Interpellations arbitraires lors de la Pride à Montpellier : traitement indigne et motivations politiques ?

29 juin 2024
Les deux manifestants ont été interpellés ce samedi 15 juin à la Marche des Fiertés LGBTQIA+ de Montpellier.

Nous avons reçu ce communiqué de presse du comité de soutien aux interpellés de la Pride de Montpellier, le 18 juin dernier.

Nous condamnons avec la plus grande  fermeté les interpellations arbitraires de deux camarades lors de la marche des fiertés le samedi 18 juin 2024 à Montpellier et les conditions de détention déplorables en cellule de garde à vue.

Le Comité de soutien aux gardés à vue condamne ces interpellations à caractère politique selon des motifs fallacieux.

Deux militants, dont un adhérent de la Confédération nationale du travail du Gard (CNT), ont été victimes d’interpellations arbitraires lors de la manifestation. Privés de liberté pendant 42 heures, ils ont subi un traitement indigne et contraire aux droits fondamentaux.

Cette manifestation, marquée par une forte mobilisation de la communauté LGBTQA+, du pink bloc et du collectif queer Palestine, a été l’occasion de dénoncer les fléaux de l’homophobie, du sexisme, du racisme, de la montée de l’extrême droite et du fascisme. Des slogans tels que “y en a assez assez de cette société qui ne respecte pas les trans les Guînes et les pédés” ou encore “Siamo Tutti ANTIFASCISTI” ont résonné dans les rues.

Le premier motif invoqué par un agent de la BAC lors de l’interpellation et pour la justifier est particulièrement inquiétant : “nous on respecte le suffrage universel”. Cette affirmation, faite en référence au score du Rassemblement National aux élections européennes, alimente les craintes d’une instrumentalisation des forces de l’ordre à des fins politiques.

Ce motif invoqué a ensuite été modifié pendant la garde à vue en :

“dissimulation volontaire du visage, sans motif légitime, lors d’une manifestation sur la voie publique accompagnée de troubles ou risques de manifestes de troubles à l’ordre public”. le chef d’inculpation n’est pas fidèle à l’original. Le «  en vue de » a disparu et la formulation est incorrecte…

Cependant, il est clair que ce dernier motif ne pouvait figurer au terme juridique pas vraiment audible pour l’individu lambda devant un juge, d’autant plus que la manifestation en question, la Marche des fiertés, est à caractère festif et pacifique où la majorité des participants sont masqué.es et/ou déguisé.es.

Les deux camarades privés de liberté durant 42h ont dû supporter les vomis,  les excréments, de la nourriture pourrie comme aussi du sang et de l’urine déjà présents dans leurs cellules !!!

Ces conditions de détention dans les cellules de garde à vue françaises sont  d’une grande violence ! Particulièrement dégradantes : outre les cellules exiguës de 5m², et la présence de vomis, d’excréments, de nourriture pourrie, de sang et d’urine sur le sol et les murs,  la lumière blanche et permanente des néons  agressive, l’absence de couverture pour se protéger du froid, l’absence de tout produit  d’hygiène de base sans oublier la nourriture insuffisante et de très mauvaise qualité.

Ces conditions de détention, condamnées à de multiples fois par le Rapporteur Général des lieux de Privation de Libertés, s’apparentent à de la torture physique et psychologique et constituent une violation flagrante des droits humains.

Si les conditions déplorables des gardes à vue ne sont pas un secret, peut-on réellement se préparer à l’épreuve que vivent ces personnes ? Les témoignages poignants recueillis ici lèvent le voile sur la réalité inacceptable que subissent toutes les personnes gardées à vue  en France.

Ils soulignent, une fois de plus, l’urgence d’une refonte radicale et profonde des pratiques judiciaires en matière de garde à vue.

Ces interpellations et ces traitements qui s’apparentent à de la torture, quasi-inhumains s’inscrivent dans un climat politique de plus en plus délétère, marqué par la montée des discours haineux et racistes, la stigmatisation des minorités et la banalisation des violences policières. Nous tenons à rappeler que le respect des libertés individuelles et des droits fondamentaux est un principe non négociable dans une société  qui se dit démocratique et dont on ne compte plus pourtant toutes les transgressions qui lui sont inhérentes !

Après 48 heure de privatisation de liberté, nos camarades ont été déférés devant un délégué du Procureur pour une composition pénale, les privant de fait d’un procès devant le Tribunal Correctionnel où ils auraient pu se défendre et faire valoir leurs droits. Toutefois ils ont refusé cette composition pénale et sont dans l’attente d’une convocation devant le Tribunal Correctionnel. Une affaire qui ne restera pas sans réponse politique !

Ensemble, défendons nos droits à nous exprimer librement !

Le Comité de soutien à nos camarades interpellés pour avoir manifestés et revendiqués leur opposition à la montée et dérive fascisante des politiques menées, toujours plus répressives et sécuritaires.

 

 

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