« Pour la reconnaissance des ambulanciers hospitaliers » | Lettre à Philippe Saurel

9 juin 2020

Monsieur le Maire,

Les ambulanciers hospitaliers ainsi que ceux qui sont affectés dans les SAMU ont joué un rôle essentiel dans la prise en charge des patients atteints par la COVID-19.

A ce jour, ces agents sont considérés comme des personnels ouvriers relevant de la filière technique et ne bénéficient d’aucune reconnaissance. Il s’agit là d’une injustice au regard de leur qualification et de l’expérience acquise sur le terrain quotidiennement.

D’une part, les ambulanciers sont au cœur de la chaîne soignante au même titre que les autres personnels des établissements hospitaliers. Dans les SAMU lors des interventions, le rôle de chacun est essentiel. La collaboration au sein de l’équipe est primordiale, surtout lorsque dans une situation critique, chaque minute voire seconde compte…

D’autre part, certains modules abordés dans leur cursus de formation sanctionné par un diplôme d’Etat confirment cette relation au patient et ce statut non reconnu :

  • « Dans toutes situations d’urgences, assurer les gestes adaptés à l’état du patient »
  • « Etablir une communication adaptée au patient et à son entourage »
  • « Rechercher, traiter et transmettre les informations pour assurer la continuité des soins »

Par ailleurs, sous le contrôle et la responsabilité du médecin urgentiste, ces professionnels peuvent être amenés à participer à la réalisation d’examens ou de gestes techniques qui leur sont normalement interdits par la réglementation, mais où leur implication est indispensable à la prise en soin des patients.

Les ambulanciers réclament depuis des années leur intégration dans la filière soignante pour une juste reconnaissance de leur métier. Leur taux de réussite dans les concours d’entrée des écoles paramédicales (IDE/AS) où ils réussissent brillamment, met en évidence leur expérience acquise sur le terrain et leur appartenance à la filière soignante.

Ces professionnels s’apparentent aujourd’hui à la communauté des “premiers de corvée” : mal rémunérés, non reconnus, invisibles mais indispensables pour sauver des vies.

Leurs revendications sont légitimes et il est essentiel que dans le cadre des négociations en cours au ministère des solidarités et de la santé, elles soient entendues.

A l’image de la réforme infirmière de décembre 2010 qui s’est traduit par un marché de dupes, les ambulanciers ne souhaitent pas évoluer vers une catégorie mini « B », mais attendent une juste reconnaissance institutionnelle qui doit se traduire par :

  • Le rattrapage de la perte de pouvoir d’achat lié au gel du point d’indice ces 10 dernières années, qui représente 300 €/mois de perdus.
  • L’attribution de la catégorie active, qui signe la reconnaissance du contact et de la promiscuité avec les patients transportés et de la pénibilité liée à leurs missions (nuits, weekends, horaires irréguliers, manutention, responsabilité de l’intégrité du patient…)
  • Une carrière linéaire sans quotas, pour accéder au grade supérieur et faciliter la promotion professionnelle des agents
  • La suppression du terme « conducteur » dans la nomenclature « métier ».

Ne doutant pas que vous serez sensible à la situation de ces professionnels, nous espérons que vous solliciterez les tutelles afin que les revendications de ces agents de la Fonction Publique Hospitalière soient satisfaites.

Une pétition en ligne a été lancée pour sensibiliser l’opinion publique, elle a recueilli pour l’instant plus de 2500 signatures : http://chng.it/NpYrvTdz

Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Maire, nos sincères salutations.

Pour le syndicat CGT du CHU de Montpellier,

Philippe Peretti, Alexandra Dors

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