Chroniques “Gaza Urgence Déplacé.e.s” | L’agression israélienne sur Gaza : un récit quotidien d’une guerre continue

17 novembre 2024
Scolarisation des enfants dans les camps de déplacé.e.s

Depuis la fin du mois de Novembre 2023 sont publiées sur le site d’ https://ismfrance.org/ des chroniques quasi-quotidiennes sur l’organisation de l’urgence à Gaza dans les camps de Déplacé.e.s et depuis début Octobre 2024 un article hebdomadaire sur le site d’ https://altermidi.org. Ces chroniques sont le reflet du travail de deux équipes à Gaza en lien et soutenues par l’ Union Juive Française pour la Paix qui envoie très régulièrement l’argent récolté par la cagnotte https://www.helloasso.com/associations/union-juive-francaise-pour-la-paix/collectes/urgence-guerre-a-gaza. Ces deux équipes sont organisées autour d’Abu Amir correspondant de l’ UJFP à Gaza et de Marsel responsable du Centre Ibn Sina, elles nous envoie  très régulièrement un compte rendu de leurs actions dans les camps et en ce moment quotidiennement des textes sur la situation apocalyptique provoquée par le génocide en cours associé à un désastre humanitaire.

Actuellement le travail des deux équipes est le suivant, présentation brève et résumée .

Comme tous les habitants de Gaza, les deux équipes et les campements où elles interviennent ont été plusieurs fois déplacées par les bombardements. Aujourd’hui ( 17 novembre 2024), la géographie de leur intervention peut être esquissée comme suit.

1) Le soutien aux paysans et Abu Amir, représentant à Gaza de l’UJFP. est déployé originellement à partir d’un groupe de paysans de la zone sud-est de Khan Younis, autour des deux villages de Khuza’a et Abasan. Le groupe se fédère autour de la personnalité d’Abu Amir, qui impulse deux lignes de conduite : que l’aide aille en toute priorité aux exploitants agricoles les plus pauvres, et que l’organisation des paysans soit rigoureusement autonome et a-partisane.

2) Le centre d’éducation populaire Ibn Sina et Marsel.

Chacun des deux groupes représenté d’une part est arraché de son lieu de vie, totalement détruit, aussi bien les terres et villages agricoles du sud-est de Khan Younis que le camp de Jabalia du nord. Après plusieurs déplacements forcés, un important groupe de paysans se stabilise dans un campement à l’ouest de Khan Younis, tandis que Marsel et une partie de son équipe se regroupe à Deir al Balah. Ces deux campements sont au centre de l’emploi de l’aide envoyée grâce à la collecte par l’UJFP. Mais aussi bien Abu Amir que Marsel vont être attentifs à l’environnement de leurs propres camps. D’autres camps vont ainsi profiter d’actions pérennes ou, plus souvent, ponctuelles.

État actuel des camps où se déroulent des interventions pérennes.

Le campement des paysans

Il se nomme Al Fajr camp (le camp de l’aube) et rassemble 1 800 familles, pour leur grande majorité des paysans ou familles de paysans. Il est situé dans la zone Al Mawasi, à l’ouest de Khan Younis.

Le campement où intervient Ibn Sina

Il se nomme Al-Izza camp ( le camp de la fierté ), comporte 500 familles et est situé dans le sud de Deir al Balah

Le camp Amal

Amal signifie Espoir. Ce campement rassemble, sans spécification professionnelle ou de lieu d’origine, des déplacés qui se sont installés dans le nord de Deir Al Balah. C’est un « petit » camp (85 familles), mais il est le centre pour la scolarisation et les ateliers de soutien psychologique pour les camps qui le bordent (Il est aussi le camp responsable de l’approvisionnement quotidien en eau potable du reste des camps).

Les camps des pêcheurs

Ces camps sont également en contact avec les équipes et sont installés à Deir al Balah, de tailles très inégales.

– Le principal regroupement de pêcheurs, avec la présence de Zakaria Baker, le responsable syndical des pêcheurs, est en lien quotidien avec Abu Amir. Il se nomme Al Quds 2 (Jérusalem 2) et abrite 260 familles, dont 150 familles de pêcheurs. Un très gros effort financier a été consenti (parce qu’indispensable), pour l’achat de tentes, car le dernier déplacement avait laissé un nombre important de familles de pêcheurs sans abri du tout.

– un soutien ponctuel est aussi donné à un petit groupe d’une dizaine de tentes de pêcheurs où habite Madleen, qui fût la première femme pêcheure de Gaza, déplacée là avec son mari et ses quatre enfants.

