Montpellier : manif de kurdes contre l’offensive de l’armée turque sur le Bashur et le Rojava

Le Poing Publié le 11 juin 2022 à 22:35 (mis à jour le 11 juin 2022 à 23:04)

La diaspora kurde du monde entier était appelée à manifester ce samedi 11 juin, pour protester contre l’offensive turque menée contre les forces progressistes et les territoires kurdes en Irak et en Syrie, ainsi que pour dénoncer la passivité, voire la complicité de la communauté internationale. Sur Montpellier, une cinquantaine de kurdes ont manifesté en début de soirée, avec le soutien de quelques militants politiques.


Depuis le 14 avril 2022, le gouvernement turc mène une opération militaire dans plusieurs régions du Bashûr (Kurdistan d’Irak). Objectif : frapper les forces du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), une organisation de résistance au régime turc qui promeut une auto-détermination du peuple kurde, et un projet de société profondément démocratique, féministe, anticapitaliste et écologique, le confédéralisme démocratique.
Dans le même temps, le régime d’Erdogan poursuit au mépris du droit international son offensive sur le Rojava (Kurdistan de Syrie), visant encore et toujours la ville de Kobané, pourtant élevée quelques années plus tôt au rang de symbole d’une lutte héroïque contre les forces ultra-réactionnaires de l’Etat Islamique par la communauté internationale.
Il faut dire que le Rojava, le Kurdistan syrien, est le théâtre depuis le 17 mars 2016 d’une novatrice expérience de transformation sociale, appelée fédéralisme démocratique, initiée par le PYD ( Parit de l’Union Démocratique, très proche du PKK). Celle-ci allie auto-détermination du peuple kurde, cohabitation avec les autres communautés ethniques et religieuses de la région, exploration profonde d’une voie vers la démocratie directe, émancipation poussée des femmes envers les carcans patriarcaux, refondation totale d’institutions traditionellement à la botte des pouvoirs comme la police et la justice, et élaboration d’une économie coopérative tentant de dépasser le capitalisme et de répondre à l’urgence écologique.
Ce mouvement de transformation sociale par la base, un des plus stables et des plus larges que l’histoire ait connue avec l’expérience zapatiste au Mexique, suscite depuis des années une forte sympathie dans les rangs de la gauche révolutionnaire du monde entier, mais aussi dans ceux d’une gauche réformiste en recherche de renouvellement.
Pour toutes ces raisons, ce samedi 11 juin la diaspora kurde du monde entier était appelée à descendre dans les rues pour manifester son opposition aux offensives militaires turques contre le peuple kurde et la révolution démocratique, et pour dénoncer la passivité et la complicité de la communauté internationale.
Sur Montpellier, une cinquantaine de kurdes ont répondu à l’appel, pour un défilé entre les jardins du Peyrou et la place de la Comédie, accompagnés de quelques militants politiques du Parti Communiste Français, de l’Union Communiste Libertaire (UCL), et des membres du Collectif de soutien au peuple kurde de Montpellier.
Auront été mises en avant l’hypocrisie d’une communauté internationale des gouvernements qui n’a pas cessé de vanter la résistance des kurdes du Rojava face à l’Etat Islamique, fortement appuyée par leurs homologues côté turc, pour aujourd’hui laisser les mains libre au régime turc d’Erdogan dans son agression militaire, au nom d’intérêts géopolitiques et d’une hostilité certaine envers l’émanciaption des peuples. Alors même que les groupes djihadistes sévissent encore dans la région, et que beaucoup de kurdes craignent que l’instabilité provoquée par les offensives kurdes ne favorise un retour en grâce de l’Etat Islamique.
Le PKK est aujourd’hui encore listé comme une organisation terroriste par l’Union Européenne et les Etats-Unis. Les membres de la communauté kurde française, rassemblés au sein du Centre Démocratique Kurde (CDK), demandent donc le retrait du PKK de ces listes, et la libération immédiate de son leader Abdullah Ocalan, emprisonné par la Turquie depuis 1999. Mentionnons aussi l’usage par l’armée turque d’armes chimiques contre les populations civiles.
Alors que de très nombreux peuples de par le monde se sont illustrés ces dernières années par des soulèvements qui existent toujours par leurs particularités, mais ont pour point commun de se chercher une porte de sortie face aux ravages d’un capitalisme de plus en plus destructeur, les expériences révolutionnaires menées au Kurdistan, et plus particulièrement au Rojava, apparaissent comme une source d’inspiration non négligeable.
Il y tout juste une semaine, vingt-neuf internationalistes provenant d’Allemagne, d’Amérique, d’Angleterre, d’Italie, d’Espagne, de France, de Russie et d’Australie et regroupés dans les International Working Brigades ont atteris en Irak et doivent rejoindre le Rojava pour travailler dans les coopératives agricoles de la région. Pour cela, il leur faudra réussir à forcer l’embargo du Rojava orchestré par Erdogan.
Un deuxième groupe s’organise actuellement pour partir du 13 juillet au 6 août. Pour rejoindre les International Working Brigades, contact par mail à : rojavavolunteers@riseup.net

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