58e jour de grève pour les salariés d’Onet : “Ils se foutent de nos conditions de travail”

Elian Barascud Publié le 7 novembre 2023 à 16:21 (mis à jour le 1 décembre 2023 à 11:28)
Les salariés d'Onet et d'autres représentants syndicaux de la CGT étaient réunis en conférence de presse ce mardi 7 novembre. ("Le Poing")

Devant l’absence de réponse de la société chargée du nettoyage du CHU de Montpellier, les salariés en grève depuis presque deux mois ont organisé, mardi 7 novembre, une conférence de presse avec l’Union locale CGT et un représentant de la Fédération Nationale des Ports et Docks CGT pour faire un point de situation global sur les conditions de travail des agents de nettoyage en France

Le local syndical de la CGT du CHU de Montpellier était plein à craquer, ce mardi 7 novembre. Jamil Aitidir, secrétaire national de la Fédération des ports et docks CGT est venu apporter son soutien aux grévistes d’Onet, en lutte depuis presque deux mois pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, ainsi que pour apporter un éclairage national sur les pratiques des entreprises du secteur du nettoyage. “Cela fait quatre mois que la CGT ne siège plus aux négociation au niveau national”,expliquait-il.

“Le 8 septembre , une conférence du progrès, en présence du ministre du travail, était censée pointer du doigt la situation de précarité des agents du secteur de la propreté et ouvrir des chantiers, avec une charte portant sur des questions sociales, économiques, et des prestations de qualité en terme de nettoyage. Mais les entreprises de nettoyage font de l’argent sur les marchés publics, (25 % de leur marché), ce qui se traduit par de la précarité, des conditions de travail dégradées avec des temps partiels subis, beaucoup de CDD et peu de CDI. Le salarié devient une variable d’ajustement entre chaque marché pour tirer les prix vers le bas, et en tant que syndicat, on se retrouve à demander dans nos revendications le simple respect de notre convention collective.Nous, on demande des prix planchers dans les appels d’offres, cela crée des bonnes conditions pour négocier les salaires.”

La CGT entend se mobiliser nationalement en appelant à un rassemblement devant la fédération des entreprises de propreté à Villejuif en décembre prochain. “Ce secteur emploie 450 000 personnes !”, a souligné Jamil Aitidir.

“Onet ne pense qu’à la rentabilité”

C’est ensuite Khadija Bouloudn, déléguée syndicale CGT-Onet du CHU, qui a pris la parole : “Malgré les arrêts maladies, les postes non remplacés après des départs à la retraites, Onet nous a rajouté du travail !” Les cadences impossible à tenir pour les salariés, provoquant des risques sanitaires par manque de temps pour réaliser correctement la prestation, se doublent désormais d’un logiciel de traçage, combattu par les grévistes depuis le début du mouvement. “On doit indiquer sur nos téléphone à chaque fois qu’on passe dans une pièce. Mais évidemment, on a pas été formés à l’utilisation du logiciel, et on a pas le temps”, décrivait Khadija.

“Onet ne nous donne pas les moyens de faire nos prestations correctement. Ils s’en foutent de nos conditions de travail, ils ne pensent qu’à la rentabilité. Les précédentes négociations ont échoué, et depuis, rien. Il nous ont proposé ce qu’ils appellent une prime de rattrapage, on n’a même pas demandé le montant et on a refusé. Si il n’y a pas de solution, Onet, prenez vos valises et cassez-vous ! Le CHU, par son absence de réaction, est complice.”, s’est exclamé la déléguée syndicale.

Xavier Leroux, qui travaille également pour Onet, mais au sein de la SNCF, décrivait les mêmes conditions de travail : des cadences infernales qui empêchent de remplir un cahier des charges très élevé, ce qui crée des contrôles non conformes et des pénalités. “Onet préfère payer que d’améliorer nos conditions de travail.”

“On a besoin de vrais soutiens”

“L’Union Locale de la CGT soutient pleinement cette lutte”, commentait de son côté Myriam Rivoire, à la tête de l’Union Locale CGT 34 depuis juin 2023, qui précisait que des syndicats soutenaient financièrement cette lutte. “Il y a un parallèle à faire avec la réforme des retraites : les salariés ont des conditions de travail dégradées, et en plus ont leur demande deux bosser deux années supplémentaires !”

Le syndicat a annoncé qu’il allait demander à ONET de rouvrir des négociations. D’ici là, la parlementaire Insoumise Rachel Kéké, ex-porte parole de la grève des employés de l’Hôtel Ibis de Batignolles, viendra àa la rencontre des grévistes ce jeudi 9 novembre à midi. De plus, un entretien avec le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, est prévu mi-novembre, et un rassemblement devant la préfecture est en cours de préparation.

Mais après deux mois de grève, le manque d’argent dans les poches des salariés commence à se faire sentir, même si ils se disent toujours aussi déterminés à continuer la lutte. Abdel, un des salariés d’Onet, l’évoquait à la fin de la conférence de presse : “Il y a eu des soirées de soutien, un comité avec une caisse de grève, mais 10 000 euros à 40 grévistes pour deux mois de grève ce n’est rien. On a besoin de vrais soutiens.” Un appel du pied, peut-être, à l’Union Locale et à la Fédération syndicale du secteur…

E. B.

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