Comprendre la rhétorique fascisante : Zemmour, la religion et les homos

9 juin 2021
Image d'illustration, capture d'écran

Evoquer le nom de Éric Zemmour est toujours un exercice périlleux consistant à faire référence à une parole qui distille de la haine, là où il faut, une fois de plus, inverser le cours de cette parole pour que la haine se répande un peu moins.

Encore faut-il en décrypter quelque chose.

Dernière diatribe en cours de l’artiste haineux qui parcourt les réseaux sociaux, en 1mn20 de vidéo : « les homosexuels bastonnés c’est dans les quartier islamisés ».

On entendra aussi…  « C’est lié à la culture et à la religion ».

Problème qui va être immédiatement épineux dans cette poignée de secondes d’improvisation : toutes les religions monothéistes sont réfractaires à l’homosexualité, les textes afférents en font foi.

Notre bon samaritain, supposé défenseur des homosexuels, en prend conscience et se lance de façon fracassante dans une série de sophismes sortis de sa manche : historiquement, les religions en question ont condamné l’homosexualité parce que les communautés d’alors étant réduites en nombre, cette homosexualité aurait posé un problème de natalité.

Il vient de sauver in extremis le christianisme et le judaïsme, alors qui est tombé à l’eau ? L’Islam. Pourtant le corpus de textes sur ce point est similaire dans les trois pôles monothéistes.

Que reste-t-il ?

Eh bien le culturel…. Connait une occurrence particulière : le cultuel en Islam a affecté le culturel, si bien que « dans les quartiers islamisés » la chasse aux homosexuels est ouverte, tandis que, comme on le sait (ou devrait le savoir), dans le christianisme et le judaïsme le problème est celui d’un autre temps cultuel et non pas culturel (Problème de natalité dépassé depuis).

Madame Kelly (appelons là ainsi) se prête en complice à la supercherie « mais vous ne croyez pas que les skinheads par exemple ? » l’artiste pouffe de façon à peine dissimulée « Non, non, pas du tout, montrez-moi un exemple ».

Sous-entendu : chez le blanc racisé, de culture monothéiste, le cultuel n’a pas affecté la culturel, il ne peut être homophobe et ne bastonne jamais un homosexuel.

Le procédé utilisé par Éric Zemmour est bien entendu infect, là où il s’agirait de prendre la défense d’une minorité exposée aux affres d’une majorité culturellement et cultuellement, de toute provenance, affectée de maux multiples en termes de rejet, violence, refoulé agressif, paranoïas diverses, diriger le doigt vers une autre minorité pour les mêmes affects, à motivation de nature politique cette fois.

Le, les monothéismes, n’ont pas inventé la tolérance en matière de différence sexuelle, cette sexualité est patriarcale, dominatrice (Zemmour devrait en savoir quelque chose depuis quelques faits divers révélateurs le concernant), moralisatrice, l’affection est autant culturelle que cultuellement induite, personne n’est épargné.

Éric Zemmour, en quelques secondes nous enferme donc dans un « double-bind» : ne pas prendre fait et cause pour ses dires serait défendre des agresseurs contre la communauté homosexuelle, inversement valider ses paroles c’est prendre la défense des victimes contre une autre communauté ostracisée à longueur de ses interventions.

Culture historique de bout de ficelle, empilage de sophismes, notions sur la structure de la culture sélective, double contrainte contradictoire, voilà comment en quelques secondes l’essayiste pousse ses auditeurs vers un peu plus de haine, exactement là où il le souhaite.

 

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