Après le suicide à Montpellier de Doona, place à la mobilisation contre la transphobie

Le Poing Publié le 24 septembre 2020 à 17:44 (mis à jour le 25 septembre 2020 à 10:05)
Photo d'appel à un rassemblement contre les violences transphobes qui s'est tenu le 20 novembre 2019 à Montpellier

Doona, une femme transgenre, étudiante en psychologie à la faculté Paul-Valéry de Montpellier, s’est suicidée le mercredi 23 septembre en fin d’après-midi à la gare Saint-Roch, heurtée par un train. Un rassemblement est prévu samedi à Toulouse pour dénoncer la « transphobie d’État ».

Le compte twitter « balancetondoc1 » a publié le témoignage d’une proche de Doona : « Aujourd’hui, une de mes meilleures amies est morte. Le système médical tue. Doona était une femme trans âgée de 19 ans et elle a décidé de mettre fin à ses jours à la gare Montpellier Saint-Roch. Tout est arrivé en 5 jours. Samedi dernier, Doona a traversé une crise suicidaire, les pompiers sont arrivés à temps et elle est emmenée aux urgences. Parce que c’est les urgences, parce qu’elle est trans, on la traite mal. Mal soignée, témoin d’autres cas de maltraitance médicale, elle s’enfuit. Lundi, elle a de nouveau une crise suicidaire. Elle choisit de ne pas contacter les urgences et demande des soutiens sur twitter. Le lendemain, un ami l’emmène chez un docteur pour des sutures, elle reste très déprimée. Mercredi, elle écrit des messages inquiétants sur les réseaux sociaux. Elle refuse de voir un médecin. Trop de mauvaises expériences psychophobes et transphobes. Elle coupe tout. » Le même compte affirme que « le jour de sa mort, le Crous [Centre régional des œuvres universitaires et scolaires] lui a explicitement dit qu’elle perdrait son logement si elle faisait une autre crise suicidaire ».

En réaction, le collectif « Collages Féministes Toulouse » appelle un rassemblement le samedi 26 septembre à 13h30 place du Capitole : « Doona, femme transgenre de 19 ans, a été assassinée par la transphobie d’État ce mercredi. Le Crous et les médias l’humilient et refusent de reconnaître son identité. Ces actes d’humiliation ignobles sont haineux et souillent la mémoire de notre soeur trans. Il est notre devoir de préserver la mémoire de Doona. Elle rejoint la liste des victimes de cet État illégitime qui assassine nos adelphes transgenres, Nous demandons à ce que Doona soit la dernière. Retrouvons-nous […] pour honorer sa mémoire et faire comprendre à l’État qu’il est illégitime en continuant sa persécution des personnes transgenre. » Une Pride de Nuit devait se tenir le 25 septembre à Montpellier, mais elle a été annulée.

Les médias ont honteusement insisté sur la perturbation du trafic ferroviaire – comme s’il s’agissait de la principale information à retenir de ce suicide – et dans un premier temps, Actu.fr (Métropolitain) a parlé d’un « jeune homme tué », niant ainsi la qualité de femme de Doona, avant de changer en « une personne tuée ».

En janvier 2018, Le Poing publiait l’article « lesbo et transphobie : deux piliers de la domination hétérosexuelle », malheureusement toujours d’actualité, avec cette conclusion : « Contre toutes les oppressions, les discriminations et les dominations, une seule solution : la révolution ! »

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