En douceur vers un État totalitaire ?
9 mars 2019“Nous tous, nous nous cachons derrière la loi”. Ce sont les mots d’un policier, quand il m’a demandé de mon intérêt à les photographier.
Ma réponse était claire :
– Je peux photographier la voie publique même si la police fait en partie, et même si je veux photographier la police dans l’exercice de ses fonctions dans l’espace public, c’est aussi un droit que je possède.
– Et le ” droit à mon image ” répond à un autre policier.
– Monsieur, la police, selon la loi, “ne jouit pas d’un statut privilégie de protection”, je réponds.
– Nous tous, nous nous cachons derrière la loi “. Dis le policier.
– Je ris.
Après avoir expliqué que je suis photographe depuis plus de 15 ans et que j’ai photographié dans plusieurs pays au monde, la conversation s’est terminée à l’amiable, sans contrôle d’identité. Mais ce n’est pas toujours le cas. En tant que photographe indépendant « pro bono », j’ai été menacé, insulté et frappé à coups de bâton. Sans compter les heures interminables de pleurs et de difficultés respiratoires due du gaz lacrymogène.
Combien de fois ai-je été insulté ou dégagé, car je n’ai pas de “brassard” avec la carte de presse. Combien de journalistes existent en France que ne possèdent pas leur carte de presse. Cela ne les empêche pas de faire leur travaille, non ?
Depuis quelques mois, sur le terrain, il y a beaucoup à signaler sur les comportements “étranges” de la police, principalement lors des manifestations de gilet jaunes. Des violences policières, comme celles, que David Dufresne a inventorie, montrent le “grand”, le “violent”, mais des “petites violences” des “petits abus de pouvoir” il y a des milliers toutes samedis en France et la grande majorié sont jamais dénoncés.
Ce que concerne ces “petites violences” et ces petits “abus de pouvoir”, lorsque la police fait du maintien de l’ordre, nous pouvons énumérer: les insultes, humiliations, les insinuations/gestes sexuelles, des menaces, des petits coups, les policiers qui dirigent le fusil LBD40 sur la tête des manifestants pour leur faire peur, les policiers qui filment / photographient avec leur téléphone portable personnel, etc. Plusieurs de ces actes sont souvent punissables à l’égard des manifestants, trés rarement de la police.
“Quel que soit le motif de tous ces débordements, personne n’est exempté en ce qui concerne et l’application de la loi”. Nous invoquons toujours ces principes, mais ce que nous avons vu ces derniers mois montre que les politiciens et la police sont au-dessus des lois.
Pendent mon travail, souvent des manifestants me posent des questions : la police, peut-elle agir de cette façon ? Sont-ils dans la loi ? Cela s’est du maintien de l’ordre ? Tristement, je n’ai pas de réponse… Em moi habitent les mêmes questions. Dans mon esprit, il est clair que le déni sur les violences policières de la part du gouvernement ne sert qu’à donner une légitimité “d’exister” à toute une hiérarchie institutionnelle complice avec le délit et à accroître les violences policières.
Sommes-nous confrontés à une situation qui révèle “seulement” un manque de formation au sein des forces de l’ordre comme suggère Alexandre Langlois ou allons-nous vers une démocratie totalitaire engendré depuis des années par les Etats et préconisé par des sociologues ?
Déchiffrer “le quand et le comment” de la cristallisation d’un État autoritaire s’avère complexe. Ses raisons sont multiples et leurs tentacules sont mégalithiques. Cependant, quand le rapport 2017 par l’ONG Oxfam dénonce que “82 % des richesses créées dans le monde l’année dernière ont bénéficié aux 1 % les plus riches, alors que la situation n’a pas évolué pour les 50 % les plus pauvres.” Nous comprenons que beaucoup de gens travaillent pour enrichir les poches de quelques-uns. Quand l’injustice sociale devient le pain du jour à jour et les gens font que travailler pour survivre, des explosions sociales sont éminents.
Pauvreté éminente, violence latente…
Dans toute l’Europe et la France ne fais pas l’exception, au cours des 10 dernières années, tous les États ont renforcé leurs politiques de sécurité, rétrécissant progressivement les libertés constitutionnelles et le respect des droits de l’homme. Regardons la “lei mordaza” en Espagne, le “paquet de sécurité” de Wolfgang Sobotka en Autriche ou la loi anti-casseurs en France, toutes ses mesures ciblent les populations, leurs libertés individuelles et collectives. Un grand nombre d’experts en sociologie, préconisent que dans les années à venir, les états iront durcir leurs lois, diminuant encore les droits et libertés des peuples. Selon ces sociologues, les principales raisons qu’amèneront au effondrement des notres sociétés sont: le capitalisme, la crise climatique, les migrations massives, les luttes de classes, l’extinction des ressources fossiles, etc.
Partout dans le monde émergent des explosions sociales extrêmement violentes. Leur “modus operandi” ce n’est pas “viral” comme beaucoup de nous ont interprété (par exemple) le “ printemps arabe”. Ces explosions sociales sont autonomes, mais inter-liées entre elles. Le dominateur commun ce n’est pas la chute des dictateurs, la renaissance de la religions, ou la suprématie de certaines fractions politiques. Le dominateur commun, l’élément déclencheur, c’est le “capitalisme”, le programme en arrière-plan que tout dévore, autant que dans les pays démocratiques que totalitaristes, communistes ou monarchiques.
Se pencher vers un système totalitaire pour défendre les intérêts du capitalisme e du supra-libéralisme comme fait Emanuelle Macron et sa troupe, c’est une grosse erreur. Les prix à payer pour les populations, sont énormes. Détruire le système social, stigmatiser les classes sociales plus démunies et demander plus de taxes comme à l’époque médiéval, c’est la fourche et le feu qu’ils cherchent. Sur pression, le gouvernement doit envoyer la police pour réprimer le peuple, comme le roi envoie la cavalerie… Et les lutes sociales arrivent, et la police tabasse et les gens se révoltent…
“ Entre la fin du mois et le fim du monde. La fin du monde.” Défendent les gilets jaunes.
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