textes et réflexions de deux équipes gazaouies organisant l’urgence dans les camps de déplacé.e.s en lien et soutenue par l’ UJFP. Les chroniques envoyées par Abu Amir et Marsel prennent leur source dans leur travail quotidien auprès de la population gazaouie dont ils assurent l’organisation vitale dans les camps. Une documentation de terrain et une réflexion élargie sur la situation de la bande de Gaza. Ces chroniques sont publiées tous les jours sur le site d’ International Solidarity Mouvement – ISM- https://ismfrance.org/ elles sont également reprises en partie sur l’Instagram du comité Palestine étudiant et un article hebdomadaire est publié sur le site d’ Altermidi https://altermidi.org/
Abu Amir dans ses textes journaliers sur l’horreur indescriptible vue et vécue à Gaza s’excuse de nous écrire trop souvent….Que devons nous lui répondre si ce n’est que la communauté internationale est en dessous de tout et qu’elle a perdu sa conscience morale et humaine !
Je m’excuse pour la prolifération de mes écrits, mais à chaque fois que je traverse une route ou visite un camp de déplacés, je ressens une impulsion irrésistible de rentrer chez moi pour documenter les souffrances que j’ai observées. Je sais qu’il existe déjà de nombreux rapports qui relatent ces tragédies, mais aucun d’entre eux ne peut réellement capturer l’ampleur de la douleur vécue par les habitants de la bande de Gaza.
Chaque minute dévoile une nouvelle histoire, racontée avec le sang et les blessures des déplacés.
Les enfants de Gaza : des rêves fragiles poursuivis par la guerre et la pauvreté dans les camps de déplacés
Sous les bruits des bombardements et parmi les ruines des maisons détruites, les enfants de Gaza grandissent dans des conditions qui leur volent presque le sens même de l’enfance. Dans chaque coin des camps de déplacés disséminés dans la bande de Gaza, des récits douloureux se dessinent : des innocences brisées et des rêves réduits en miettes par le siège et l’agression incessante. Ces enfants, dont la vie aurait dû être remplie de joie et d’éducation, se retrouvent piégés dans un cercle vicieux de pauvreté, de peur et de souffrance.
Les camps de déplacés : des abris précaires pour des douleurs persistantes
Plus d’un an après l’intensification de l’agression israélienne, les camps de déplacés sont devenus le seul refuge pour des dizaines de milliers de familles ayant perdu leurs foyers. Les enfants y vivent dans des tentes délabrées, à la merci d’une nature impitoyable. Le froid glacial de la nuit et la chaleur accablante du jour n’épargnent pas leurs petits corps, dépourvus de toute protection essentielle.
Dans ces camps, l’eau potable est presque inexistante, et la nourriture est à peine suffisante pour survivre une journée. Mais le pire reste la souffrance psychologique : ces enfants grandissent dans une atmosphère de peur constante, tandis qu’ils voient leurs rêves s’effacer sous leurs yeux.
Histoires de déplacement : des rêves écrasés sous le poids de la souffrance
Chaque enfant à Gaza a une histoire empreinte de douleur. Mohamed, un garçon de dix ans, rêvait de devenir médecin. Il raconte : « Je voulais aider les malades, mais maintenant, je ne peux même pas aider ma propre famille. » Il passe ses journées à ramasser des morceaux de bois pour chauffer la tente familiale, mettant de côté ses rêves face aux exigences de la réalité.
Mariam, une fille de douze ans, vit avec sa famille dans un camp près de la plage de Gaza. Elle voulait devenir enseignante, mais aujourd’hui, elle aide sa mère à préparer un repas maigre pour ses petits frères. « Je voudrais retourner à l’école », dit-elle, « mais cela semble désormais appartenir au passé. »
Enfants dans les rues : mendier pour survivre
La mendicité est devenue une scène courante dans les rues de Gaza, où l’on trouve des enfants à chaque coin, tendant la main pour demander de l’argent ou de la nourriture. Ali, un garçon de sept ans, se tient chaque jour à un carrefour, essayant de collecter quelques shekels pour nourrir sa famille. « Je ne veux pas mendier », confie-t-il, « mais nous n’avons rien à manger. Ma mère est malade, et j’essaie de l’aider. »
Son histoire n’est qu’un exemple parmi des milliers d’autres, révélant comment la guerre a forcé ces enfants à assumer des responsabilités bien trop lourdes pour leur âge.
