Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Soutenir les femmes, tous les déplacé.e.s et surtout les plus démuni.e.s
8 février 2025Dans la continuité des activités régulières de l’équipe au tour d’ Abu Amir : Compte rendu de la semaine écoulée.
Importance des ateliers de soutien psychologique pour les femmes de l’UJFP à Deir al-Balah
À la fin des combats, la souffrance ne disparaît pas, mais une nouvelle lutte commence : celle de l’adaptation à une réalité bouleversée. Dans ce contexte, le soutien psychologique devient essentiel pour restaurer l’équilibre mental et social des femmes touchées. C’est dans cette optique que les équipes de l’UJFP ont mis en place des ateliers de soutien psychologique intensifs cette semaine dans les camps de déplacés de la ville de Deir al-Balah et ses environs, afin d’aider les femmes à faire face aux défis de la vie après la guerre.
Un atelier intitulé “Le déplacement forcé : une menace pour l’identité palestinienne et les droits de l’Homme”, visant à sensibiliser les femmes aux violations des droits humains liées aux déplacements forcés, à renforcer leur connaissance de leurs droits fondamentaux et à ouvrir un espace de discussion sur les moyens de résister à ces politiques.
L’atelier sur le déplacement forcé : menaces et défis
La première session de l’atelier a porté sur la sensibilisation à la cause palestinienne dans le contexte du déplacement forcé, en expliquant comment ces politiques affectent les droits fondamentaux des Palestiniens, en particulier leur droit au retour. Les participantes ont discuté des violations potentielles causées par les déplacements forcés et des obstacles auxquels les familles déplacées peuvent être confrontées. L’accent a été mis sur l’importance de défendre leurs droits légitimes dans le cadre du droit international.
Les témoignages des participantes sur le déplacement forcé
La session a suscité une forte interaction de la part des participantes, qui ont partagé leurs émotions et exprimé leur rejet total de toute tentative de déplacement hors de la Palestine.
L’une d’elles a confié :“Lorsque nous avons discuté du déplacement forcé lors de l’atelier, j’ai ressenti une émotion contradictoire. D’un côté, j’étais heureuse que cette question soit abordée, mais de l’autre, j’étais envahie par la peur, car beaucoup de gens dans le monde ignorent l’ampleur de la souffrance que nous vivons. Le déplacement forcé ne signifie pas seulement quitter notre terre, mais aussi perdre notre identité palestinienne.”
Une autre participante a ajouté : “Cet atelier m’a permis d’exprimer mes craintes. Le déplacement n’est pas seulement un changement de lieu, c’est un déracinement. Comment pourrais-je élever mes enfants dans un environnement éloigné de leur culture et de leurs origines ? Lorsqu’ils parlent de déplacer les Palestiniens de Gaza, j’ai l’impression que le monde veut nous effacer, mais nous ne nous laisserons pas faire.”
Les participantes ont unanimement rejeté l’idée du déplacement forcé, qu’elles considèrent comme une tentative de liquidation de la cause palestinienne et d’effacement de leur identité nationale. Elles ont insisté sur le fait que le droit au retour est inaliénable et que la décision de l’administration Trump de déporter les habitants de Gaza représente une menace grave pour les droits palestiniens.
Impact de l’atelier et bénéfices pour les femmes
Au cours de l’atelier, les femmes déplacées ont pu exprimer ouvertement leurs sentiments, partager leurs expériences de déplacement et ainsi alléger leur fardeau psychologique. Elles ont également acquis une meilleure compréhension de leurs droits légaux et de l’importance de s’accrocher à leur terre et à leur identité palestinienne.
Loin de se limiter au soutien psychologique, l’UJFP a également œuvré à renforcer la sensibilisation des femmes à leurs droits, en leur fournissant des outils pratiques pour gérer leurs traumatismes. Durant l’atelier, les formatrices ont enseigné des techniques de gestion du stress, partagé des conseils pour retrouver confiance en soi et encouragé les participantes à réfléchir collectivement aux solutions qui garantissent la préservation de leurs droits et de leur dignité.
