La Jeune Garde, le collectif Urgence Palestine, bientôt dissous ?

Pascal Praudpotkine Publié le 30 avril 2025 à 17:16
La section Montpelliéraine de la Jeune Garde était présente le 15 juin dernier lors d'une grande manifestation contre l'extrême-droite dans les rues du Clapas. (Crédit Photo : Mathieu Le Coz / Hans Lucas)


Bruyamment réclamée par l’extrême droite, des cadres du RN aux identitaires de Nemesis, la dissolution de la Jeune Garde, organisation de jeunesse antiraciste, est désormais sur la table. Bruno Retailleau répond ainsi favorablement aux lubies répressives des nationalistes. Pour faire bonne mesure, le collectif Urgence Palestine est également visé et, pour donner une image d’équité, le ministre envisage également de dissoudre les néofascistes de Lyon populaire. Un signe des temps

Pas de grosse surprise : les mobilisations antifascistes ou pro-palestiniennes sont dans la tourmente. Avec une multiplication des dissolutions de groupes ces dernières années, des Soulèvements de la Terre au collectif Palestine Vaincra, en passant par le Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), sans oublier le média de nos camarades de Nantes Révoltée, devenu depuis Contre-Attaque. Si les premières ont été annulées par le Conseil d’État, la vague répressive est sans précédent depuis les années 60-70. La fenêtre démocratique pour protester en France est de plus en plus restreinte. Et les cibles du pouvoir sont inquiétantes : alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, qu’un génocide est en cours en Palestine et que le capitalisme ravage la planète, les organisations qui s’opposent à ces drames sont les premières visées.

La procédure de dissolution de la Jeune Garde n’est ainsi qu’un pas supplémentaire (et malheureusement attendu) dans cette direction. Avec une nouveauté, puisque la Jeune Garde a toujours maintenu un cadre légal, travaillant avec des syndicats et partis de gauche, intervenant à visage découvert dans les médias et ayant désormais un député à l’Assemblée en la personne de Raphaël Arnault, élu sous les couleurs de la France insoumise. Une preuve de plus que des gages de respectabilité ne suffisent plus à éviter la répression.

Et que les campagnes demandant l’interdiction de tel ou tel groupe sont des armes à double tranchant. La dissolution hier de Génération Identitaire, aujourd’hui de Lyon Populaire, sont des décisions prises par un pouvoir duquel il serait bien naïf d’espérer la moindre bienveillance, surtout lorsqu’on le combat directement. Le gouvernement et la classe qu’ils représentent savent reconnaître leurs adversaires et se montrer impitoyables. Si les néofascistes de Lyon populaire, actifs dans la recomposition nationale d’une mouvance nationaliste-révolutionnaire, sont aujourd’hui visés, ce n’est pas le cas des nombreuses structures qui végètent dans les marges du RN et qui semblent désormais avoir leurs entrées jusqu’aux ministères.

Dans les prochains jours, les prochaines semaines, il nous faudra serrer les rangs au-delà des divergences de chapelles ou de stratégies : contrairement aux droitards qui lâchent en rase campagne leurs militants, nous sommes solidaires face à l’adversité. Nous n’avons aucune innocence à revendiquer dans un combat politique où tous les coups sont permis. Le combat pour les libertés publiques doit par contre être mené frontalement : une attaque contre l’un d’entre nous, c’est une attaque contre nous tous.

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