Montpellier : Le monde médical rassemblé dans la rue pour dire “non” à la loi Garot

Ce 29 avril, étudiants, internes et médecins étaient rassemblés pour montrer leur mécontentement face à la proposition de loi transpartisane Garot. Près d’un millier de manifestants ont déambulé dans les rues, une mobilisation intergénérationnelle pour dénoncer “l’atteinte à la liberté d’installation des médecins“
Le slogan “Non, non, non à la coercition”, résonnait dans les rues de Montpellier ce mardi 29 avril. A 14h, sur le parvis de la Faculté de Médecine, une foule de près d’un millier de blouses blanches s’est rassemblée pour contester la proposition de loi transpartisane Garot. En débat dans l’hémicycle depuis quelques semaines, cette loi a pour but de lutter contre les déserts médicaux. Elle prévoit notamment que dans les zones les plus denses en médecin, les praticiens devront attendre un départ à la retraite d’un confrère pour pouvoir s’installer. L’article de la proposition de loi Garot imposant cette régulation a été voté par 155 voix contre 85 à l’Assemblée nationale, le 3 avril, mais l’examen du texte n’est pas terminé et reprendra la semaine prochaine.
Les jeunes de la profession dénoncent cette atteinte à la liberté d’installation des médecins : “On fait des études difficiles pendant plusieurs années. Qu’est-ce qu’on fait de notre vie de famille, de notre conjoint ?” , raconte Alex, interne en chirurgie viscérale. Sa collègue Anaïs, dans ce même cursus, ajoute : “On veut nous obliger à s’installer dans un endroit où on n’a pas forcément envie d’aller, c’est pour ça principalement qu’on fait grève.” Les profs de notre lectorat, affecté par l’État après leur concours, apprécieront…
“Un problème de pénurie avant tout”
Pour Quentin, interne en médecine ORL c’est le problème de “pénurie de médecins” qui est central. Pour lui cette loi “n’arrangera rien“. Un constat partagé par des aînés de la profession, comme Coralie Josuan membre d’un syndicat de médecins libéraux : “Il y a une pénurie de médecins, c’est évident”. En cause, notamment, le Numerus clausus, critiqué par une partie de la profession, qui ne permet pas de former des médecins en nombre suffisant. Coralie Josuan va plus loin en soulignant aussi la précarisation du métier et des démarches administratives beaucoup trop lourdes : “On soigne de moins en moins avec toutes les démarches administratives. Je n’arrive même pas à me payer une secrétaire médicale.” On verserait presque une larme…
Vanessa Poggi, médecin généraliste sur Juvignac, dénonce quant à elle le problème de méthode de cette proposition de loi : “On a été consulté à plusieurs reprises, j’ai même été auditionnée par le Sénat. Mais on ne nous écoute pas ! Pourtant, on est fort de propositions.”
Cette dernière craint que la jeunesse ne trouve plus la profession attractive : “Il faut nous donner les moyens d’avoir des secrétaires, des cabinets. Ça peut passer aussi par de la défiscalisation. Il faut inciter mais arrêter la coercition.” Des restrictions qui sont susceptibles d’amener les jeunes médecins à d’autres choix de carrière selon elle : “Les jeunes iront faire de la médecine esthétique, iront à l’étranger ou encore travailler dans les centres de soins non-programmés”. Elle complète : “Nous sommes pour une médecine familiale et de prévention afin de mieux suivre nos patients, après tout c’est pour eux qu’on fait ça !”
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