Une mobilisation au-delà de Deir al-Balah
Hadeel, l’une des volontaires engagées dans le programme de soutien psychologique à Deir al-Balah, est retournée dans sa ville natale de Beit Lahia, accompagnée de son amie Azima, une autre bénévole du programme éducatif de l’UJFP à Deir al-Balah. Toutes deux ont interrogé plusieurs femmes de Beit Lahia sur leur perception du déplacement forcé.
Le rejet était unanime. Les femmes interrogées ont affirmé qu’elles préféraient vivre sous les décombres plutôt que d’être déplacées de force.
Hadeel et Azima ont documenté certains de ces témoignages en vidéo, dont voici quelques extraits marquants :
“J’ai perdu ma maison, mais je n’ai pas perdu mon identité. Je suis ici, et je resterai ici.”
“Nos maisons sont détruites, mais personne ne pourra effacer notre existence. Nous reconstruirons notre vie.”
“J’ai dressé ma tente en face des ruines de ma maison, et je ne partirai pas. C’est ma terre, je ne l’abandonnerai jamais.”
Les témoignages des femmes déplacées soulignent que l’attachement à la terre et à l’identité est l’arme la plus puissante contre les politiques de déplacement forcé. Pour elles, le droit au retour n’est pas seulement un droit légal, mais une composante essentielle de leur existence en tant que Palestiniennes.
Lien vers les photos et vidéos où les femmes témoignent de leur refus du déplacement
https://drive.google.com/drive/folders/1ONSCxs09tdD3uFIeRJWj-Nspitg_Xs8l
L’UJFP mobilisée pour apporter un soutien humanitaire essentiel
Les déplacements répétés, dus à l’intensité constante des bombardements, ont plongé les habitants dans un état de détresse et d’incertitude totale, tout en aggravant leurs besoins fondamentaux. Face à la croissance exponentielle du nombre de déplacés, les équipes de l’UJFP ont entrepris dès le début de l’agression la distribution de tentes pour ceux qui passaient la nuit à la belle étoile, que ce soit dans des terrains vagues, sous les décombres des maisons détruites ou dans les cours des écoles. Elles ont également accueilli les familles déplacées ayant fui les zones évacuées vers le centre de la bande de Gaza et la région de Rafah, en leur fournissant des repas et de l’eau potable, ainsi que des vêtements et des chaussures pour les enfants en situation d’urgence.
L’accueil des agriculteurs déplacés et la création du camp d’Al-Fajr
Avec l’intensification de l’agression, de nombreux agriculteurs qui travaillaient avec l’UJFP depuis plusieurs années ont été contraints de quitter leurs terres situées à l’est de Khan Younès, cherchant refuge dans les écoles d’hébergement temporaire à l’ouest de la ville. Les équipes ont veillé à ce que ces agriculteurs et leurs familles reçoivent des provisions essentielles, notamment des légumes, de l’eau, du carburant, des vêtements et des chaussures tout au long de leur séjour dans ces écoles. Même après que ces bâtiments scolaires ont été bombardés, forçant les déplacés à fuir vers la région de Mawasi Khan Younès, les équipes ont poursuivi leur mission humanitaire en établissant un nouveau camp, qui sera plus tard nommé le camp d’Al-Fajr.
Ce camp a accueilli plus de 1 600 familles d’agriculteurs déplacés. Face aux conditions humanitaires extrêmement précaires auxquelles ces familles étaient confrontées, un programme de distribution alimentaire a été mis en place, garantissant des repas nutritifs et équilibrés aux déplacés et à leurs proches. En plus de l’aide alimentaire, une école a été ouverte dans le camp afin d’assurer la continuité de l’éducation des enfants.
