Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Réalité catastrophique de la situation humanitaire à Gaza
9 décembre 2025Compte rendu hebdomadaire des actions de l’UJFP dans la bande de Gaza, 8/12
La scène humanitaire dans la bande de Gaza continue de représenter l’une des images les plus douloureuses de souffrance à l’ère moderne. Des milliers de déplacés forment des files interminables devant les centres de distribution de nourriture, les stations de remplissage d’eau et les points de réception d’une aide rare et difficile à acheminer. Des hommes portant des récipients vides, des femmes patientant pendant des heures sous le soleil ou la pluie, des enfants aux yeux fatigués et aux vêtements usés : tous partageant le même objectif : survivre dans un territoire assiégé où les conditions de vie se dégradent chaque jour davantage.
Et malgré plus de deux mois écoulés depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu, la réalité sur le terrain confirme que la situation humanitaire à Gaza demeure catastrophique Israël continuant d’entraver l’entrée des aides essentielles destinées aux civils et imposant des restrictions strictes qui limitent l’accès adéquat à la nourriture, aux médicaments, à l’eau et aux fournitures de secours.
Bien que l’accord, entré en vigueur le 10 octobre dernier, sous médiation égyptienne qatarie et turque, et avec un parrainage américain ait été conçu pour améliorer l’accès humanitaire, ce qui a été réalisé en pratique reste loin de répondre aux besoins immenses des habitants du territoire, épuisés par la guerre.
Cet accord a été conclu après une guerre qualifiée de génocidaire ayant commencé le 8 octobre 2023, et qui a fait plus de 69 000 martyrs palestiniens et plus de 170 000 blessés, dont la majorité sont des femmes et des enfants. À cela s’ajoute une destruction massive dont le coût de reconstruction est estimé par les Nations unies à près de 70 milliards de dollars.
Malgré le cessez-le-feu, les restrictions israéliennes demeurent le principal obstacle à l’arrivée de l’aide. Le nombre de camions entrant quotidiennement à Gaza « n’est pas un indicateur réel » du volume d’aide effectivement livré aux civils, car beaucoup d’entre eux arrivent avec des quantités très limitées, et certains ne transportent qu’une petite partie de ce dont la population a réellement besoin.
Ces camions, déjà trop peu nombreux, restent bien en deçà du niveau requis. Ce qui parvient à Gaza ne couvre même pas le minimum des besoins quotidiens de plus de deux millions de Palestiniens vivant aujourd’hui un déplacement massif à l’intérieur d’un territoire exigu et assiégé.
Le passage de Rafah demeure fermé à l’aide humanitaire, tandis que les entrées se limitent aux points de Karm Abu Salem et de Kissoufim, où Israël impose de strictes restrictions à de nombreux types d’aide sous prétexte d’une « possible utilisation à des fins non humanitaires ». À cela s’ajoutent les difficultés rencontrées par les ONG pour obtenir les permis nécessaires à l’acheminement de nourriture, de médicaments et de fournitures de base.
En conséquence, la souffrance persiste dans les rues et les camps de Gaza : des déplacés vivant dans des conditions indignes, exposés au froid, aux maladies et à la faim, tandis que les organisations humanitaires tentent de combler, autant que possible, l’immense écart entre les besoins et ce qui parvient réellement aux familles.
Malgré toute cette douleur, notre travail humanitaire nous révèle une réalité étonnante : la résilience des Palestiniens et leur capacité remarquable à s’accrocher à la vie, à créer de petites lueurs d’espoir au cœur du chaos. Mais le monde doit se rappeler que les civils de Gaza vivent encore des conditions inhumaines, et que le cessez-le-feu n’a pas mis fin à la catastrophe ; il en a plutôt révélé l’ampleur et la profondeur. Gaza a besoin d’un flux continu et sécurisé d’aide, sans restrictions politiques ou sécuritaires, car le droit à la vie et à la dignité ne doit ni être négocié ni conditionné.
