Petit tour à la ZAD de La Clusaz, qui vise à empêcher une retenue d’eau pour de la neige artificielle

25 octobre 2022

Zadiste un jour, zadiste toujours… Je n’ai pas fait cinq cents kilomètres exprès, mais tout de même, à être dans le coin… Direction le col de la Croix Fry (Haute-Savoie) et le plateau de Beauregard à la pêche aux infos. Quand il s’agit d’aller jeter un œil là où naissent des mobilisations, je suis toujours partant.

Quoi ? Un projet de construction d’une cinquième retenue collinaire, un réservoir d’altitude pour de la neige artificielle. Où ? Sur la commune de La Clusaz, magnifique coin qui devrait être préservé de ces projets en totale contradiction avec les problématiques actuelles : prix de l’énergie, réchauffement climatique, gaspillage de l’argent public, etc.

L’histoire se répète. En décembre 2020, la mairie de La Clusaz présente le projet de retenue. Devant certaines incohérences, des habitants se constituent en collectif. Février 2021 : une concertation publique réunit 81% d’avis négatifs. En avril, une pétition réunit 50 000 signatures. En septembre, l’enquête publique se conclue avec 76% d’avis défavorables. Que se passe t-il alors ? Les commissaires enquêteurs rendent… un avis favorable. « Quelle place pour le dialogue ? » se demande le collectif qui accueille depuis un mois des militants sur une ZAD, zone à défendre, au bois de la Colombière. Une ZAD, c’est illégal, mais « est-ce illégitime pour autant ? », déclare t-il. Éternel débat entre légalité et légitimité… Quand le dialogue est impossible, que le débat démocratique échoue, que la justice donne raison à des recours contre de tels projets, il y a de quoi être en colère. Tensions, menaces d’intimidation, insultes, ils connaissent tous cela, les opposants, les irréductibles, souvent mal compris, mais heureusement qu’ils sont là ! Hier à Notre Dame des Landes ou à Sivens, aujourd’hui encore à Bure, ou avant-hier sur le plateau du Larzac (ah, vous étiez trop petits ? Ben nous aussi), affrontant des projets aberrants.

La semaine dernière à l’entrée de la piste, la gendarmerie opérait des contrôles ; l’accès y est interdit sauf pour les habitants des lieux qui montrent leur laisser-passer. Ainsi, une voiture et sa remorque a été verbalisée (35 euros), mais les personnes qui soutiennent les zadistes ne se laisseront pas décourager pour autant. A quelques pas de là, à l’entrée de la ZAD, des pancartes accueillent les curieux et les soutiens par un café ou un thé. Une bande de jeunes est assise en rond dans l’herbe, nous posons des questions sur leur provenance. Les réponses restent évasives : « En fait, on ne sait pas trop, il y a des gens d’un peu partout, mais aussi pas mal de locaux ». Les jeunes sont agréablement surpris de l’intérêt des visiteurs sur les lieux, qui leur apportent aide morale et/ou matérielle et/ou financière.

Certes, on ne verra plus les mobilisations des années 1970, mais comment peut-on laisser faire ? Il y a aussi ceux qui disent que « ça ne sert à rien », et ceux qui profitent de cet état de fait, qui ont quelque intérêt, ou qui n’ont encore rien compris. Bernard Laponche, cité par Michèle Rivasi et Hélène Crié dans Ce nucléaire qu’on vous cache, écrivait : « Le XXIe siècle sera consacré à réparer les dégâts du XXe». Avec cette nouvelle génération sur laquelle il faudra bien compter pour, non réparer tout cela car trop de mal a été fait, mais peut-être empêcher la poursuite du massacre de notre petite boule bleue ?

Le vendredi 21 octobre à La Clusaz avait lieu une petite manifestation, un rassemblement… mais cette fois, avec des « pro-réserve » ! Et mardi 25 octobre, attente du jugement… « Suite à l’audience du référé déposé par les associations ce jeudi 20 octobre, la justice a suspendu l’arrêté qui autorisait l’aménagement de la retenue de Beauregard à La Clusaz. Les travaux ne pourront donc pas commencer avant le jugement du recours sur le fond ». France Nature Environnement ajoute : « Cette décision du juge est un grand soulagement pour les collectifs et associations qui sont opposés au projet depuis le départ et qui craignaient le début des travaux de déboisement et de défrichement sur ce site naturel particulièrement sensible et préservé ». Première victoire, donc, pour les opposants au projet, mais rien n’est acquis, même si les travaux sont suspendus et que le bois n’est actuellement plus menacé.

Une première bataille est gagnée ; reste à gagner la guerre contre tous les projets fous ! « Nous sommes convaincus que le modèle d’aménagement d’hier ne peut plus être la réponse aux questions d’aujourd’hui et aux enjeux de demain. Toujours plus de parkings, toujours plus de remontées mécaniques, toujours plus d’infrastructures, toujours plus de retenues collinaires pour toujours plus de neige artificielle… nous pensons que ce modèle est désormais obsolète. » lit-on dans une « Tribune pour nos montagnes » publiée par Le Monde, dont le titre est : « Pourquoi l’avenir de La Clusaz nous concerne tous ».

Pour en savoir plus, beaucoup d’informations sur la page des opposants au projet Sauvons le Plateau de Beauregard de la Destruction – la Clusaz, mais aussi :France Nature Environnement Haute-Savoie ; France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes ; Confédération Paysanne de Haute-Savoie ; LPO AURA -Haute-Savoie ; Collectif Fier Aravis ; Mountain Wilderness France… Et pour les soutenir financièrement, https://www.helloasso.com/associations/la-nouvelle-montagne/collectes/on-a-besoin-de-vous

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