Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s” | Witkoff à Gaza, encore un trompe l’oeil médiatique !

3 août 2025
Gaza assiégée

Au lendemain de la visite à Gaza de l’émissaire américain Abu Amir dresse le tableau de cette manœuvre médiatique dont le récit falsifié commente une ironie mortelle.

Dans un monde où les grandes puissances manipulent le destin des peuples et où la tragédie humaine devient un outil de propagande politique, l’histoire de la visite de « Witkoff » à Gaza s’impose comme une nouvelle page du trompe-l’œil médiatique organisé.
Gaza, cette petite bande de terre assiégée depuis des années, n’a jamais eu besoin des caméras venues d’outre-mer pour embellir l’image de l’occupation ou pour promouvoir de prétendus projets aux noms séduisants comme le « Centre d’aide israélo-américain ».
Au moment même où les enfants de Gaza meurent de faim et de maladie, sous un blocus implacable qui leur coupe nourriture et médicaments, Witkoff est venu créer une scène factice : une image soigneusement sélectionnée et diffusée sur les écrans du monde pour affirmer que Gaza ne souffre pas de famine, mais simplement de « malnutrition », comme si cette nuance sémantique pouvait masquer l’ampleur du crime continu contre plus de deux millions de personnes.
La visite n’était ni innocente ni motivée par l’humanitaire ; elle faisait partie d’une mise en scène parfaitement orchestrée, qui vise à modifier le récit, à convaincre le monde que l’occupation tend la main, alors que cette même main ferme les points de passage et confisque le droit des gens à la vie.
La venue de Witkoff à Gaza n’avait pas pour but d’évaluer la situation humanitaire comme on l’a prétendu, ni de constater les réalités douloureuses vécues par ses habitants, mais bien de présenter un grand spectacle de propagande destiné à polir l’image de ce qu’on appelle le « Centre d’aide israélo-américain ». Ces centres, que les médias qui les soutiennent décrivent comme des « ponts de miséricorde », sont en réalité des portes d’humiliation et des fabriques de mort lente, où les affamés font la queue pendant des heures sous un soleil brûlant ou un froid glacial, subissant insultes, humiliations et parfois même la mort, en échange d’un sac de farine ou d’une assiette de nourriture qui ne suffit pas pour un jour.
Par sa visite, Witkoff a tenté d’imposer un récit alternatif : celui qui présente l’occupation et ses alliés comme des sauveurs et des protecteurs de l’humanité, tout en ignorant que cette crise humanitaire n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat direct de politiques de siège et de famine méthodiquement planifiées.
L’ironie a atteint son comble lorsque ces centres ont annoncé avoir distribué « cent millions de repas » aux habitants de Gaza. Un chiffre impressionnant au premier abord, mais qui s’effondre face à la vérité amère : ces statistiques ne sont qu’un outil de manipulation, la réalité quotidienne prouve que des milliers de familles n’ont pour nourrir leurs enfants que du pain rassis ou une soupe claire.
Ce que Witkoff voulait dire au monde, c’est que ces centres seraient « l’alternative civilisée » aux camions de l’ONU, accusés parfois de corruption ou de mauvaise distribution. Mais il a totalement passé sous silence le fait que l’occupation elle-même est à l’origine de ce chaos, qu’elle contrôle l’entrée de l’aide, et qu’elle n’autorise nourriture et médicaments qu’à des conditions humiliantes, comme si elle punissait tout un peuple pour avoir revendiqué son droit à la vie et à la liberté.
Si Witkoff cherchait réellement la vérité, pourquoi n’a-t-il pas visité les hôpitaux du territoire, pour voir les enfants mourir sur des lits sans médicaments ? Pourquoi n’est-il pas allé dans les camps surpeuplés, où règne une misère étouffante et où des familles vivent sous des tentes qui ne protègent ni du froid de l’hiver ni de la chaleur de l’été ? Pourquoi n’a-t-il pas parlé aux mères qui se couchent le ventre vide pour réserver à leurs enfants une bouchée de nourriture ? Et pourquoi n’est-il pas venu avec une délégation de l’ONU, ce qui aurait donné à sa visite un minimum de crédibilité, au lieu d’entrer comme un envahisseur, entouré de soldats et de véhicules militaires, dans une scène qui trahit la véritable nature du message qu’il portait ?
La vérité que Witkoff n’a pas voulu voir, c’est que ce qui se passe à Gaza n’est pas seulement une « crise humanitaire », mais bien un crime continu, planifié avec soin, auquel participent de grandes puissances et dans lequel l’aide humanitaire est utilisée comme un instrument de contrôle et de chantage politique. Comment la même armée qui assiège la ville pourrait-elle être celle qui lui envoie de la nourriture, sinon dans le cadre d’une mise en scène d’humiliation collective ?
La visite de Witkoff à Gaza n’est pas un simple événement anodin qu’on pourrait ignorer, mais un épisode d’un récit falsifié façonné aux yeux du monde pour modifier les faits et enjoliver le visage du crime. La véritable tragédie n’est pas seulement dans le siège de Gaza et la faim de ses habitants, mais dans le silence mondial qui avale des mensonges soigneusement fabriqués et détourne le regard des scènes d’humiliation que subissent quotidiennement les habitants.
Si le monde cherche vraiment la vérité, qu’il vienne à Gaza sans caméras, sans protocoles publicitaires, qu’il s’assoie parmi ses habitants, qu’il écoute leurs histoires et qu’il constate de ses propres yeux cette blessure qui ne guérit pas.
La vérité immuable est que Gaza n’a pas besoin qu’on lui prenne de belles photos pour couvrir la laideur du crime, mais qu’on lui enlève le blocus et qu’on lui rende son droit de vivre dans la dignité. Ce n’est qu’alors que les enfants de Gaza n’auront plus besoin de prétendus sauveurs ; ils construiront eux-mêmes leur avenir et en écriront les chapitres avec la liberté, et non avec la faim.

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