Dans ces camps l’organisation sociale est exemplaire et peut nous laisser rêveur.se.s sur leur structuration citoyenne et les valeurs qu’elle développe et promeut. Sans parler d’une écoute et d’un dialogue permanent avec la population, ce qui permet l’élaboration de projets en lien avec les besoins, les nécessités et les personnes. S’adapter et élaborer de nouveaux projets collectivement et en lien avec le réseau de ressources possibles dans le contexte sur place.

  • Concrètement 3 repas complets par semaine sont élaborés d’un point de vue nutritif et distribués dans le camp le plus important, celui des paysans.
  • Dans tous les camps, la re -scolarisation des enfants et la prise en charge psychologique est mise en place. La scolarisation concerne des centaines d’enfants et s’articule également à une prise en charge psychologique et ludique.

Les questions de prise en charge psychologique et psycho-sociale sont au centre des activités mises en place avec les groupes de femmes, d’hommes : des workshop où sont abordées les questions de violence, de sexualité, de santé, de conflits intra-familiaux, de mort et de deuil, et même de rêves et d’espoir! Ces activités collectives sont régulières et adaptées aux sujets qui émergent dans les groupes, sans oublier la nécessité de la joie et du divertissement quand il se présente.

Un aspect essentiel de la vie quotidienne est pris en charge: les questions d’hygiène avec non seulement la distribution de produits, savon, shampoing, désinfectant mais aussi quand c’est nécessaire des séances de formation avec des professionnels sur les gestes et les comportements à adopter de façon préventive, la véritable mise en place d’un programme de formation à la santé et aux risques encourus en situation de guerre.

La désinfection des camps avec des pulvérisations contre tous les nuisibles s’effectue régulièrement et peut aussi se dérouler dans d’autres camps quand la demande insistante leur est faite. Cette action a pu être mise en place en faisant re-travailler une petite entreprise de personnes sur place. Des personnes déplacé.e.s racontaient dans une vidéo que pour faire fuir les moustiques ou autres nuisibles ils faisaient du feu devant l’entrée de la tente en la fermant et tentaient de dormir dans la fumée produite…..

Les actions touchant au maintien d’un minimum d’hygiène dans les campements, question cruciale pour la santé de tous et en particulier des enfants, a touché d’autres camps de Deir Al Balah :

Campagnes « nettoyage et désinfection des camps ». Six campagnes ont été effectuées, touchant de trois à quatre camps chacune.

Désinsectisation : l’opération a lieu dans divers camp à intervalles plus ou moins réguliers

Pour la dernière en date des initiatives (équipe Ibn Sina), curage des puits envahis par les eaux usées, le campement bénéficiaire a été choisi pour sa position particulièrement désastreuse à cause de la sous-couche glaiseuse dans lequel il est implanté.

C’est toute la vie quotidienne qu’il faut réorganiser et adapter aux conditions imposées par ces déplacements et regroupements forcés dans des lieux inadaptés.

Des projets porteurs d’espoir naissent aussi comme la remise en culture sur le peu de terre qui existe et que les agriculteurs ont tout de suite repris à leur compte et à leur énergie!

Quelques propos des paysans qui ont remis en culture récemment :” Nous restons assis pendant des heures chaque jour à contempler nos semis, nous avons du mal à croire que notre terre a recommencé à verdir après une année de sécheresse. La région a recommencé à palpiter la vie”. C’est un retour à une vie décente et de l’espoir pour l’avenir.

Voici la dernière chronique en date du 17 Novembre 2024

L’agression israélienne sur Gaza : un récit quotidien d’une guerre continue

Le 17 Novembre Abu Amir envoie ce texte

La guerre menée par l’armée israélienne contre la bande de Gaza est entrée dans son 408ᵉ jour, marquée par des massacres brutaux contre les civils et les familles palestiniennes, dans un silence international évident. Avec l’entrée dans le 44ᵉ jour de l’agression intensive sur le nord de la bande, le nombre de victimes a dépassé les 2000 morts et 6000 blessés, dans des conditions humanitaires catastrophiques. Parallèlement, les forces israéliennes continuent d’empêcher la défense civile d’accomplir ses missions humanitaires pour le 26ᵉ jour consécutif, aggravant la souffrance des habitants et augmentant le nombre de victimes.

Ciblage du nord : massacres sans précédent à Beit Lahia et Jabalia

Les premières heures de ce dimanche ont été marquées par un bombardement intense visant une maison dans le marché de Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza, tuant au moins 50 personnes. Mahmoud Basal, porte-parole de la défense civile à Gaza, a déclaré que les habitants de la maison avaient lancé des appels de détresse, mais que les équipes de secours étaient incapables de les atteindre en raison du blocus israélien imposé à la région et de l’interdiction de mouvement imposée à la défense civile. Il a précisé que la maison ciblée abritait environ 70 personnes, principalement des femmes et des enfants, reflétant l’ampleur de la tragédie humanitaire de ce massacre.

