Chronique”Gaza Urgence Déplacé.e.s”|De la douleur à l’espoir:le soutien psychologique à Gaza

10 octobre 2025
De la douleur à l'espoir trouver sa force intérieure! crédit photo ujfp Gaza

Une séance pour les femmes déplacées dans le camp Al-Irada – à l’ouest de Deir al-Balah 9 Octobre

Dans le camp Al-Irada, à l’ouest de Deir al-Balah, trente femmes déplacées se sont réunies dans une tente. C’étaient des femmes alourdies par des années de déplacement, l’amertume de la guerre, la privation et la perte de contrôle, traînant derrière elles la mémoire des conflits et des pertes successives. Pourtant, ce matin-là, elles s’assirent en cercle autour d’une équipe de l’UJFP venue leur offrir une occasion de redécouvrir l’espoir.

« Aujourd’hui, nous ne parlerons pas de l’espoir comme d’un rêve différé ou d’une attente passive, mais comme d’une force active pouvant se transformer en plan concret qui commence par de petites étapes et grandit avec nous jour après jour. » Une expérience qui ferait de l’espoir une notion tangible et pratique, et non plus un mot entendu dans des discours auxquels elles s’étaient habituées.

Le premier exercice les plaça face à leur propre force intérieure. Chacune reçut une petite carte portant l’inscription Je peux , et il leur fut demandé de se souvenir d’un moment de leur vie où elles avaient surmonté un obstacle paraissant insurmontable. Une femme raconta comment elle avait sauvé son nourrisson d’une mort certaine lors d’une nuit de fuite agitée, et comment, malgré sa faiblesse physique, elle avait ressenti une force extraordinaire qui l’avait poussée à continuer. Alors, les autres ne purent retenir leurs larmes : certaines pleurèrent avec intensité. L’exercice eut un effet profond : il leur donna un sentiment d’efficacité personnelle et restaura leur confiance en leur capacité de survivre malgré les pertes.

Le deuxième exercice. L’équipe expliqua que l’espoir ne signifie pas attendre la fin de la guerre, mais la capacité de tracer un chemin par des étapes claires, même petites. Elles furent invitées à choisir un grand objectif qui occupait leur esprit, comme reconstruire une maison, reprendre les études ou lancer un petit projet, puis à le diviser en tâches simples, réalisables dans le camp. Une jeune mère déclara qu’elle avait toujours rêvé de retourner à l’université, mais qu’elle découvrait que sa petite étape pour aujourd’hui pouvait être de lire une histoire à ses enfants avant de dormir, car cela la rapprochait de son rêve par un chemin rempli d’amour et d’apprentissage. Ce moment fut magique : l’impuissance acquise commença à s’estomper, remplacée par un sentiment de contrôle et d’efficacité.

Le troisième exercice fut l’Ancre de l’espoir . Les participantes s’assirent, fermèrent les yeux, tandis que le spécialiste leur demanda d’évoquer un souvenir positif gravé dans leur mémoire : un instant de sérénité, si simple soit-il : le sourire d’un enfant, l’odeur du pain chaud, ou une caresse tendre d’une mère disparue. L’une d’elles dit après l’exercice, d’une voix tremblante : « Pour la première fois depuis longtemps, j’ai senti que je détenais une clé pour échapper à mes pensées noires quand je le veux. » Elles comprirent que cet exercice était une technique psychologique, un « ancrage positif », qui permet à l’esprit de contrôler ses tempêtes intérieures.

La séance se conclut par l’activité du Mur de l’espoir collectif . Sur des papiers colorés, chacune écrivit de courtes phrases exprimant de petits objectifs ou des réalisations simples qu’elles avaient accomplies, et les accrochèrent toutes ensemble sur un mur blanc. Petit à petit, le mur se transforma en une fresque vibrante de vie, ses couleurs et ses mots semblant crier : « Nous existons, nous sommes capables. » « J’apprendrai une nouvelle compétence », « Je prendrai soin de moi malgré tout », « J’aiderai mes enfants à rêver ». Une jeune femme contempla la fresque et dit : « Ce ne sont pas des papiers, c’est notre vie que nous redessinons de nos propres mains. » À ce moment-là, les voix des femmes se rejoignirent pour former un réseau de soutien mutuel, car elles découvrirent que l’espoir grandit quand il est partagé, et que la force se multiplie lorsqu’elle repose sur la solidarité.

La séance montra que diviser les objectifs stimule la motivation, que se rappeler consciemment de beaux souvenirs réduit l’anxiété, et que le soutien collectif renforce l’immunité psychologique. L’atelier fut un voyage complet : il commença par l’exploration intérieure de la force personnelle, se poursuivit par la planification de la vie quotidienne, fut renforcé par l’ancrage d’instants positifs, et s’acheva par un mur collectif enracinant l’esprit de solidarité.

Une femme ayant perdu son mari déclara : « Je pensais que l’espoir signifiait la fin de la guerre, mais aujourd’hui, j’ai compris que l’espoir, c’est d’aider mes enfants à dormir paisiblement cette nuit, et cela, je peux le réaliser dès maintenant. » Une jeune femme dit : « J’étais noyée dans l’attente, mais aujourd’hui je sens que je tiens une boussole qui me guide. » Une troisième confirma que l’idée de diviser les objectifs lui donnait l’impression d’être sortie d’un labyrinthe pour emprunter un chemin clair. La séance avait provoqué un véritable changement intérieur.

Une capacité à affronter demain avec de nouveaux outils qui redéfinit pour elles l’espoir, de rêve vague à plan d’action concret, et leur fournit des stratégies pratiques pour surmonter l’impuissance imposée par le déplacement et les conditions difficiles. L’atelier illustra que la guérison psychologique ne se réalise pas en un instant, mais commence par de petits pas fondés sur la conscience et la détermination.

L’être humain peut transformer sa souffrance en énergie motrice, même dans les pires circonstances, l’espoir peut naître de la douleur, à condition qu’il existe un environnement professionnel et bienveillant. Les femmes quittèrent la salle en emportant avec elles des papiers colorés, les clés d’un nouveau voyage vers l’avenir, un voyage prouvant que l’espoir n’est pas une illusion, mais une stratégie de survie et d’émancipation.

Lien vers les photos et vidéos

https://drive.google.com/drive/folders/1_8xyPM3shFERRrX3RAkZJJmC84imROxf?usp=drive_link

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE AGORA SUIVANT :

Chronique " Gaza Urgence Déplacé.e.s" | Où en est le Hamas à Gaza ?