Chronique ” Gaza Urgence Déplacé.e.s”|Gaza sous le feu : bombardements incessants, faim impitoyable

12 avril 2025
A Gaza la vue suffoque et le silence est un crime

Nous entendons à la radio la multiplication des ordres de déplacement pour la population de Gaza imposées par l’armée israélienne, Abu Amir envoie ce texte le 12 Avril au soir

Dans la bande de Gaza, la mort n’est plus un événement exceptionnel, mais une réalité quotidienne que vivent les habitants dans tous ses détails, du réveil jusqu’au sommeil angoissé par la peur et la faim. Gaza n’est plus simplement une ville sous blocus, mais un témoin vivant de l’une des pires catastrophes humanitaires de l’histoire contemporaine. Depuis le 7 octobre 2023, le sang ne cesse de couler, le ciel reste chargé de bombes, et la terre ne donne plus naissance qu’à des cadavres. Plus de 50 933 morts et 116 045 blessés ont été recensés dans une guerre ouverte menée sans relâche par Israël, une guerre qui ne distingue ni civil des combattants, ni enfant de femme, ni pierre de chair. Rien que depuis le 18 mars 2025, 1 563 personnes ont été tuées et 4 004 autres blessées – des chiffres qui ne font qu’alourdir le registre de la mort collective.

L’armée israélienne ne se contente pas de bombarder ; elle applique une stratégie létale à double tranchant : tuer et affamer. Tandis que les avions et les blindés pilonnent les quartiers de Gaza, Israël renforce son blocus, empêchant l’entrée de nourriture et de médicaments, perturbant les réseaux d’eau, coupant l’électricité, et fermant les points de passage, rendant toute forme de vie pratiquement impossible. Les stocks alimentaires sont presque épuisés, et toutes les boulangeries ont fermé leurs portes après l’écoulement des dernières réserves de farine. Selon l’UNRWA, les enfants s’endorment affamés, sans lait, sans pain, sans nourriture, et l’agence alerte que tous les approvisionnements essentiels sont en voie d’épuisement, signalant qu’un retard supplémentaire plongera la bande de Gaza dans une famine généralisée. Quant aux nourrissons, certains n’ont même plus accès à de l’eau potable ni à des médicaments contre la déshydratation ou les maladies qui se propagent.

D’après les statistiques de l’UNRWA, mille enfants ont été tués ou blessés durant la seule première semaine suivant l’effondrement du cessez-le-feu à Gaza – un chiffre choquant qui illustre à quel point les enfants sont directement ciblés dans cette offensive, confirmant que l’enfance à Gaza ne grandit plus dans la sécurité, mais sous les décombres et le fracas des bombes.

Le secteur de la santé, lui aussi, vit ses dernières heures. Marwan Al-Hams, directeur des hôpitaux de campagne à Gaza, a déclaré que les services de cathétérisme et de chirurgie cardiaque ont chuté de 99 %, ce qui signifie que des centaines de malades attendent la mort sans aucune chance d’être sauvés. Les hôpitaux ne sont pas épargnés par les frappes, et la pénurie de carburant empêche le fonctionnement des générateurs nécessaires aux équipements vitaux. Même l’eau – ce droit fondamental à la vie – est devenue un rêve lointain. La municipalité de Gaza a annoncé qu’Israël entrave depuis plusieurs jours le principal réseau d’approvisionnement en eau de Mekorot, aggravant ainsi la crise de la soif, tandis que les forces israéliennes retardent l’accès des équipes techniques au site de la panne, une intervention qui, dans des conditions normales, ne nécessiterait pas plus de 24 heures.

Tout ce qui se passe ne semble pas relever du hasard, mais d’un plan systématique clairement visible, dans une tentative manifeste de pousser les habitants à l’exil, à accepter ce qu’on appelle les projets de « migration volontaire », c’est-à-dire un déplacement forcé déguisé. Les politiques de famine, de destruction et de bombardements constants ne sont que les outils d’un plan plus vaste visant à vider Gaza de ses habitants ou à briser leur volonté. Ce qui se joue à Gaza n’est pas seulement un siège ou une agression, mais un processus d’extinction méthodique de la vie et de la présence palestinienne.

Dans cette fresque noire, les cris des enfants, les gémissements des malades, les soupirs des mères devant des pains jamais cuits et des corps jamais enterrés, forment la dernière langue encore parlée. Il n’y a plus de rêves à Gaza, ni de projets, tout est désormais mesuré en morts, en repas de survie, en murmures d’espoir qui s’évanouissent. C’est une catastrophe qui ne nécessite plus de nouveaux qualificatifs, mais une action urgente pour stopper cet effondrement total.

Ce qui se passe à Gaza n’est pas qu’une suite de chiffres consignés dans des rapports, ni des nouvelles fugitives diffusées au journal du soir. C’est une plaie ouverte au cœur de l’humanité tout entière. Une plaie qui saigne non seulement du corps des victimes, mais aussi de la conscience d’un monde qui a choisi de se boucher les oreilles et de fermer les yeux face à la souffrance d’un peuple égorgé à petit feu. À Gaza, la mort ne frappe pas soudainement : elle attend ses proies au tournant de la faim, à la porte des hôpitaux hors service, dans les files d’attente pour une goutte d’eau, dans les yeux des mères qui n’ont plus rien à offrir à leurs enfants que leurs larmes. À Gaza, la vie suffoque – et le silence est un crime. Y aura-t-il un dernier cri pour réveiller ce monde de sa mort morale ?

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