Les équipes de l’UJFP ont également veillé à répondre aux besoins vitaux des résidents, en distribuant des paniers de légumes, des produits d’hygiène, de l’eau potable, tout en renforçant les infrastructures d’eau et d’électricité pour alimenter le puits du camp. Elles ont aussi procédé à des réparations constantes afin d’améliorer les conditions de vie dans le camp.
L’impact de l’hiver sur les déplacés et la poursuite du soutien
Avec l’arrivée de l’hiver rigoureux, la situation dans les autres camps de déplacés est devenue catastrophique, exposant les habitants à des conditions climatiques extrêmes. Au camp d’Al-Fajr, l’équipe a entrepris de réparer les tentes endommagées, tout en distribuant des vêtements d’hiver, des couvertures, des bâches plastiques pour permettre aux déplacés de se protéger contre le froid glacial. Même après l’annonce d’un cessez-le-feu, et le retour des agriculteurs dans leurs zones d’origine, les équipes ont poursuivi leur engagement en leur fournissant des bâches en plastique pour réparer partiellement leurs maisons détruites. Par ailleurs, le puits n°2 et l’usine de dessalement de l’UJFP ont été réactivés, et un générateur a été loué pour assurer l’alimentation électrique du puits et de l’usine d’eau potable. La cuisine collective du centre de distribution alimentaire a également été déplacée vers cette zone afin de fournir des repas aux familles de retour.
Dès le premier jour du retour des habitants à Abou Taima, le centre éducatif de l’UJFP a été transféré afin de garantir la reprise de l’éducation des enfants dans leur propre communauté.
Extension de l’aide à d’autres camps de déplacés
Les équipes ne se sont pas limitées au camp d’Al-Fajr. Elles ont étendu leurs activités à des dizaines de camps dans la région de Deir al-Balah et dans les zones voisines. Trois centres éducatifs ont été établis à Deir al-Balah, en plus du lancement d’un programme de soutien psychologique spécialement conçu pour les femmes et les enfants.
L’UJFP a également fourni une assistance d’urgence à des dizaines de camps, comprenant des articles essentiels, des produits de première nécessité et du matériel pour faire face aux conditions hivernales. Par ailleurs, une ligne d’urgence a été mise en place pour répondre aux appels de détresse des familles affectées dans toute la région sud de Gaza. Depuis plus de cinq semaines, les équipes visitent les familles touchées afin de leur distribuer les articles d’hiver indispensables.
Intervention dans le nord de Gaza et poursuite de l’aide humanitaire
L’aide de l’UJFP ne s’est pas limitée au sud de Gaza. De nombreuses demandes d’aide provenant de camps situés dans la ville de Gaza et dans le nord de la bande ont été reçues. Ainsi, des couvertures, des vêtements pour enfants et des camions-citernes d’eau potable ont été distribués aux habitants de ces régions durant l’agression militaire.
Avec le retour progressif de certaines familles dans le nord de Gaza, plusieurs bénévoles de l’UJFP, qui avaient travaillé dans les programmes éducatifs et de soutien psychologique à Deir al-Balah, sont retournées dans leurs communautés d’origine. En conséquence, un nouveau groupe de travail sera formé dans le nord de Gaza la semaine prochaine pour évaluer les besoins humanitaires et assurer une distribution efficace de l’aide aux familles sinistrées.
Un engagement humanitaire inébranlable
Dans ces circonstances extrêmement difficiles, l’UJFP reste fidèle à sa mission en apportant un soutien concret et durable aux familles déplacées, aux agriculteurs et aux enfants qui luttent chaque jour pour survivre dans une réalité marquée par la destruction, le froid et le manque de ressources.
Lien vers les photos et vidéos
Fournir des repas aux familles d’agriculteurs
https://drive.google.com/drive/folders/1N8DG_ciML5HNcn7sZPiKTNPwdX2FWW29
Distribution de provisions d’hiver aux familles nécessiteuses
https://drive.google.com/drive/folders/1NZAAK3Kvbd0dzLx6XRvePMEt25E59cy0
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