Dans ce contexte de détérioration humanitaire, les efforts de certaines organisations de secours émergent comme de véritables bouées de sauvetage — notamment les équipes de l’UJFP, qui continuent de travailler jour et nuit pour fournir des repas chauds aux déplacés dans les camps, particulièrement ceux accueillant des agriculteurs réfugiés dans la zone des Muwassi, à Khan Younès.
À un moment où le repas chaud est devenu un événement rare pour des milliers de familles, ce projet représente bien plus qu’une simple distribution alimentaire : il est une source de chaleur humaine, redonnant un sentiment de sécurité et offrant aux familles la force de résister au froid, à la faim et aux maladies.
L’action de l’UJFP ne se limite pas à Khan Younès ; ses équipes continuent également de soutenir les déplacés dans la région de Deir al-Balah en leur fournissant des repas quotidiens, un geste qui contribue directement à soulager des centaines de familles ayant presque tout perdu. Ces initiatives sont vitales pour des familles vivant dans des tentes délabrées, sans électricité ni eau potable, et dépendant entièrement de l’aide humanitaire.
Dans ce même contexte, la campagne Hiver Chaud , organisée chaque année par l’UJFP, a été lancée la semaine dernière. Cette édition a débuté par le soutien de quatre camps de déplacés dans la zone des Muwassi à Khan Younès, par la distribution d’équipements d’hiver tels que bâches et tentes, afin d’offrir un minimum de protection contre le froid glacial. Avec l’augmentation du nombre de déplacés et la détérioration des tentes, cette initiative vise à redonner chaleur et dignité à des milliers d’enfants, de femmes et de personnes âgées vivant dans des abris ouverts aux vents.
La campagne se poursuivra dans les camps les plus touchés du sud de la bande de Gaza, notamment dans les zones des Muwassi, de Khan Younès, de Deir al-Balah, de Zawaida et de Nuseirat, afin d’assurer que l’aide parvienne au plus grand nombre possible de familles déplacées.
L’importance de ces projets humanitaires ne réside pas seulement dans leur rôle direct de fournir nourriture et abri, mais aussi dans leur valeur morale et humaine. Ils tentent de préserver ce qu’il reste de dignité humaine dans un environnement où tout a presque disparu. En l’absence d’alternatives et de solutions politiques réelles, ces efforts deviennent la seule bouée de survie pour des centaines de milliers de déplacés qui attendent patiemment ce qu’il reste au monde à leur offrir.
Au milieu de cette obscurité, une lueur d’espoir persiste : la détermination des gens à survivre, l’engagement des organisations humanitaires à les soutenir, la foi profonde des Palestiniens en la valeur de la vie malgré toutes les tentatives de la briser.
La question demeure : jusqu’à quand les civils de Gaza devront-ils attendre des heures dans de longues files pour recevoir de l’aide, alors qu’ils devraient obtenir leur droit fondamental à la nourriture, à l’eau et à la chaleur sans conditions ni souffrance ?
Aujourd’hui, la bande de Gaza se tient au bord d’une catastrophe humanitaire continue. L’histoire se souviendra de ceux qui se sont tenus aux côtés de l’humain dans sa détresse, et de ceux qui ont ignoré sa voix.
Entre les deux, l’UJFP et ses équipes poursuivent leur travail au cœur du danger, s’appuyant sur la conviction profonde que la dignité humaine n’est pas un choix, mais un droit inaliénable.
Lien vers les photos et vidéos
Distribution de repas au camp d’Al-Fajr
https://drive.google.com/drive/folders/1KD7Y4NkeZKVQqZb8KQqe6bvENhzaxdfX
Distribution de repas au camp d’Al-hilal
https://drive.google.com/drive/folders/1fchSJNUzRKKu_j6Vrjqgz4-Bfbf5Dkqt
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :
ARTICLE AGORA SUIVANT :
