Archives - Communiqués 30 novembre 2016

Un an avec sursis pour un tag, 6 mois avec sursis pour “résistance avec violence” (décembre 2016)

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Dès l’entrée du tribunal de grande instance de Montpellier, le décor est planté. Ce 6 décembre dès 8h30 du matin, de nombreux policiers filtrent une étroite porte d’entrée. L’ambiance est au procès à haut risque, avec une forte présence policière. Trois personnes passent en procès pour leurs actions au cours de la manifestation du 15 septembre contre la Loi Travail et son monde. Les inculpé.e.s sont accusé.e.s de dégradations, de violence contre les agents de la BAC et d’incitation à l’émeute.

L’Assemblée contre l’état d’urgence et les violences d’État a organisé un rassemblement de soutien. Des tracts sont distribués aux quelques passants. Les personnes venues en soutien s’avancent vers la petite porte et demandent à rentrer.

Désolé, on a reçu l’ordre de ne laisser rentrer personne“, lance un policier. Normalement, les audiences au tribunal sont publiques. “Les ordres viennent d’en haut“, précise le policier. Les avocats interviennent pour permettre au public d’assister au procès. Les ordres changent et tout le monde peut rentrer dans le tribunal, à condition de rester calme. Dans la salle, la présence policière est particulièrement oppressante. Des flics en gilets pare-balles se tiennent debout pour encadrer le public. Ils sont beaucoup plus nombreux que d’habitude.

La juge Morgane Le Donche donne le ton du procès qui s’annonce très politique. Elle refuse de prendre en compte les vidéos qui montrent les violences policières au moment des arrestations. Des jeunes femmes sont accusées d’avoir terrassé des flics de la BAC. La vidéo dément cette version policière de la réalité. “Les procès verbaux suffisent“, confirme la juge. Seule la parole policière est prise en compte. Les avocats tentent d’objecter et de protester. La juge leur demande de se taire. Les avocats ne peuvent que constater la mauvaise foi de la juge. Morgane Le Donche s’est déjà fait un avis avant même d’entendre les plaidoiries. Les avocats décident alors de quitter la salle, suivis des prévenu.e.s et des personnes venues les soutenir. “Ce n’est pas votre avocat qui est jugé, c’est vous“, lance-t-elle désespérément.

La juge Morgane Le Donche a décidé de faire un procès politique. Elle se soumet au climat sécuritaire et aux pleurnicheries policières. La Justice a clairement choisi son camp. Les personnes ne sont plus jugées pour des faits, mais uniquement pour leur démarche politique. La juge Morgane Le Donche épouse entièrement cette logique. La mauvaise foi et le mensonge guident son éthique professionnelle. C’est également la logique de l’état d’urgence qui vise à soumettre les procédures judiciaires aux exigences policières. Mais les inculpé.e.s et leurs soutiens ont décidé de ne pas baisser la tête face à l’arbitraire de la justice et la répression politique.

Ninon, accusé de tag, a été condamné à un an de prison avec sursis ; Soline et Loïck, accusé de résistance avec violence pendant leur interpellation, ont été condamné à 6 mois de prison avec sursis.

Repris du site de la CGA

Blessures au genou de Soline suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures au genou de Soline suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures aux coudes de Loïc suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures aux coudes de Loïc suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures au dos de Soline suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures au dos de Soline suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures au front de Loïc suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures au front de Loïc suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures au cou de Loïc suite aux violences policières du 15 septembre

Blessures au cou de Loïc suite aux violences policières du 15 septembre

 Soline a écrit son témoignage qui a été validé par Ninon et Loïck. Voici leur version des faits :

A la fin de la manifestation du 15 septembre contre la loi travail, le cortège se disperse et nous rejoignons le Tribunal de Grande Instance pour soutenir une camarade inculpée et p1articiper à une assemblée générale. Tout d’un coup, nous entendons un appel à l’aide pour quelqu’un en train de se faire frapper au Peyrou. Quand nous arrivons sur place pour porter assistance à cette personne, nous nous retrouvons entre des officiers en civil d’un côté et une rangée de policiers nationaux casqués de l’autre. Déstabilisés, nous tentons de nous regrouper tant bien que mal mais les policiers crient la charge. C’est à ce moment là que je vois mon amie Ninon se faire plaquer violemment au sol par un présumé civil, qui était en fait un policier sans brassard. Je vois mon amie en position fœtale en train de se faire frapper. Paniqués et apeurés, mon ami Loïc et moi tentons de la protéger. Loïc se fait alors stranguler, menotter, taper par un policier qui lui frottera aussi la tête au sol. Pendant ce temps, je me fais plaquer, frapper et menotter au sol. Les menottes étaient tellement serrées qu’elles m’ont broyé les poignets quand ils m’ont relevé.

Une fois au commissariat, nous serons insultés et frappés avant de passer 24h en garde à vue. Tout ça juste pour avoir voulu porter assistance à un inconnu en danger, puis à mon amie qui se faisait frapper. Je ne sais pas pourquoi mes amis et moi sommes accusés de chefs d’accusations différents : Ninon a été accusée d’ “incitation à la rébellion” et “dégradations”, Loïc de “rébellion” et moi-même de “rébellion” et de “violences policières sur agent de l’ordre en exercice de ses fonctions”.

Moi, Soline, 19 ans, étudiante en langues, 1m64, aurait donc agressé physiquement un officier de police aguerri aux techniques de combat. »

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Jules Panetier : récit de ma nouvelle séquestration par la police (novembre 2016)