Dans le camp de Jabalia, l’armée israélienne a continué d’utiliser des barils explosifs et des robots militaires pour détruire les bâtiments résidentiels, entraînant la mort de dizaines de personnes et de nombreux blessés. Les rapports de terrain indiquent que les bombardements aveugles ont touché des maisons familiales, tuant de nombreux individus, tandis que d’autres restent sous les décombres.

Région centrale : bombardements sur Al-Bureij et Nuseirat

Les avions de combat israéliens ont mené des raids intensifs sur la région centrale, en particulier sur les camps d’Al-Bureij et de Nuseirat, où l’armée a ciblé trois maisons de familles palestiniennes. Dans le camp d’Al-Bureij, 11 personnes ont été tuées, dont quatre membres de la famille Akl et leurs voisins. Le ciblage d’une maison de la famille Al-Maqadma a également entraîné la mort d’une femme et blessé plusieurs enfants.

Dans le camp de Nuseirat, cinq membres de la famille Abou Armanah ont été tués après le bombardement de leur maison. Les environs de la banque arabe islamique, à l’entrée nord de Nuseirat, ont également été intensément bombardés, causant de nombreuses blessures et des destructions d’infrastructures.

Sud de la bande : Rafah et Khan Younes sous le feu

Le sud de la bande de Gaza n’a pas été épargné par les bombardements israéliens, avec des raids violents visant des maisons de civils. Dans le quartier de Hay Al-Mashroa, à l’est de Rafah, cinq personnes ont été tuées après le ciblage d’une maison, tandis que quatre autres ont été tuées dans le bombardement d’une maison au sud de Khan Younes. Des sources médicales ont également rapporté avoir retiré les corps de cinq personnes des décombres dans les zones ciblées.

Ville de Gaza : ciblage des écoles et des quartiers

La ville de Gaza n’a pas été épargnée par les bombardements israéliens intensifs, avec des frappes aériennes touchant plusieurs quartiers. Dans le camp de Chati, 20 personnes, dont dix enfants, ont été tuées dans le bombardement de l’école Abou Assi. Six autres ont été tuées dans le ciblage d’un salon de coiffure dans le quartier d’Al-Tuffah, tandis que quatre autres ont été tuées dans la rue Al-Wahda, au centre-ville.

Chiffres et statistiques tragiques

Depuis le début de l’agression le 7 octobre 2023, le nombre de morts a atteint 43 799, tandis que le nombre de blessés a dépassé 103 601.

Au cours des dernières 24 heures seulement, les forces israéliennes ont commis trois massacres horribles, tuant 35 personnes et en blessant 111 autres.

Les rapports du ministère de la Santé à Gaza indiquent que 30 % des victimes du massacre de Beit Lahia sont des enfants, tandis que 20 à 30 personnes restent piégées sous les décombres.

Ciblage systématique des infrastructures et du personnel médical

Les pratiques israéliennes visant à aggraver la souffrance humanitaire se multiplient, avec des bombardements intensifs des infrastructures. Les forces israéliennes ont empêché, samedi dernier, l’entrée d’un convoi humanitaire transportant des médicaments destinés à l’hôpital Kamal Adwan. Le ministère de la Santé a également documenté le ciblage de médecins sur leur lieu de travail et même à leur domicile pour les empêcher de fournir des services médicaux.

Crise humanitaire : conditions catastrophiques

Les conditions humanitaires dans la bande de Gaza se détériorent de jour en jour, avec plus de 12 000 blessés nécessitant un traitement à l’étranger, mais Israël refuse de leur permettre de voyager. Le blocus a également entraîné une pénurie aiguë de médicaments et de fournitures médicales, entravant le traitement des blessés et la sauvegarde des vies. Les habitants vivent dans une quasi-absence d’électricité et d’eau, avec des bombardements continus menaçant leur vie à chaque instant.

La communauté internationale en position de spectateur

Malgré l’ampleur de la catastrophe humanitaire, la communauté internationale reste spectatrice, se contentant de déclarations de condamnation faibles. Le soutien américain et occidental à Israël semble l’encourager à poursuivre son agression, sans se soucier des lois internationales et des droits de l’homme.

La poursuite de l’agression israélienne contre la bande de Gaza met en évidence les défis auxquels les Palestiniens sont confrontés dans leur lutte pour la liberté et la dignité. Les massacres quotidiens et l’ampleur des destructions placent le monde devant une responsabilité historique d’arrêter ces crimes et de demander des comptes à Israël.

 

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