Travail des enfants : un avenir brisé entre leurs petites mains
En plus de la mendicité, le travail des enfants est une réalité répandue à Gaza. Les enfants sont contraints de travailler dans des conditions difficiles pour subvenir aux besoins de leurs familles. Omar, un garçon de 13 ans, travaille dans un atelier de réparation automobile. « J’aimais l’école », dit-il, « mais maintenant, je dois travailler toute la journée. Je rêve de retourner étudier, mais cela semble impossible. »
Le travail des enfants à Gaza n’est pas seulement un problème économique, c’est une crise humaine qui prive une génération entière d’éducation et les expose à l’exploitation et aux abus.
Traumatismes psychologiques : des blessures invisibles qui ne guérissent pas
La peur des bombardements, la perte des proches et le déplacement forment une combinaison dévastatrice qui laisse des traces psychologiques profondes chez les enfants de Gaza. Beaucoup souffrent de cauchemars récurrents, de troubles du sommeil et même d’énurésie. L’enfance, censée être un temps de jeu et d’insouciance, est désormais marquée par la peur et l’angoisse.
Les spécialistes en santé mentale à Gaza rapportent que de nombreux enfants présentent des symptômes de stress post-traumatique, tandis que d’autres sombrent dans la dépression et l’isolement.
Un sombre tableau : la mendicité et le travail des enfants
Avec des taux de pauvreté et de chômage atteignant des niveaux sans précédent, de nombreux enfants se retrouvent à travailler ou mendier dans les rues. Ces scènes, où des enfants errent dans les marchés ou se tiennent aux feux rouges, sont devenues monnaie courante. Certains vendent des mouchoirs en papier, tandis que d’autres tendent la main pour demander de l’aide.
La mendicité et le travail ne sont pas seulement des preuves de privation ; ils reflètent également l’effondrement d’un système de protection sociale censé garantir aux enfants une vie décente.
Des efforts d’aide insuffisants
Malgré les efforts de certaines organisations humanitaires pour fournir de la nourriture, de l’eau et un soutien psychologique, l’ampleur de la tragédie à Gaza dépasse largement leurs capacités. Le manque de financement, associé à la poursuite du blocus, aggrave les défis, laissant ces initiatives insuffisantes pour répondre aux besoins urgents.
Un avenir perdu sous les décombres de la guerre
Les enfants de Gaza représentent l’espoir de demain, mais cet avenir semble sombre dans un contexte de guerre et de siège incessants. L’éducation, la santé et même une vie simple sont devenues des rêves lointains.
Ces enfants ne demandent pas seulement une aide matérielle ; ils réclament la fin de la guerre, la reconstruction de leurs écoles et une protection contre toute forme d’exploitation.
Un appel à la conscience mondiale
Les récits des enfants de Gaza ne sont pas de simples nouvelles passagères ; ce sont des appels à l’humanité toute entière. La communauté internationale doit assumer sa responsabilité et agir de toute urgence pour mettre fin à la guerre et au blocus.
Ces enfants, porteurs de récits de déplacement et de souffrance, méritent bien plus que de la compassion. Ils méritent une enfance sécurisée, une vie digne et un avenir lumineux, loin des horreurs de la guerre et de la destruction.
Gaza appelle le monde : sauvez les enfants, car ils sont l’espoir qu’il ne faut pas briser.
La veille le 25 Novembre Marsel nous annonçait les nouvelles catastrophes météorologiques qui endommagent gravement les camps de déplacé.e.s situés près de la mer
Une nouvelle tragédie ! Après avoir été touchées par les eaux de mer, de nombreuses tentes de personnes déplacées sur les plages de Deir al-Balah et Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, ont été inondées. La dépression n’en est qu’à ses débuts.
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