Révolution et guerre d’Espagne exposées au café du Dôme à Montpellier
Une belle collection de reproductions d’affiches d’époque ranime le souvenir des années 36-39, porteuses de ruptures sociales et de tragédie, outre-Pyrénées
Carrefour Sain-Denis, tout au bout du cours Gambetta, le café du Dôme fait partie des grands et vieux établissements montpelliérains. Parmi lesquels, il est des rares à avoir conservé un esprit de ville, accueillant aux réunions militantes, aux échanges et aux concerts. On ne s’y sent pas dans un tiroir-caisse à touristes, un assomoir à Erasmus, ni au zinc des saillies lepénistes. Sans s’y prendre pour une galerie d’art, on y renouvelle constamment ce qui peut s’accrocher aux murs.
La révolution et la guerre civile espagnoles y ont pris place pour tout ce mois de février. Cela à travers une collection de reproductions d’affiches de la période 1936-1939. Dans le graphisme de l’époque, il s’agit d’appeler à la lutte syndicale, à la résistance sur le front, à l’organisation des populations. L’une de ces affiches est particulièrement émouvante dans le contexte actuel : c’est celle des Olympiades des peuples, en juillet 36 à Barcelone.
Le futur dictateur Franco vient de commettre son putsch et la guerre civile débute. Ce même été, les plus honteux des Jeux Olympiques vont se dérouler à Berlin, fantastique opération de propagande laissée aux mains du régime nazi. En réponse, la capitale catalane, républicaine, a organisé des contre-Jeux, des Olympiades des peuples. Malgré le contexte guerrier, de nombreuses délégations étrangères s’obstinent à y participer, sauvant l’honneur du mouvement sportif.
Cette collection, d’une très bonne qualité de reproduction, est conservée à Montpellier, par le Centre Ascaso Durrutti. Tout au long de l’année, celui-ci entretient la recherche et la réflexion au jour des expériences et engagements libertaires. Pour ce faire, il s’appuye sur une imposante bibliothèque, dont l’essentiel a été légué par un réfugié de la Guerre d’Espagne.
Dans ce contexte, la série d’affiches détonne quelque peu. En effet, on perçoit bien que la sélection a été opérée par des sympathisants du Parti communiste espagnol et ses satellites syndicaux, qui usèrent d’une main de fer stalinienne pour combattre le mouvement anarchiste, alors très puissant dans la classe ouvrière, multipliant les collectivisations d’inspiration libertaire.
Ce bémol n’empêche pas de s’imprégner de toute cette mémoire, le temps de prendre un verre, ou déguster une assiette, autrement qu’en étant traqué par des messages publicitaires.
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