Montpellier : après le meurtre d’Aboubakar Cissé, 500 personnes dans la rue contre l’islamophobie

Elian Barascud Publié le 11 mai 2025 à 19:29 (mis à jour le 11 mai 2025 à 19:30)
Environ 500 personnes ont manifesté contre l'islamophobie à Montpellier le 11 mai. ("Le Poing")

Ce dimanche 11 mai, environ 500 personnes se sont réunies à Montpellier dans le cadre d’une journée de mobilisation nationale contre l’islamophobie. De nombreuses interventions ont dénoncé le climat nauséabond de stigmatisation des musulmans entretenu par la classe politique et médiatique

Le vendredi 25 avril, dans la commune de La Grand-Combe, dans le Gard, Aboubakar Cissé, jeune fidèle musulman, a reçu 57 coups de couteau alors qu’il était dans la mosquée de la commune. Un crime islamophobe, qualificatif qu’une grande partie de la sphère politique et médiatique passera sous silence.

“Qui a nourrit la haine, la peur, de celui qui a commis cet acte terroriste ?”, s’interroge de son côté Djoufelkit, du collectif des musulmans de Montpellier, lors de la marche contre l’islamophobie ce dimanche 11 mai. “L’islamophobie a une voix, un visage. Tous les jours, on entend dans les journaux des mots comme Islam, menace, submersion, civilisation. Ces mots deviennent des lois qui ciblent une partie de la population : loi immigration, loi contre les séparatismes… Ici, la parole a préparé l’acte. Combien d’Aboubakar faudra-t-il avant qu’on dise stop à l’islamophobie ?”, se demande-t-il, avant d’ajouter, “On est dans un pays qui dissout des associations anti-racistes au lieu de lutter contre le racisme”, en faisant référence aux potentielles dissolutions du collectif antifasciste la Jeune Garde où d’Urgence Palestine, qui dénonce le génocide en cours.

“C’est un meurtre collectif au sens politique du terme, même si cela n’enlève pas la gravité de l’acte de l’auteur”, embraye Alban Desoutter, représentant local de l’association la Libre Pensée, énumérant les “responsables” du climat ambiant : “Manuel Valls, quand il était encore ministre de François Hollande, avait créé des polémiques en voulant interdire le voile à la fac en 2016, puis Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation Nationale sous Macron, parlait d’islamo-gauchisme à l’université, reprenant le vieux poncif complotiste sur le judéo-bolchévisme en l’adaptant au contexte. On a ensuite eu la loi contre les séparatismes, les chartes de la laïcité, comme celle de Michaël Delafosse, maire de Montpellier, qui stigmatise les associations musulmanes. Il ne faut pas opposer l’extrême-droite aux autres, compter sur la gauche comme Michaël Delafosse pour lutter contre l’islamophobie, c’est comme essayer d’éteindre un incendie avec un bidon d’essence”, martèle-t-il.

La manifestation a profité d’une éclaircie pour faire le tour du centre-ville avant de se dissoudre sous la pluie. Le 15 mai prochain en début de soirée, sur la Place de la Préfecture, un hommage à la Nakba sera rendu et les morts des palestiniens tués lors du génocide en cours seront lus, en partenariat avec une quarantaine de villes en Europe qui réaliseront l’action au même moment. Le 17 mai, une grande manifestation de soutien à la Palestine s’élancera de la Paillade jusqu’à la Place de la Comédie.

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