Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Résilience de la femme palestinienne

12 décembre 2025
Résilience de la femme Palestiniennne crédit photo UJFP Gaza

Compte rendu du deuxième atelier de soutien psychologique du Camp Al-Hurriya à l’Ouest de la ville de Gaza 10 Décembre

Les femmes déplacées dans les camps de fortune apparaissent comme un témoignage vivant de résilience quotidienne face à une réalité dépourvue des besoins humains les plus fondamentaux. Les camps, établis à la hâte comme abris d’urgence, ne disposent ni d’une infrastructure capable de répondre à l’ampleur des besoins humanitaires, ni d’un environnement respectant les besoins spécifiques des femmes portant le poids le plus lourd des responsabilités familiales en temps de guerre et de déplacement.

Des tentes qui ne protègent ni du froid ni de la chaleur, des installations sanitaires partagées sans aucune intimité, des sources d’eau limitées, et des espaces exigus provoquant une surpopulation étouffante : autant de facteurs qui amplifient la pression physique et psychologique sur les femmes palestiniennes, soudainement responsables de protéger leurs familles, d’apaiser leurs enfants, et de faire face au traumatisme de la perte et de la peur — tout cela sans espaces sûrs pour se reposer ou reconstruire leur énergie intérieure. Cette réalité impitoyable a placé la femme au premier front, rassemblant les fragments de sa famille, résistant en silence, et cherchant le moindre espace — aussi petit soit-il — pour respirer au milieu du chaos laissé par la guerre.

Dans ce contexte difficile, l’équipe de l’UJFP a poursuivi son travail de terrain, offrant des séances spécialisées de soutien psychologique destinées aux groupes les plus vulnérables, en premier lieu les femmes déplacées. La deuxième séance dans le camp Al-Hurriya a débuté par une introduction de présentation entre l’équipe et les participantes. L’équipe a expliqué sa mission humanitaire et le rôle de l’UJFP dans la mise en place d’interventions psychologiques professionnelles adaptées à la sensibilité du contexte de guerre et de déplacement. Elle a également présenté les objectifs du programme d’ateliers, visant à transformer leurs environnements oppressants en petites opportunités pour renouveler leur énergie psychique.

Le thème de la séance :La résilience de la femme palestinienne : gestion du stress et du traumatisme. Posséder des mécanismes d’autorégulation émotionnelle renforce sa capacité à remplir ce rôle sans s’effondrer sous le poids des responsabilités.

Après avoir souhaité la bienvenue aux 30 participantes, l’équipe est passée à une explication du contenu de l’atelier, l’importance de réserver de courts moments quotidiens pour les soins personnels, même dans les conditions les plus difficiles.

Le premier axe de l’atelier portait sur la relation profonde entre le corps et les émotions, sous le titre Mon corps, miroir de mes émotions . L’équipe a expliqué comment le stress psychologique se transforme en tension physique, souvent accumulée dans les épaules, la mâchoire et le haut du crâne. Un exercice pratique simple a été présenté pour aider les femmes à identifier et relâcher ces zones de tension grâce à des mouvements faciles à effectuer à tout moment, même dans une tente ou en s’occupant des enfants. Ce passage a aidé les participantes à comprendre que reprendre le contrôle du corps constitue une étape essentielle pour reprendre le contrôle des émotions.

Le deuxième axe, L’énergie des 5 minutes, visait à briser l’idée selon laquelle le soin de soi nécessite beaucoup de temps ou des conditions idéales. Les femmes ont été encouragées à consacrer seulement cinq minutes par jour à la respiration profonde, au silence, à boire une tasse de thé sans interruption, ou à effectuer un geste simple leur procurant un sentiment de confort. L’équipe a souligné que ces quelques minutes font une grande différence en réduisant le stress et en rééquilibrant le système nerveux.

Le troisième axe, Nous sommes résilientes ensemble, a porté sur l’importance des réseaux de soutien mutuel entre femmes dans le camp, et sur la manière dont la solidarité collective peut alléger la charge psychologique de chacune. L’équipe a évoqué l’importance de petites initiatives telles que l’échange de garde d’enfants pour quelques minutes, le partage des expériences quotidiennes, ou une parole bienveillante offrant à l’autre le sentiment qu’elle n’est pas seule face à l’épuisement.

Après, l’équipe a proposé une activité psychologique interactive visant à permettre l’expression symbolique comme moyen de décharge émotionnelle. Des feuilles et des stylos ont été distribués, et les femmes ont été encouragées à dessiner ou écrire ce qui reflète leur sentiment durant cette période de déplacement. Les femmes ont commencé à parler de leurs peurs, du poids des responsabilités, de la perte de leurs maisons, de leurs moments de fragilité, de leurs tentatives constantes pour protéger leurs enfants de l’effondrement. Cet espace sûr a constitué un moment charnière dans l’atelier, transformant la séance d’un cadre formateur en un cercle humain où chaque voix était entendue et respectée.

Pendant le temps de parole libre, une femme a confié que « la pression dans sa tête ne la quittait jamais » et que, pour la première fois, elle avait senti le besoin de respirer pour elle-même, et non seulement pour ses enfants. Une jeune participante a exprimé son soulagement en découvrant qu’elle n’était pas seule et que la fatigue qu’elle ressentait était partagée par la plupart des femmes autour d’elle.

Après cet échange émotionnel, l’équipe a proposé une activité psycho-récréative visant à réintroduire un peu de joie et de rire dans l’atmosphère, à travers un jeu collectif léger basé sur le mouvement et l’interaction. Ce n’était pas qu’un simple divertissement, mais un outil psychologique destiné à reconnecter les femmes à une énergie positive, capable d’atténuer le sentiment de lourdeur et de peur.

En conclusion, l’équipe a réaffirmé que les ateliers de soutien psychologique ne sont pas un luxe, mais une nécessité humaine dans les contextes de déplacement où la capacité d’endurance de l’individu s’érode jour après jour. L’équipe a également insisté sur l’importance de poursuivre de tels ateliers, car ils ancrent une culture de sensibilisation psychologique et offrent aux femmes des outils pratiques pour transformer le chaos environnant en énergie de résilience. Semer les graines de la résilience psychologique et renforcer la capacité à affronter les jours à venir avec davantage de solidité.

Lien vers les photos et vidéos

https://drive.google.com/drive/folders/1VabHEh9g7q_fdR0IKXah6JnD_hqY14sG

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