Montpellier : une pétition contre les amendes infligées aux livreurs par la police de Delafosse
Des PV de 135€ ponctionnés sur les revenus de misère des jeunes livreurs en deux-roues. C’est la dernière conséquence des obsessions sécuritaires du maire PS de Montpellier
Ce lundi sur Change.org, une pétition (https://www.change.org/p/maire-de-montpellier-pour-l-annulation-des-pv-contre-les-livreurs-de-montpellier) s’acheminait vers les deux cents signatures, réclamant l’annulation des PV infligés à dix-sept livreurs à deux-roues dans la soirée du 2 janvier dernier dans les rues du centre-ville de Montpellier. Ce samedi-là, entre 21 heures et 22 heures, dix-sept livreurs des plateformes UberEats et Deliveroo écopaient de PV à 135 euros. Leur crime : avoir roulé en scooter sur des axes piétons où cela est interdit.
Un simple citoyen un peu naïf, qui croirait sa ville dirigée par un maire de gauche, pourrait s’étonner d’un traitement aussi brutal, infligé à des jeunes travailleurs en situation précaire par temps de crise, dans un secteur d’activité en grande difficulté. Considérés par les plateformes comme des travailleurs indépendants, ils en subissent la baisse de la tarification des courses à l’unité, l’absence de tout droit social, la concurrence exacerbée de chacun contre tous. Au final : l’obligation d’effectuer toujours plus de courses dans un temps toujours plus réduits. Et c’est sur ces vrais faux salariés, souvent à moins de dix euros de l’heure, que Michaël Delafosse fait s’abattre ses policiers municipaux ; à 135 euros par tête.
Au Poing, on ne fait pas partie des citoyens un peu naïfs évoqués ci-dessus. Au Poing, on ne cesse de constater l’obsession sécuritaire – quand elle ne rejoint pas les fixations identitaires – du nouveau maire socialiste de Montpellier, aimablement secondé par ses alliés verts et communistes (là encore on attendra avec délectation leur réaction), chevauchant les obsessions répandues par l’extrême-droite dans la société. Parfois, il faut choisir : protéger la sainte tranquillité sonore des habitants, peut consister à se retourner agressivement contre les plus mal lotis des exploités. C’est un choix.
Dans la presse locale, les explications de Sébastien Cote, l’adjoint municipal chargé de la sécurité donneraient envie de rire si cette affaire n’était aussi lamentable. Il constate que de plus en plus de livreurs – qu’on estime à plus d’un millier sur Montpellier – préfèrent utiliser des scooters, et remisent leurs vélos. Face à ce phénomène, il annonce, martial : « Il faut que les plateformes assument. Mais pour les responsabiliser, il faut les titiller. C’est l’objectif de ces opérations, que nous renouvellerons régulièrement ».
On rit. Oui on rit très fort. Mais on rit jaune, très très jaune, devant tant d’ignorance et de mépris d’un élu qui se dit de gauche. Sait-il ce qu’est la puissance d’une plateforme, dont le principe même est de nier tout lien de subordination avec les livreurs, de se déresponsabiler de la moindre obligation sociale à leur égard ? Où a-t-on vu qu’un livreur sanctionné a le moindre moyen d’exercer le moindre recours, d’alerter quiconque, au sein de ces systèmes exploiteurs gravitant dans la galaxie des Gafam ?
D’ailleurs, le même Sébastien Cote indique qu’ « un dialogue a été noué depuis quelques mois ». On en mesure aujourd’hui l’efficacité ! Obtenir quelque chose des plateformes demande des mois d’approche au pouvoir socialiste montpelliérain. Verbaliser un jeune précaire ne prend que cinq minutes. Le calcul est vite fait.
Mais au fait, puisqu’un peu de remise en ordre ne ferait pas tant de mal en matière de circulation, posons cette question : la police municipale de Michaël Delafosse a-t-elle à son agenda la verbalisation des parents des élèves des écoles privées catholiques (séparatistes, au moins socialement parlant), qui, chaque jour que Dieu fait, mettent une pagaille pas possible sur nombre d’axes de la ville, lorsqu’ils se garent en double et triple file en patientant devant les établissements pour récupérer leur progéniture ?
Mais bon, deux profils, deux mesures.
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