Montpellier est-elle une métropole en État de droit ? Chasse aux travailleurs précaires et aux étrangers

5 mai 2023

Le Poing partage ce communiqué de l’antenne montpelliéraine du Droit Au Logement (DAL 34) :


Vers où nous emmène le Préfet de l’Hérault ? Est-ce vraiment la position de l’Etat ?

Cyniquement, le préfet de l’Hérault se targue, à travers un interview dans la Gazette de Montpellier du 4 Mai, d’organiser la chasse, non pas seulement aux squats et bidonvilles, mais affirme en prendre prétexte pour lutter contre l’immigration.

« On ne peut pas accueillir toute la misère du Monde », cette phrase malheureuse et maladroite de la gauche, prononcée aux heures de la Françafrique, d’il y a une trentaine d’années, tient encore lieu de leitmotiv dans la pensée d’extrême droite.

Elle nie la permanence des migrations dans l’histoire de l’Humanité comme la dette, la responsabilité des multinationales et des pays enrichis tels que la France dans les phénomènes migratoires,  dans l’absence de démocratie, de respect des droits humains, y compris écologiques et sociaux, à travers le monde.

Ici, elle justifie les discriminations, la restriction aux droits et le traitement de paria infligé aux personnes immigrées, pour courir après l’électorat d’extrême droite.

Bref, cette phrase est politique. Une fois de plus, après un tweet que le Préfet avait du retirer en Septembre 2022 insinuant le lien entre insécurité et délinquance, il entre de nouveau dans un champ sortant de son obligation de réserve quant aux débats politiques, ne répondant à aucune mesure officielle et favorisant un discours partisan.

Y aurait-il des quotas d’immigration à Montpellier ? Si oui lesquels ? Sur quels critères ? Sont-ils définis par la Métropole ? 

Quand le Préfet parle pour la Ville ou la Métropole, nous ramène t-il à l’époque autoritaire où l’Etat, à travers son représentant dans le département, dicterait sa volonté aux Collectivités locales ? Quand va t-il obliger Montpellier et la Métropole à abandonner leur soutien à SOS Méditerranée ?

À la posture politique à droite de la droite, le Préfet y ajoute le mensonge.

En effet, il estime que « Montpellier et la Métropole y auraient pris leur part ». Or, depuis plusieurs semaines, le comité DAL de Montpellier se mobilise pour faire appliquer le DROIT À L’HÉBERGEMENT pour plusieurs familles avec enfants scolarisés. Plusieurs personnes composent le 115 en vain, pour certaines depuis cette automne, se logeant comme elles le peuvent, remettant en cause. On répond aux personnes en attente de régularisation qu’elles n’ont aucun droit, au mépris de la loi.

Ne lui en déplaise, le droit à l’hébergement inconditionnel, contenu dans la loi doit être appliqué à Montpellier et dans sa Métropole. La République est une et indivisible.

Entendre constamment de la part du 115, du SIAO, qu’ “il n’y a plus de place” démontre en effet, que l’Etat est complètement déficient, opaque et hermétique sur le travail qu’il n’effectue pas alors qu’il doit respecter son obligation d’hébergement. Des bâtiments et logements vides, il y en a ! Comme l’a montré la crise du COVID, le préfet a les moyens et pouvoir de réquisition.

Juste en dessous, dans la même page de la Gazette de Montpellier, le chef de la police, entrant dans des délires socio-ethniques d’un autre âge, se targue d’organiser la chasse aux livreurs uberisés, exploitation moderne mais seul moyen de survie des précaires et des personnes en attente de régularisation, de payer leurs loyers, y compris à des marchands de sommeil. Nous sommes impatient d’entendre ce que le Préfet a à exprimer sur le droit du travail et la lutte contre le chômage.

En effet, en précarisant de plus en plus les personnes, notamment sur l’hébergement, en leur niant l’accès à des droits fondamentaux, l’Etat créée des squats, nourrit les marchands de sommeil et l’économie parallèle.

Ne leur en déplaise, la grandeur d’un pays prospère, d’un département, d’une métropole se mesure aussi par l’accueil et par l’accès à des droits fondamentaux, celui de se loger comme d’assurer sa survie par le travail. Des Lumières à la Résistance, ce sont ces principes qui ont fait progresser notre pays, notre région, notre ville. Remettre en cause ces principes est anti-patriotique. Cela salit l’image de la République.

Monsieur le Préfet, quelque part, nous sommes toutes et tous l’étrangère ou l’étranger de quelqu’un.e. À vos propos graves, nous vous invitons à réfléchir sur la Tolérance et l’asile dans une région ravagée par les Guerres de Religion, à visiter les Cévennes, le Massif Central où des personnes réfugié.es ont du être caché.es par des habitant.es, des Justes notamment, de Montpellier, de sa Métropole, du département. Allez prendre l’air salin de Aigues-Mortes où la honte des meurtres xénophobes de 1893 plane encore sur la ville.  Nous vous invitons enfin à visiter le camps de Rivesaltes où au nom de « la République » y ont été enfermé.es des étranger.es avant la deuxième guerre mondiale. Et surtout avant d’en éprouver des remords et la honte.

Merci de respecter notre identité, et donc le droit des personnes. Revenez parmi nous. Revenez aux droits.

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