Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Redonner vie à l’eau, à la terre et à l’éducation à Khuza’a et Abu Taima
27 mars 2025Depuis la reprise de la guerre l’équipe d’ Abu Amir maintient l’aide alimentaire, la scolarisation, l’aide psychologique sur fond de reprise d’une activité agricole avec accès à l’eau. Compte rendu du 27 Mars
Dans un contexte d’effondrement total des infrastructures dans la bande de Gaza, l’accès à une eau propre pour les besoins quotidiens ou à de l’eau potable n’est plus chose simple. L’eau, censée être un droit humain fondamental, a disparu pour des milliers de familles revenues dans leurs maisons à l’est de Khan Younès après le cessez-le-feu, pour n’y retrouver que ruines et soif.
C’est dans ce contexte que se distingue l’importance des efforts fournis par les équipes de l’UJFP, qui n’ont pas seulement apporté un soutien d’urgence, mais se sont empressées de reconstruire le système d’approvisionnement en eau dans les zones d’Abu Taima et de Khuza’a, parmi les plus touchées et marginalisées. Au début de la guerre, l’infrastructure hydraulique— comprenant un château d’eau, une station de traitement, deux puits principaux et un système d’énergie solaire alimentant les puits — a été complètement détruite. Les habitants se sont ainsi retrouvés sans aucune source pour répondre à leurs besoins élémentaires en eau.
Cette destruction est survenue en parallèle avec la démolition du réseau public d’eau de la municipalité de Khuza’a, aggravant la catastrophe et laissant des milliers de personnes sans eau potable ni eau pour l’usage quotidien.
Malgré ces défis immenses, l’UJFP a pris l’initiative de construire un nouveau bassin pour fournir de l’eau aux habitants, et a partiellement remis en service la station de traitement, qui a commencé à distribuer une eau propre et potable. Ces initiatives ne constituent pas seulement une réponse d’urgence, mais un projet visant à redonner dignité aux personnes et à leur offrir un semblant de vie normale dans un contexte qui ne l’est pas.
L’impact du projet dépasse les besoins domestiques pour inclure le soutien à l’agriculture. L’eau extraite et traitée est utilisée pour irriguer les terres agricoles, source principale de revenu pour de nombreuses familles d’Abu Taima. Ce lien vital entre l’eau et la terre signifie que le projet ne fait pas que rétablir le cycle de la vie : il contribue également à réduire le chômage en relançant le secteur agricole dans l’une des régions les plus fertiles de Khan Younis.
Jusqu’à ce jour, les équipes poursuivent sans relâche leur travail pour faire fonctionner les puits et la station de traitement, et garantir l’accès à l’eau potable et à l’eau pour un usage quotidien. Parallèlement à ces efforts vitaux, l’UJFP n’a pas ignoré la crise alimentaire qui frappe les familles, notamment celles des agriculteurs ayant perdu leurs moyens de subsistance à cause de la guerre. C’est pourquoi les équipes distribuent quotidiennement des repas chauds, dans le cadre d’une initiative humanitaire visant à aider les familles à tenir le coup et à alléger les lourds fardeaux laissés par l’agression et la fermeture totale des points de passage.
La situation actuelle à Gaza constitue une véritable catastrophe humanitaire au sens plein du terme : le blocus continue, les carburants et produits de première nécessité manquent, les réseaux d’eau et d’électricité sont détruits, les services paralysés, les frontières fermées. Dans ce moment critique, l’équipe a choisi de ne pas rester spectatrice, mais d’être présente sur le terrain, de construire en silence, et d’agir avec détermination.
À Abu Taima, où l’agriculture est synonyme de résilience, l’eau de survie et l’éducation d’espoir, la réponse ne s’arrête pas à la nourriture et à l’eau. Elle s’étend à un domaine tout aussi vital : la continuité de l’éducation pour les enfants, même dans les conditions les plus extrêmes.
Bien que cette zone soit classée comme zone d’évacuation récurrente à chaque escalade, rendant la vie particulièrement périlleuse, les équipes de l’UJFP ont insisté pour garder les portes du centre éducatif ouvertes. Car interrompre l’éducation, ce n’est pas seulement perdre des leçons, c’est risquer de perdre l’avenir d’une génération entière, et d’aggraver les séquelles psychologiques et éducatives chez les enfants qui ont vécu la guerre, le déplacement, la peur, la perte d’amis ou de membres de la famille.
Dans cet espace modeste qu’offre le centre, les enfants ont trouvé un environnement sûr, malgré les ressources limitées. Ils y ont retrouvé un peu d’enfance, pu tenir un crayon au lieu d’un sac de déplacement, et écouter leurs enseignantes plutôt que le bruit des avions.
L’éducation ici ne se limite pas à un contenu scolaire : elle restaure un équilibre psychologique, atténue les traumatismes à travers des activités de soutien psychologique, des jeux organisés, et tente d’établir une routine qui relie l’enfant à une vie normale, dans un cadre qui n’a plus rien de normal.
Ce que fait l’UJFP n’est pas une simple intervention humanitaire d’urgence. C’est un projet de renaissance… pour des maisons assoiffées, des champs asséchés, et des enfants dont l’espoir s’éteint. Face à l’obscurité, les équipes tracent un chemin de lumière. Face à la sécheresse, elles redonnent vie à l’eau. Et au milieu de tout cela, elles maintiennent l’éducation vivante, car elle seule peut porter ces enfants vers un avenir différent.
Lien vers les photos et vidéos de distribution des repas
https://drive.google.com/drive/folders/1F_ykaV3yhLermzsufh2viVpBmWqEAFek
Lien vers les photos et vidéos du programme éducatif
https://drive.google.com/drive/folders/10z4Zwisk2CVfyQ5zFULz6vtotDPS1BPS
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